Le vase peint de l'Antiquité grecque est une sorte de perfection rarement atteinte de manière aussi durable, aussi variée, dans l'histoire de la céramique. Les salles du Musée Archéologique d'Athènes exposent une collection riche et réputée, avec quelques Tanagra (pas assez à mon goût) et quelques intrus qui se glissent ici sans difficulté. C'est parti pour un petit tour !
La poterie est un art qui, très tôt, révèle une grande maîtrise. Comme avec les arts graphiques, sa décoration va balancer entre symbolisme et réalisme.
Dans les œuvres les plus anciennes, les personnages, humains ou animaux, sont stylisés et complétés de formes géométriques. Je pense que les courants artistiques devaient circuler activement. C'est frappant de voir une récurrence de motifs au même moment dans toute l'Europe. Ici il s'agit en fait du convoi funèbre, le char est un corbillard.
Idem avec le répertoire zoologique, où prédominent chevaux, taureaux et lions. Animaux associés à la puissance, bien sûr. Cette "amphore" (nom donné sur le cartel) date du VIIe siècle.
Déjà apparaissent des monstres hybrides... Je trouve dans cette version de sphinx un humour que le peintre n'avait sans doute pas en tête !
Les centaures tiennent sans doute le pompon, suivis de près par Méduse et Minotaure. Ici, sur cette "amphore", on a droit à plusieurs : en haut, Héraklès-Hercule combat le centaure Nessos. En dessous, c'est Thésée qui se charge de l'horrible gorgone Méduse.
Avec les rosettes disséminées, on croirait une partie de foot ! Le cartel parle d'une série de
komastes, terme qui semblerait désigner des hommes plus âgés. J'en appelle aux brillants hellénistes...
La céramique ne se limite pas qu'aux vases. Le temple d'Apollon à Thermon était gratifié, comme beaucoup, d'une décoration en terre cuite moins coûteuse que celle en pierre taillée. Pour une fois, on a retrouvé un certain nombre d'éléments : des antéfixes (les éléments saillants autour du toit) avec des têtes de satyre et les métopes, les rectangles arrangés en frise qui court autour du temple.
Les plaques de Pitsa (non, pas Pizza) sont réellement exceptionnelles. D'abord parce que le bois, ça n'est pas toujours bien conservé, et c'est encore plus problématique avec le bois peint. Pour autant, il s'agissait d'une offrande courante et économique.
Ici, la fraîcheur des coloris est vraiment sidérante. Les surfaces peintes sont cernées d'un trait sombre, ce qui me rappelle beaucoup la bande dessinée.
Autre rareté pour moi. Je connaissais ces modèles réduits de bâtiments chez les Chinois ou les Égyptiens, mais je ne me rappelle pas en avoir vu dans les collections d'Antiquité grecque. Ces modèles de fontaines proviennent du sanctuaire d'Hephaistia à Lesbos.
Représentation de la guerre de Troie : au-dessus du cadavre de Patrocle, les guerriers continuent à se crêper le chignon. Une vraie bataille homérique. Une bonne représentation de la peinture à figures noires.
Un jeune homme se lave les mains pour se purifier. Déjà, à l'époque, on illustrait les gestes barrière !
On pourrait penser à une Amazone, mais cette femme à la jambe généreuse n'a pas d'arme et monte un âne ; c'est une ménade, prêtresse de Dionysos. Les mauvaises langues prêtaient à ses consœurs des mœurs légères...
Tendre accolade. Le motif est fréquemment utilisé dans les monuments funéraires, mais c'est vrai que ces céramiques ont souvent été retrouvées dans des tombes.
Et voilà donc le Minotaure ! C'est clairement le dernier épisode pour lui.
Dionysos a convié Héraklès-Hercule à un banquet. Ambiance chaleureuse.
Les lécythes renfermaient de l'huile parfumée pour le soin du corps. En comparaison avec d'autres vases, la surface était un peu plus plane et la hauteur s'avérait idéale pour la représentation du corps humain. J'ai l'impression que ce fut un des terrains de jeu favoris pour les peintres de céramique.
