Voilà longtemps que je n'avais pas visité la grande cathédrale de New York. Il était temps d'y revenir !
Saint Patrick, le saint patron de l'Irlande, est arrivé à New York avec les immigrants de ce pays. La communauté irlandaise est toujours importante et la parade de la St Patrick un grand événement, attendu et suivi.
Il existait une première cathédrale Saint Patrick sur Mulberry Street, mais elle était, comme toujours, devenue trop petite compte tenu de l'agrandissement de Manhattan.
Le choix du nouveau site, sur la 5th Avenue, fut âprement discuté. Les paroissiens se plaignaient d'une cathédrale trop éloignée du centre. De l'autre côté, on argumentait que l'expansion de la ville repousserait le centre et que la cathédrale s'y trouverait alors. Hypothèse qui s'est vérifiée. Mais un terrain avait été acquis par les Jésuites et revendu à l'abbé français Augustin Lestrange pour y construire un orphelinat. Les Trappistes, ordre auquel appartenait l'abbé, retournèrent en France à la chute de Napoléon Ier, cependant l'orphelinat fut maintenu par la ville.
En 1858, on choisit comme architecte James Renwick, spécialiste des grandes constructions en Gothic Revival, le néogothique américain. Il avait construit peu avant l'élégante Grace Church, avec grand succès. Il est également l'auteur de l'étonnant "castle" de Washington.
Le chantier dut s'arrêter à cause de la guerre de Sécession.
New York : la Cathédrale Saint Patrick en 1894 |
Lorsqu'elle fut achevée, en 1878 (elle sera inaugurée l'année suivante), c'était le plus haut bâtiment de New York. Elle pouvait accueillir 3000 personnes et ses flèches de 100 m de haut dominaient largement la ville. Ce qui n'est plus du tout le cas, mais elle demeure la plus vaste cathédrale des Etats-Unis.
On y ajouterait quelques éléments, dont les tours de la façade, en 1888.
Le rappel de la cathédrale gothique fonctionne parfaitement lorsqu'on pénètre dans la nef. Elevation, triforium, vitraux (3700 réalisés notamment dans les ateliers de Chartres), légèreté apparente des piliers, tout rappelle ses ancêtres.
Les chapiteaux ont pour rôle essentiel de marquer la séparation entre colonnettes et voussures des arcs, mais ils assurent aussi une fonction visuelle en offrant un point élevé qui attire l’œil vers le haut.
Les chapelles sont garnies d'autels surmontés de groupes sculptés, néogothiques également, plus ou moins réussis. On y retrouve pourtant des noms célèbres comme Tiffany pour ceux de Saint Patrick et Saint Michel / Saint Louis. J'ignore si Paolo Medici, l’auteur de l'autel de Sainte Elisabeth, a un rapport avec la fameuse famille florentine.
La mise en valeur lumineuse améliore largement la qualité de la sculpture ! J'ignore si Paolo Medici, l’auteur de cet autel de Sainte Elisabeth, a un rapport avec la fameuse famille florentine.
Je présume que la variété des saints (la Hongroise Sainte Elisabeth, la Péruvienne Sainte Rose) illustre le cosmopolitisme de New York.
Je trouve cette chaire bien inhabituelle, avec cette forme multilobée qui alterne de faux damas et des statues dans des niches.
New York, Cathédrale Saint Patrick : chœur avec le baldaquin |
Lorsqu'on rénova l'édifice en 1940, l'archevêque Francis Spellman fit ajouter cet imposant baldaquin de bronze.
La Pietà de larges dimensions fut sculptée en 1905 par William O. Partridge, un artiste américain né à Paris. Il en partit très jeune mais fut formé en Italie, et rapidement à Paris chez Antonin Mercié à qui on doit une - paraît-il - fameuse statue de Pocahontas.
Elle bénéficie du grain du marbre de Carrare et on lit un peu partout qu'elle serait une version agrandie de celle de Michel-Ange à Rome. J'aimerais bien savoir le fin mot de cette histoire !
Rome, Saint Pierre : Michel-Ange, Pietà |
Il n'y a évidemment rien de commun entre les deux œuvres, à commencer par la position du Christ qui ici se trouve à terre. La tête de la Vierge est tout aussi différente.
La très jolie chapelle de la Vierge, à l'arrière, ne faisait pas partie du plan initial. Elle fut ajoutée au début du XXe siècle par Charles T. Matthews. Ses vitraux convaincants ajoutent beaucoup au charme du lieu !
Voilà un des autels les plus réussis avec sa flèche ; c'est celui de Saint Michel et Saint Louis qui entourent la croix, une des réalisations de Tiffany.
Cet autel-là est une surprise car il est dédié à un saint français pas si fréquent, Saint Jean-Baptiste de la Salle (devenu St. John Baptist, évidemment), un Rouennais qui s'intéressa largement à l'éducation des enfants pauvres. C'est le premier à s'être intéressé à la formation des enseignants et à avoir formulé des notions de pédagogie.
Je suis vraiment impressionné par la taille de ces grandes orgues ; elles furent exécutées à Saint Louis par la firme George Kilgen & Son, dont le nom résonne moins chez nous que Cavaillé-Coll. Pourtant, les Kilgen étaient d'origine française, une famille de huguenots réfugiés d'abord à Berlin, qui partit aux Etats-Unis dès 1840. A New York d'abord, puis à Saint Louis, donc, en 1873. Elle équipa de petites églises, puis des cathédrales (à San Antonio ou à Detroit) et même des théâtres. Oui, oui ! C'était une époque où beaucoup de salles de théâtre possédaient leurs orgues, et les Kilgen en installèrent environ deux cents ! C'étaient des instruments destinés à imiter un orchestre avec des sonorités bien individualisées, et dont les tuyaux étaient dissimulés à la différence de ces orgues-ci. Les cinémas en possédaient aussi au temps du muet.
La firme ferma ses portes en 1960.
A l'arrière, une bien séduisante rosace apporte une touche d'outremer.
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