Pour la première fois, le MoMA consacre une exposition à un artiste ivoirien. C'est pour moi aussi une découverte totale !
Baptisée World Unbound, l'exposition couvre l'immense production de l'artiste Frédéric Bruly Bouabré des années 1970 jusqu'à sa mort en 2014.
Frédéric Bruly Bouabré |
Frédéric Bruly Bouabré vivait à Abidjan, la capitale de la Côte d'Ivoire et il récupérait inlassablement des emballages en carton de produits capillaires. L'unicité de ce support, utilisé presque toujours de la même façon, me semble créer une règle de base dans lequel s'épanouit sa créativité.
Ce me rappelle immédiatement les travaux sur papier de Paul Klee, eux aussi astreints à une norme spécifique.
L'oeuvre présenté est immense, et couvre les murs de plusieurs salles !
En 1990, il s'attelle à une tache nouvelle : doter sa langue d'un alphabet ! Il lui faut environ quatre cent cinquante dessins pour en venir à bout.
La palette, très étroite, est limitée à des couleurs franches, avec, me semble-t-il, une dominante de jaune.
Les dessins sont souvent placés sur un fond uni, et alternent description (le plus souvent) et narration.
On voit une tentative de décrire, de représenter son monde.
La mythologie Bété est transmise à travers dix-neuf dessins (conservés au Centre Pompidou), tracés au crayon et au stylo à bille.
On trouve aussi des élémentss plus satiriques.
On voit que les petits cartons deviennent peu à peu un moyen d'exprimer la pensée et pas seulement de dépeindre le monde.
La vision de Brouaré s'est élargie depuis le peuple Bété, il parle à présent de l'humanité, de politique dans son acception la plus large, mais aussi dans la plus courante. Une de ses dernières séries, "La démocratie c'est la science de l'égalité", est réalisée pendant une importante crise politique dans son pays, et l'amène à réfléchir aux formes de gouvernement.
Il réfléchit à la place des femmes dans la société. Ces dessins proviennent de la collection de la couturière agnès b.
Une des séries les plus surprenantes concerne les "signes relevés sur des oranges". Il s'agit d'une observation minutieuse de centaines de fruits, à ma connaissance sans équivalent dans l'histoire de l'art.
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