Je pense toujours à ces problèmes de cadre et à leurs implications artistiques. J'ai lu récemment un ouvrage sur le western où l'auteur évoquait le passage au cadre élargi dans les années 1950 (Cinemascope, Vistavision, Panavision...) pour contrer le succès de la télévision et les réactions négatives des réalisateurs ; selon eux, l'être humain allait se trouver perdu dans un cadre aussi large. Et effectivement, le héros de western va se trouver de plus en plus solitaire et coupé de ses semblables en cette période.
Je referme ma parenthèse.
Non, ce n'est pas une joueuse de tambour, mais Artemis qui se rend à un autel en brandissant des torches.
Le pelike se caractérise par une partie basse plus élargie. Ici, Zeus poursuit Ganymède de ses faveurs. Pour montrer la jeunesse du personnage, l'artiste l'a fait jouer au cerceau.
Voici une pyxide, une boîte donc, avec Poséidon et Amphitrite. Au centre, le barbu a un corps de créature marine. C'est un triton, sans doute, Nereus, le père de la jeune fille.
Scène de vendange : Dionysos surveille sa troupe chargée de paniers de grappes de raisin.
Cette aventure ne fait pas partie des célèbres douze travaux : Busiris a tenté de sacrifier Héraklès, comme il le fait avec tout étranger, pour implorer les dieux d'épargner la famine à son peuple. Mais le héros ne s'est pas laissé faire. Il a posé sa massue près de l'autel (ici un chapiteau de colonne) et a affronté Busiris à main nue, le tuant ainsi que ses prêtres.
Magnifique rhyton à tête ovine. En haut, encore une scène où un homme poursuit une jeune femme réticente.
Comme je le signalais, le format particulier du lécythe suscite une riche production artistique, et le fond blanc offre de nouvelles opportunités : finesse du trait, couleur plus variée, effets de structure parfois. Ici un jeune homme vient rendre hommage à un défunt sur sa tombe.
Hermès conduit une femme sur la barque de Charon pour passer le Styx et accéder au royaume des morts.
Une jeune fille apporte des offrandes sur une tombe (la stèle à l'arrière est toujours bien identifiable).
Reconstitution d'une tombe. On voit pourquoi ces céramiques sont si bien conservées.
Le mythe des Graeae, trois sœurs qui se partagent un œil et une dent. Persée leur vole cet œil unique pour combattre Méduse. Malgré ma recherche (merci Wikipedia), je dois avouer que j'ai bien du mal à lire cette scène-ci.
Apollon et les Muses.
Loutrophores (vases allongés, facile à reconnaître, souvent représentés sur les stèles) avec des scènes de mariage.
Belle série de lécythes.
Une belle sûreté de trait dans ce combat de Thésée avec le Minotaure. Effet surnaturel de l'apparition divine, comme un fantôme.
Sur ce pelike, les dieux de l'Olympe affrontent les géants : la célèbre Gigantomachie, souvent représentée dans les temples.
Après une victoire dans un concours de dithyrambes, on prépare le taureau au sacrifice. Pas d'information sur la figure ailée, serait-ce une Nikê ?
Une des créations originales de cet art : des vases plastiques, en forme de personnage, qui ont souvent conservé une palette variée.
Héraklès est initié aux mystères d'Eleusis par Demeter et Perséphone qui brandissent leurs torches.
On connaît un certain nombre d'exemplaires de ces poupées articulées. C'est toujours étonnant de voir combien, entre mille autres choses, le jouet a peu évolué.
Les poupées en question ont toujours été retrouvées dans des tombes de petites filles.
Enfant sur le chemin de l'école, tablette de cire à la main.
Scènes de jeux d'enfant, où la gaucherie est croquée avec tendresse.
Et quelle variété dans ces jeux ! Cet ensemble est la version antique du fameux tableau de Bruegel.
Comme à Pompei, c'est la cendre volcanique qui permit la conservation des fresques d'Akrotiri. C'est un témoignage assez rare, qui montre beaucoup de fraîcheur et de vitalité dans le traitement des sujets.
Au-dessus, le printemps et au-dessous, les enfants lutteurs et les antilopes.
Still amazing. I loved the little scholar and children playing. Never seen before.
RépondreSupprimerThanks so much for sharing those wonders.
Annie
Thanks for your kind message dear Annie!
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