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dimanche 15 novembre 2020

Vienne, Prunksaal : Manuscrits extraordinaires

 

 

La Bibliothèque Nationale autrichienne possède des trésors, dont quelques-uns sont présentés dans la Prunksaal. Voici une petite sélection.

 

Vienne, Prunksaal : Tabula Peutingeriana

 

Ce document rarissime, nommé à partir de son possesseur Konrad Peutinger, nous restitue l'unique carte routière de l'Antiquité dans la seule copie connue, exécutée en 1200. Onze morceaux de parchemin sont accolés pour représenter les principales voies à partir de Rome, jusqu'en Espagne à l'ouest et en Inde à l'est. Le fragment exposé ici va de Rome, une allégorie sous forme de roi sur son trône, jusqu'à Vindobona (Vienne), en haut à gauche.


Vienne, Prunksaal : Tabula Peutingeriana

 

Même sans être un expert en épigraphie, on lit facilement le nom de la Via Appia, à droite de la figure royale de Rome ; le port d'Ostie est dessiné tout en bas.


Vienne, Prunksaal : Evangéliaire byzantin

 

La Bible est sans conteste le document le plus recopié et c'est logique car les monastères fourmillaient de moines qui travaillaient inlassablement dans chaque scriptorium.

Cet évangéliaire, donc un ensemble de textes issus des Évangiles, provient de Byzance et date du XIIe siècle. Somptueusement orné d'or, il offre selon la tradition un portrait de chaque évangéliste en pleine page. Mais celui de Jean présente une particularité ; il se base sur une tradition apocryphe selon laquelle l'évangéliste aurait, sous l'inspiration divine, dicté son texte au scribe Procheros.


Vienne, Prunksaal : Livre d'heures, Avignon

 

Un livre d'heures est un recueil de textes destiné à la prière aux différentes heures du jour : matines, laudes, vêpres, etc. Huit heures en tout. Leur particularité est toujours le petit format, pour être emporté aisément avec soi, et la qualité de l'ornementation abondante. Il s'agit souvent d'une des plus hautes manifestations artistiques du Moyen-Age. On en verra un représenté à la fin de cet article.

Celui-ci, réalisé autour de l'an 1400, contient une trentaine de pages illustrant la Passion. Les pages sont décorées de luxueuses frises pleines de créativité. Ici un Saint Michel aux ailes bleutées plante vigoureusement sa lance dans le dragon, sur un excentrique fond doré.


Vienne, Prunksaal : Bible de Venceslas

 

Venceslas IV fut roi de Bohème au XVe siècle et il est toujours honoré à Prague, notamment sur la grande place dominée par sa statue. C'est à la fin du XIVe siècle que fut exécutée à son intention cette grande Bible en allemand, un des plus riches manuscrits médiévaux avec presque sept cents miniatures.


Vienne, Prunksaal : Bible de Venceslas

 

La fraîcheur des coloris est valorisée par les abondants fonds dorés, comme un rideau de théâtre, qui évoquent sans doute les tapisseries suspendues dans les demeures pour isoler les murs.


Vienne, Prunksaal : Bible de Venceslas

 

En bas de la page, l'initiale de Wenceslas (en allemand) s'épanouit dans des variations sophistiquées.


Vienne, Prunksaal : Le livre de prières noir


On ne connaît dans le monde que sept exemplaires de ces livres aux pages noircies pour faire ressortir l'or. La couche sombre était particulièrement fragile et s'abîmait facilement quand on tournait les pages. Cet exemplaire fut produit au XVe siècle à Bruges, spécialiste de cette technique. L'arrestation de Jésus dépeinte semble mêler deux courants : les frises et l'abondance d'or renvoient clairement au manuscrit mais les visages, peints avec beaucoup de soin (le modelé est superbe), évoquent les merveilleux retables flamands de cette époque.


Vienne, Prunksaal : Bible moralisée

 

Cette Bible moralisée fut peinte pour la cour française au tout début du XIIIe siècle et elle se caractérise par de grandes vignettes. Ici un Dieu Créateur mesure le monde circulaire de son compas. C'est une superbe qualité de peinture et l'artiste s'est réservé un petit jeu avec la frise en faisant sortir son personnage du cadre.


Vienne, Prunksaal : la Genèse de Vienne

 

Ce célèbre manuscrit fut écrit à Antioche ou en Syrie au VIe siècle, ce qui en fait une des plus anciennes Bibles illustrées existantes. Les scribes utilisèrent des encres argentée et dorée pour tracer les lettres sur le parchemin.

La page exposée présente l'histoire de Joseph ; en haut à gauche, on le voit fuir la femme de Putiphar qui tente de l'attirer dans son lit.

On dispose effectivement de très peu d'illustrations sur parchemin de cette époque et c'est intéressant de voir comment le décor y est représenté avec économie : le sol sert à la fois de base et de séparation entre les bandes, et une colonnade ou deux pins suffisent à situer la scène.


Vienne, Prunksaal : Evangéliaire de Troppau

 

L'auteur de l'évangéliaire, pour une fois, n'est pas anonyme ; c'est Johann von Troppau qui le conçut en 1368 pour le duc Albrecht III, en y insérant ses armoiries. Il s'agit donc du plus ancien document rattaché à la famille Habsburg, le livre à la base même de la bibliothèque.

 

Vienne, Prunksaal : Evangéliaire de Troppau

 

Les scènes de la vie de Saint Luc y sont racontées avec une palette très étroite, dominée par un bleu sombre et un vermillon intense.


Vienne, Prunksaal : Antiphonaire de Saint Pierre

 

Un antiphonaire est un recueil de partitions ; les prières pour les différentes heures, mises en musique par le chant grégorien, y sont notées. Mais cela n'empêche pas la présence de luxueuses illustrations. Cet antiphonaire est l’œuvre de l'abbaye St. Peter de Salzburg vers 1260 et il renferme huit peintures en pleine page, comme celle-ci avec l'Adoration des Mages et le Baptême. On peut noter que dans le contexte spatio-temporel de l'abbaye, on ne représente pas de roi noir mais on dote Jean-Baptiste d'un tissu rayé juif.

Vienne, Prunksaal : Tiroler Fischereibuch

 Ce livre de pêche tyrolien présente les terres autour du monastère de Stams ; on y pêche comme l'indique le titre, mais on y chasse aussi. On voit même un ottoman participer à l'opération !


Vienne, Prunksaal : Marie de Bourgogne en prière

 

Au premier plan, Marie de Bourgogne, élégamment vêtue et coiffée, est concentrée sur son livre d'heures. Elle est entourée de symboles, l'iris associé à la pureté virginale ou l'oeillet rouge qui évoque la Passion. La fenêtre s'ouvre sur une lumineuse cathédrale gothique où la cour prie devant une Vierge à l'Enfant, comme une apparition miraculeuse. C'est intéressant de voir comment l'artiste utilise la perspective pour creuser ainsi la scène et proposer une lecture par plans qui se répondent.

 

Vienne, Prunksaal : l'abécédaire de Maximilien

Il semble que ce magnifique manuscrit ne serait pas vraiment, comme la légende le rapporte, l'abécédaire utilisé par l'empereur Maximilien pour apprendre à lire. Ses armoiries avec l'aigle double ne sont pourtant pas remises en cause.

Dans la frise inventive, qui mêle feuillages, fleurs et cigogne, on remarque en bas une tête qui pourrait déjà être un grotesque...

6 commentaires:

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    Annie

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  3. Que de merveilles ! Un passionnant article bien documenté.

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