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jeudi 12 août 2021

Le Palais de Tirynthe



Le palais du roi Eurysthée est surtout une formidable citadelle aux murailles spectaculaires, un des grands palais de la période mycénienne. 

Le lieu a gagné une célébrité éternelle grâce à la mythologie. Persée, tout d'abord, aurait été roi de Tirynthe. Le mythe d'Héraklès, ou d'Hercule dans sa version romaine, raconte que le héros doit expier son crime en accomplissant douze travaux pour le roi Eurysthée. A chaque tâche achevée, il revient à Tyrinthe pour témoigner de sa réussite et obtenir la commande suivante. C' est ici donc que se place une scène célèbre, Héraklès-Hercule rapporte le sanglier d'Erymanthe et le roi, pris de panique, se réfugie dans une jarre. 

Les travaux d'Hercule sont un récit implanté dans le  Péloponnèse. Je suis passé à Némée, proche de Corinthe. Lerne est située à l'est de Nauplie. Diomède était roi d'Argos, ma prochaine destination. Bref, nous sommes dans le décor du récit ! 


Hormis la légende, aussi garantie que le destin des Atrides, Tyrinthe demeure un site d'importance, déjà un des premiers centres européens de l'Âge du Bronze, donc au troisième millénaire. 

 
Le site fut dégagé par Schliemann, de manière un peu sauvage puisque ses fouilles saccagèrent les vestiges de la ville basse. Cependant il mit au jour le palais dont il identifia la période mycénienne et ouvrit la voie aux équipes allemandes. Ses compatriotes poursuivirent les recherches, dans lesquelles s'impliqua particulièrement l'Université de Heidelberg. Une partie du site est d'ailleurs en cours d'étude lors de ma visite.

 
Le luxueux palais date du XIVe siècle avant notre ère et il était puissamment protégé par des murs cyclopéens absolument phénoménaux ; certains atteignaient huit mètres de profondeur et dix-huit de hauteur ! Une véritable place forte dont les restes donnent encore une bonne idée.

 
Comme dans les autres sites mycéniens, la muraille est formée de pierres sèches, sans aucun liant ou ciment. Les pierres tiennent parce qu'elles s'imbriquent dans un puzzle minutieux, où leur forme reste le point capital.
 

 
L'étude des vestiges a montré que la citadelle avait subi au XIIe siècle un violent incendie, qui suivit sans doute un terrible séisme qui secoua toute la région. Les fortifications durent bénéficier de réparations et on en profita pour construire une nouvelle version, plus luxueuse encore, du palais.
 
Sous la tente, les archéologues mènent des fouilles. 

 
Le palais occupe le sommet de la citadelle. A l'époque, il se divisait en deux ailes auxquelles on accédait par une grande cour et un porche.

 
La première aile comprenait une grande salle avec un foyer circulaire entouré de colonnes. La seconde possédait également une vaste pièce servant pour le conseil et les réceptions, un Megaron comme on peut en voir à Mycènes.

 
De multiples pièces reliées par des couloirs assuraient la circulation entre les espaces.

 
On sait, par les vestiges d'un escalier, que le palais comportait également un étage. Un ensemble spacieux, complexe et luxueux, et je dois dire que la clarté des murs permet d'en prendre conscience plus facilement qu'à Mycènes.
 

Le palais, lieu de culte, siège de pouvoir, résidence royale, est également le centre de la vie économique. C'est ici qu'on gère et qu'on stocke les produits de l'artisanat et de l'agriculture locaux, aussi bien que les importations rapportées par la flotte mycénienne.

 
 
Le palais est donc aussi l'entrepôt du royaume ; et, encore plus, un centre d'artisanat. Les fouilles ont montré que des ateliers d'orfèvrerie et de travail sur l'ivoire s'y étaient installés.


 
Aujourd'hui, on visite une structure en pierres sèches, certes impressionnante, mais qui rappelle davantage l'architecture rurale que les splendeurs des palais. Ma visite ultérieure du musée de Nauplie m'aidera, avec la richesse des objets trouvés, à m'imaginer ce faste. Les fragments de fresques permettent de visualiser un intérieur coloré et raffiné, garni d'appliques précieuses, où on utilise une vaisselle luxueusement décorée.


 
Les plaquettes gravées avec la fameuse écriture mycénienne, baptisée linéaire B, ont prouvé que le palais était enfin un centre administratif de première importance, qui notait, archivait, édictait les règles de l'économie locale.

 
Après la période mycénienne, l'histoire de la citadelle se trouble. Selon les époques, elle est occupée ou abandonnée. Les Tirynthiens sont encore mentionnés par Théophraste et on sait qu'on y vivait durant la période byzantine.

 
Mais plus jamais Tirynthe ne retrouva sa splendeur.
 


 

2 commentaires:

  1. Très intéressant. Je ne savais même pas que Tirynthe existait vraiment. Je cherchais des images du palais pour les montrer à mes élèves !
    Jérôme

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    Réponses
    1. Tant mieux, cher collègue ! Merci pour ce commentaire.

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