Pages

vendredi 13 août 2021

Épidaure, musée et sanctuaire

 

Le sanctuaire d'Asclépios à Epidaure, dont dépendait le fameux théâtre, fut un des centres médicaux les plus réputés de l'Antiquité.

Médecine et Antiquité

On est toujours si persuadé de la supériorité de notre société que la notion même de médecine antique paraît une illusion pour beaucoup. C'est exact qu'il resterait encore beaucoup de découvertes à faire, mais sur certains points, la science était déjà bien avancée.

Les gens (qui en avaient les moyens, certes, mais c'est toujours vrai dans bien des parties du monde) se soignaient, et venaient de loin pour bénéficier du traitement de médecins réputés. Bien sûr, la médecine était reliée à la religion, mais ce fut souvent vrai, même chez nous. L'Hôtel-Dieu de Paris, les infirmières missionnaires, tout cela résonne encore à nos oreilles.

 La médecine grecque nous a laissé bien des traces ; les noms des spécialistes (pneumologue, gastro-entérologue, stomatologue et compagnie) sont directement issus du grec et le caducée, le bâton où s'enroulent deux serpents, était déjà visible sur quantité de statues antiques. Le serment d'Hippocrate, enfin, est toujours en vigueur.

Asclépios,  le dieu guérisseur, était honoré dans des sanctuaires où la guérison s'obtenait à la fois par la croyance (prières, sacrifices, ex-votos) et par la consultation des médecins. A la fois Lourdes et la Pitié-Salpêtrière. Un bon moyen de jouer sur les deux tableaux, et sans doute, déjà, une fine observation psychologique sur les conditions favorables à la guérison.

 

Le musée

 

Pour être franc, ce n'est pas le plus moderne musée de Grèce et il aurait bien besoin d'être repensé. Exigu, vétuste dans sa muséologie, manquant de renseignements essentiels (ils devraient proposer une explication sur la médecine dans l'Antiquité dans le genre de mon bla-bla précédent, à mon avis). Qu'il expose beaucoup de copies, les originaux étant partis à Athènes, n'est pas si grave. Mais, dans ce type de musée de site, je pense que l'important est de fournir les clefs pour une bonne visite, notamment en permettant de restituer ce qui manque et de comprendre le fonctionnement de ce qu'on va voir. Présenter une inscription sans la traduire me paraît toujours une aberration.

Cependant les pièces d'origine ou moulages aident au moins à se persuader de la splendeur et de la richesse du lieu.



Montrer ce genre de reconstitution est une bonne idée. Il faut qu'on puisse comprendre qu'un cercle au sol signifie la présence de la tholos, ce temple circulaire.

En l'absence de fronton, cette proposition donne un aperçu. Mais, dans ce musée-couloir, on manque pour le moins de recul ! 


 




Moulage de la belle statue d'Asclépios, présente dans la salle qui lui est consacrée au Musée Archéologique d'Athènes. J'avais photographié l'original à qui il manquait un bras.


La pharmacopée est déjà présente,  et les petits récipients contenaient des préparations, plutôt proches de la phytothérapie.

L'outillage du chirurgien comprend déjà les bases. Le scalpel diffère peu de sa version actuelle.



Les ex-votos se retrouvent en grand nombre dans les sanctuaires. Je ne sais de quelle affection des oreilles souffrait le patient, mais ça a l'air de s'être bien terminé !

Le sanctuaire

 

 Je regrette l'absence de visite guidée. Ma connaissance des pratiques cultuelles de la Grèce antique est vraiment limitée et cette visite m'a posé plus de questions que de réponses. J'ai fait mon maximum dans cet article, mais j'ai bien conscience de sa modestie !


Le katagogion était une hôtellerie destinée aux patients et à leur famille. Il se divisait en quatre parties similaires, une cour entourée de plusieurs pièces. Elles ne communiquaient pas entre elles et il était donc facile de les isoler. Ce qui montre, à mon avis, que les connaissances sur la contagion étaient déjà établies. Comment se fait-il qu'on les perdrait ensuite, notamment durant les grandes épidémies ?

Le sanctuaire des dieux égyptiens assurait le culte et servait à l'initiation. Les divinités grecques et égyptiennes étaient associées depuis longtemps, m'assure le panonceau, qui parle même de synchrétisme. Selon lui, le temple était consacré à "Hygieia, Apollon et Asclépios les Egyptiens".

Cela me la bâille belle. Est-ce que ces dieux étaient vénérés selon les rites égyptiens (façon mystères d'Isis) ? Ou est-ce qu'on adorait la version égyptienne des divinités ? Des renseignements complémentaires me sembleraient plus utiles que ceux fournis, tels que les informations de l'incontournable Pausanias sur le mécène du temple ou le nombre de pièces qu'il contenait.

L'Hestatorion était une salle de banquets, destinée aux repas sacrificiels. Le lieu même du culte à Asclépios, m'informe-t-on. Mais ce n'est pas le temple d'Asclepios pour autant ! Lui se trouve plus loin. Je me perds en conjectures. 

Je ne m'aventure pas plus avant sur ce terrain où j'ignore beaucoup ! En tout cas, la salle rectangulaire était complétée par un propylée, un portique à colonnes, qu'on peut imaginer grâce aux deux restantes.

Quand j'en fais le tour, je suis vraiment surpris par la taille. Ce devait être absolument énorme ! Bien à l'image d'un centre internationalement réputé.

 Je n'ose imaginer la boucherie que ce devait être, les cris des animaux avant le sacrifice...

Je n'insère pas de photo des différents temples, dédiés à Artemis, Apollon ou Hypnos, très partiellement conservés et que je ne suis pas certain d'avoir bien repérés.

La cuvette conservée signale un nymphée, une fontaine, qui possédait des colonnes doriques.

L'établissement thermal, essentiel dans tout complexe, se nommait Akoai, du latin aqua. C'était un énorme ensemble de 650 m2, alimenté par les sources du mont Kynortion.

Les bassins d'eau froide se complétaient de salles d'eau chaude, chauffées avec le bon vieux système hypocauste, le chauffage par le sol.


Deux lieux essentiels : à droite, le temple d'Asklepios dont une belle colonnade demeure et, à gauche, la tholos actuellement en restauration. On remonte des colonnes, excellente idée !


Comme je l'ai signalé, le théâtre et le sport étaient étroitement liés lors des jeux (comme pour les jeux Olympiques), une illustration précoce de la devise Mens sana in corpore sano, Un esprit sain dans un corps sain. Donc le sanctuaire était doté d'un théâtre ET d'un stade. Malgré un faible état de conservation, on le repère bien dans sa forme.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Un grand merci de prendre le temps de laisser un commentaire. Je promets de le lire aussi vite que possible.
N'hésitez pas à signer votre message, ce sera encore mieux : je n'ai AUCUN moyen de connaître votre nom, votre e-mail, ou votre blog.
Si vous préférez que vos coordonnées n'apparaissent pas, mais que je vous réponde en privé, utilisez le formulaire de contact, accessible sur la version web du blog.