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vendredi 10 janvier 2020

Prague : Monastère de Strahov, le trésor


 Le trésor de l'abbaye enferme, outre des objets en or et en argent ornés de pierres précieuses, un exceptionnel crucifix, très expressif.

 
 Abbayes, monastères, basiliques, cathédrales, voire simple églises... Les lieux de prière ont très souvent contenu des trésors. L'église chrétienne a largement encouragé les donations, et certains de ces trésors contiennent des objets remontant à l'Antiquité. C'est le cas à Saint-Denis (dispersé à la Révolution), à Saint-Marc de Venise, et évidemment au Vatican.

Un monastère possédait son économie propre, ce n'est donc pas dans un but spéculatif que ces richesses étaient assemblées. Mais détenir des objets précieux pour le culte revenait à affirmer la puissance de la religion et à manifester la sainteté du lieu. Il fallait aussi impressionner et garantir sa place face aux nombreux autres ordres.

Pour un seigneur qui offrait une pièce exceptionnelle, c'était afficher sa foi et éventuellement se garantir une place au Paradis... en tout cas, être bien vu par les religieux. Le trésor de Saint-Denis fut largement abondé par Charles le Chauve, puis par Charlemagne, par exemple.

Le principe de l'orfèvrerie religieuse ne se limite pas à la religion catholique ; sans quitter Prague, on peut voir des objets de prix provenant de la communauté juive rassemblés à la synagogue espagnole et j'ai montré aussi sur le blog un trésor moscovite, de religion orthodoxe donc. Et je ne parle pas des richesses des Moghols !



Les reliures dorées sont courantes dans ces collections ; de même qu'une chasse dorée indique la valeur des vestiges qu'elle contient, la couverture avertit de la valeur du texte.


Ici, la plupart des pièces datent des XVIIe et XVIIIe siècle, ce qui explique une certaine emphase baroque.


Les métaux précieux sont de rigueur, mais il n'est pas interdit d'ajouter des pierreries...


L'ostensoir permettait de présenter une hostie en son centre. On le plaçait généralement au centre d'un autel.




En Bohème, on s'attendrait à une abondance de grenats mais ils n'étaient peut-être pas jugés suffisamment prestigieux... Les diamants (authentiques, ou d'autres pierres semblables) leur furent préférés ici ! La basilique Notre Dame de Lorette, dans le même quartier, expose le Soleil de Prague, un ostensoir garni de plus de 6200 vrais diamants.



Ces pièces surchargées me paraissent bien éloignées de notre goût, mais je ne peux nier la maîtrise du travail.



La crosse épiscopale est le bâton de l'abbé ou de l'évêque, l'équivalent du sceptre dans un registre religieux : un insigne de statut et de pouvoir. On en voit moins souvent dans les trésors.



Trois croix du XVIIIe siècle ; celle de droite, appartenant à un des abbés du monastère, renferme une relique de Saint Norbert. Celle de gauche présente (enfin !) des grenats, mais les inattendus grenats grossulaires ou hessonites. Leur couleur corail (je pense irrésistiblement à l'orange Spritz !!!) est rare en joaillerie.



La croix centrale, du XVIIe siècle, est un rare exemple de pierres toutes différentes.


Ce crucifix bavarois, tardif (début XIXe), renvoie à une très ancienne tradition, la représentation des Arma Christi, les objets de la Passion. Ici ils sont alignés sur la traverse de la croix, ce qui est le cas général. Sur la base, les soldats jouant aux dés sont très pittoresques.


Les vêtements sacerdotaux sont un autre classique des trésors. Ils rendent hommage à l'adresse des pieuses femmes qui les ont brodés...

 Le crucifix de Jihlava



Le crucifix suit généralement la forme bien connue, mais il existe une variante en Y, le crucifixus dolorosus. Ce type se répandit en Europe à partir du XIIIe siècle . Sa ligne évoque un arbre : il s'agit de l'arbre de vie, symbole de la continuité de la vie après la crucifixion.

La représentation du Christ montre une évolution dans l'art médiéval ; on insiste sur la représentation de la souffrance et on recherche davantage l'émotion.


Ce crucifix est le seul connu dans ces contrées, et il provient d'un monastère dominicain fondé en 1247. Le visage tendu et creusé est une merveille d'expressivité, pour moi le vrai trésor de la collection.

4 commentaires:

  1. Gold, silver, gemstones... Fabulous.
    But I agree with you, Christ's heas is the best one.
    Annie

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  2. Éblouissant ! Mais le crucifix est effectivement le seul à être émouvant.

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  3. Je suis bien d'accord... Merci pour ce commentaire.

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