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lundi 30 août 2021

Rhodes: Promenade dans la ville médiévale

 

Une journée réduite mais embellie par la splendeur de cette ville médiévale.

La journée a mal débuté : le repas d'hier soir ne m'a pas du tout réussi. Fièvre nocturne, mal au ventre, matinée passée à vomir, bref je suis en petite forme. Je cherche du jus de banane, ou d'abricot, ou de pêche. Les trois réussissent en général à passer et ont un effet souverain.

Je finis par en trouver au Starbucks du coin (je n'en reviens pas), je puise Paracétamol et Vogalène dans ma pharmacie de voyage, bien entamée ce coup-ci, et je pars à petite vitesse.

Ce désagrément imprévu me contraint à revoir mon programme. Je vais supprimer l'excursion à Lindos, envisagée pour demain, et me concentrer sur la ville médiévale, ses quartiers et ses musées. Ce sera déjà ça.

Cet après-midi je tente la principale merveille de l'île, le Palais des Grands Maîtres.


Les restes d'une église aux hautes ogives gothiques donnent le ton.



Touche de couleur locale avec des moulins toujours empêchés de faire leur travail.


La décoration semble utiliser des motifs de corde tressée, élément assez logique dans une île qui dépend de la navigation. Je retrouverai ces éléments avec de nombreuses variantes dans les bâtiments médiévaux de la forteresse. Ici, il s'agit cependant d'une construction moderne, en néo-médiéval, qui abrite une pinacothèque.


Les fortifications byzantines existantes furent développées par les chevaliers au cours des deux siècles où ils occupèrent Rhodes, avec l'apport majeur de Pierre d'Aubusson, un Creusois devenu le quarantième grand maître de l'ordre.

L'apparition de nouvelles armes et les progrès de l'architecture militaire amenèrent la création d'un système complexe, avec canonnières encastrées qui permettaient des tirs croisés.

Quatre kilomètres de remparts en tout, onze portes, des chicanes, de vastes fossés qui s'étendaient devant les courtines crénelées : une fortification à la pointe du progrès.

Certaines portes, comme celle d'Amboise de 1512, étaient protégées par des tours massives. L'étroitesse, la passerelle élevée, l'élégance de l'écusson (un ange présentant le blason de l'ordre) la rendent particulièrement impressionnante.




Avant 1453, on construisait des tours hautes qui suffisaient à contrer la machinerie de guerre ennemie, tours d'assaut et catapultes. Le crénelage et les mâchicoulis permettaient de se défendre en tirant des flèches et en jetant de la poix sur les agresseurs. La tour détachée présentait un avantage ; sa prise ne donnait pas accès à toute la fortification.

A partir de 1453, les Ottomans se dotèrent de canons pour percer les murailles de Constantinople. Le mur de deux mètres de profondeur n'offraient pas une résistance suffisante ; par ailleurs, les chevaliers s'équipèrent également de canons, et les tours élevées posaient problème, n'offrant pas de recul suffisant. On les rabaissa donc, mais en les appuyant sur la muraille. Finie la tour indépendante.

Les progrès dans la technologie du canon ne cessaient pas et, après le second siège, il devint nécessaire d'augmenter l'épaisseur des murs pour résister aux tirs, les boulets pesant jusqu'à un quart de tonne. On construisit un second mur et on remplit l'espace entre les deux avec des matériaux éboulés. Le séisme de 1481 en avait mis à disposition pour des décennies.

Avec cette technique, on parvint à une moyenne de 5,30 m, mais à certains endroits on atteint douze mètres de profondeur !

L'entrée dans la cité est un émerveillement. Après le remarquable appareil défensif, je découvre la splendeur d'une ville médiévale, certes diversifiée par l'histoire, mais d'une remarquable unité. Rhodes est d'ailleurs le plus grand ensemble médiévale habité sans discontinuité depuis sa création.


Le minaret des Ottomans côtoie les bâtiments chrétiens. Il existe également une synagogue restant sur les six jadis édifiées.

C'est avec grand plaisir que je visite ce Palais des Grands Maîtres avec ses salles frappantes et sa magnifique collection de mosaïques antiques.

Le Musée expose une riche série de pièces antiques.

La porte des canons donnait accès au chemin de ronde.

Peu d'ouvertures pour protéger au maximum le bâtiment, et certaines sont particulièrement étroites.

Le blason croisé s'insère partout. On retrouve le motif de tressage dans l'encadrement.


Un aperçu de la cour de l'hôpital de Saint Jean, dont l'aspect actuel est dû aux transformations de Pierre d'Aubusson. Il abrite le Musée Archéologique, je garde la visite pour demain !

La place Hippocratous était autrefois le cœur animé de la ville marchande. La fontaine ottomane qui l'orne donne vraiment la sensation de se trouver en Turquie, à quelques kilomètres d'ici.


D'ailleurs, comme à Istanbul les marchands de tapis ne manquent pas !


C'est évidemment une zone éminemment touristique, où la quasi-totalité des magasins s'adresse à ces visiteurs nomades. Tous les commerçants sont multilingues, retrouvant la tradition d'une ville cosmopolite.


C'est que les Hospitaliers provenaient de différentes zones et étaient regroupés en sept unités en fonction de leur langue : Angleterre, France, Auvergne, Provence, Aragon, provinces allemandes et celles d'Italie. Chacune avait en charge un palais et une partie des fortifications.

Il ne fait pas de doute que l'ensemble a été fortement restauré, mais le résultat a acquis une certaine patine et on y croit sans se forcer. C'est saisissant.

Je suis toujours en petite forme et je rentre me reposer ! Mais je reviens demain, promis.


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