Prague : Concert de la Saint-Sylvestre au Rudolfinum

Dernières notes de l'année avec un magnifique et rare programme de musique baroque...

 Comme en 2017, j'ai réservé des billets pour le concert de la Saint-Sylvestre au Rudolfinum avec le principal ensemble de musique baroque tchèque, le  Collegium 1704. Je m'étais régalé à ce programme qui associait Leonardo Leo, Johan Sebastian Bach et Jan Dismas Zelenka, ce compositeur de réjouissante musique baroque tchèque. Le Collegium 1704 et son chef, Vaclav Luks, ont énormément fait pour promouvoir cet artiste plus méconnu chez nous, notamment par leurs nombreux disques. J'en ai plusieurs qui m'enchantent !

Ce soir, sous le nom de Festa italiana, ce sont plusieurs compositeurs italiens qui sont conviés :  Torelli,  Scarlatti, Geminiani, et Galuppi. Pas des inconnus ; le premier est notamment fameux pour sa musique pour violon et ses concertos pour trompette. Le second, Alessandro, n'est pas l'auteur de plus de cinq cents sonates pour clavecin mais son père, le fondateur de l'école napolitaine d'opéra. Le dernier, un prolifique compositeur vénitien, qui écrivit aussi une vingtaine d'opéras en collaboration avec Goldoni.

Noms célèbres, mais oeuvres qui le sont moins.

Le concert ouvre avec une roborative Sinfonia en ré majeur de Torelli, qui mérite bien le titre de Festa donné au concert ! Composée en 1704, elle comporte de pimpantes parties de trompettes et de hautbois ainsi que des soli de violon dans le dernier mouvement, bien dans la manière de ses premiers concertos pour ce dernier instrument.

Alessandro Scarlatti vivait à Rome quand il composa l'ambitieuse Messa per il Santissimo Natale, une messe pour Noël donc. Elle comporte un double chœur dont les effets de contrepoint fascinent autant que la virtuosité de l'écriture vocale.

Retour à la musique orchestrale. Corelli avait publié une collection de sonates pour violon, s'achevant sur des variations sur La Follia. Son élève Geminiani, qui avait également étudié avec Alessandro Scarlatti, les arrangea sous la forme de concerti grossi, une forme de concerto qui met en valeur plusieurs instruments de l'orchestre. Il crée toute une variété d'effets, alternant tutti, soli et alliance de timbres pour créer une musique aussi séduisante qu'intéressante.

 Enfin, le concert s'achève avec un Dixit dominus en sol mineur de Galuppi. Je ne connaissais pas du tout la musique religieuse de ce compositeur, et je regrette cette ignorance tant je trouve cette œuvre passionnante, extrêmement bien écrite, pleine de recherche. Le début est saisissant avec ses contrastes, les effets de timbre extrêmement élaborés, et les arias montrent une réelle science de l'écriture vocale. C'est une fort belle découverte pour terminer l'année !

On est à la fête avec ces interprètes-là. Vaclav Luks est non seulement un musicologue passionné (comme presque toujours les chefs d'ensembles baroques), mais un vrai chercheur à qui on doit ce rare programme. Et surtout, un amoureux de cette musique, qu'il recrée avec beaucoup de vie et d'âme, avec un sens du théâtre qui ne nuit pas.

Son orchestre, le Collegium 1704, brille de tous ses feux et montre ses instrumentistes virtuoses. Le choeur associé, le Collegium Vocale 1704, se caractérise par sa cohésion et la clarté des voix. Les solistes, Tereza Maličkayová, Pavla Radostová et Aneta Petrasová, révèlent beaucoup de musicalité. Des voix légères, certes, mais particulièrement pures et ductiles.

Bref, c'est une vraie fête, dans une des plus belles salles de concert !