Paris : Saint Germain de Charonne

Une église à Charonne

Cette église figure rarement sur les itinéraires des touristes, et pourtant il s'agit d'une des plus anciennes de la capitale, remontant au XIIe siècle pour certains éléments. Même si elle a été remaniée ultérieurement, sa forme définitive date tout de même du XVe siècle.

C'est une église gothique d'une grande simplicité, construite autour de son clocher placé au centre.
Charonne était un village, englobé dans Paris avec l'élargissement de la capitale, mais il s'agissait donc d'abord d'une église rurale.

Le lieu est celui d'une rencontre légendaire, entre Germain, l'évêque d'Auxerre, et Geneviève, une jeune fille de Nanterre choisie ensuite comme patronne de Paris. Je ne garantis en rien l'historicité de l'événement...

L'intérieur

L'intérieur est très simple, une sorte de halle divisée en travées par des piliers inégaux d'une séduisante pureté de ligne.

Les chapiteaux semblent encore marqués par les caractéristiques de l'art roman. J'aime beaucoup la simplification de ces feuilles d'acanthe.

Quelques éléments de peinture médiévale ont survécu, comme les armoiries des Thore et Tronchy.

L'église est un simple rectangle qui ne comporte même pas de chapelle axiale. La sobriété des lignes ne découpe donc aucun choeur et l'espace cultuel est délimité par les piliers.

Merci aux éclairagistes modernes ! Les reliefs de la sculpture y gagnent toujours. Je découvre donc ce bel ange à phylactère.

Ce chapiteau est davantage érodé. Il semble que les anges présentaient un écu qui a été effacé.

Les vitraux médiévaux ont disparu et ceux qui les remplacent me semblent marqués par l'art populaire, avec ces formes simplifiées et le décor festonné.

Saint Blaise, à qui l'église voisine est dédiée.

Au-dessus d'une Vierge à l'enfant en bois, le vitrail présente plus visiblement son inscription dans le XXe siècle, avec ces plis cassés.

Les piliers du clocher sont les seuls éléments remontant au XIIe siècle. On voit aisément la différence de volume pour supporter le poids de la tour.

Une bizarrerie, mais finalement logique... Les volumes de l'église ne permettaient guère d'installer une tribune d'orgue face à l'autel. Elle est donc dressée latéralement, mais face à l'entrée. Je me demande ce que cela donne en termes acoustiques.

La toile de Joseph Benoît Suvée, un artiste du XVIIIe siècle, relate la rencontre entre Germain et Geneviève. Le peintre a théâtralisé au maximum le moment avec un évêque aux gestes amples qui contraste avec l'humilité de la jeune fille.

Les croix de consécration du XVe siècle sont encore là, et d'une étonnante netteté.

Je suis extrêmement content d'avoir pu pénétrer dans cette église. J'avais tenté de le faire vers 2010, mais elle était alors en travaux. Le sol argileux avait causé de graves soucis et on intervint pendant plusieurs années.
En outre, le gothique primitif est rare à Paris, et j'apprécie le charme sobre de ce courant artistique.

Sans l'avoir visitée, beaucoup de gens ont cependant déjà vu cette église, souvent présente dans les films, Au Bon Beurre, Le Cave se rebiffe... Son apparition la plus célèbre est sans doute à l'occasion de la scène du mariage, dans le film mythique Les Tontons Flingueurs (où on entend une soprano caricaturale chanter).

Un cimetière derrière l'église

A ma connaissance, tous les cimetières d'église ont été supprimés à Paris, sauf deux : un à Montmartre et celui-ci.

Je m'attendais à davantage d'édicules anciens mais beaucoup de tombes semblent très récentes. Quelques constructions préservées, mais vraiment très rares.

Magloire est un des fameux affabulateurs de l'histoire. Malgré ses récits imagés et l'inscription, il ne fut jamais secrétaire de Robespierre.

En revanche, Pierre Blanchar fut bien un très grand acteur français.