En route vers le Péloponnèse, récit d'une journée en auto jusqu'à Nauplie. Petit point sur la conduite grecque également.
Pourquoi une location d'auto ?
Après une semaine athénienne, je pars pour le Péloponnèse, non sans une pointe d'inquiétude avec les incendies qui ravagent la région. A titre purement personnel et sans compter les conséquences terribles pour le pays et ses habitants, mon voyage a déjà bien été perturbé, avant-hier et hier.
Quand j'avais établi mon programme et consulté les horaires des transports publics, il m'était rapidement apparu que seul un véhicule personnel me permettrait de le réaliser. Certains lieux, comme le temple d'Apollon à Bassae, auquel je tenais particulièrement, n'étaient envisageables qu'au prix d'onéreuses courses en taxi.
Je me suis donc dirigé vers les sites des loueurs. Les moins chers m'envoyaient directement à l'aéroport, à l'opposé de ma destination. Une perte de temps difficile à intégrer. Le plus économique sur Athènes, pas trop éloigné du centre, proche du métro, c'était encore Sixt. En août, pour une petite citadine, il fallait compter 70 -80 € par jour, hors assurance. C'était jouable.
Début de périple
Je quitte donc mon confortable hôtel athénien, prend le métro à Omonia, change à l'incontournable Syndagma, nœud absolu de la capitale et descend, en même temps que nombre de touristes, à la station Akropoli.
Plus encore qu'à la station parisienne Louvre-Rivoli, autrefois la plus proche de l'entrée, on a l'impression d'un musée. Surtout qu'ici sont exposées de véritables pièces archéologiques (sans doute pas le bas-relief mais les poteries dans les vitrines).
On a même droit au sourire de Melina Mercouri, actrice devenue charismatique ministre de la culture. Pour moi, indéfectiblement liée à Topkapi, le bijou de film de Jules Dassin.
Je retrouve l'agence Sixt, avec un nouvel employé à qui je dois réexpliquer mes problèmes de carte bancaire. Selon lui, c'est possible seulement si je prends une assurance complémentaire. J'ai beau lui expliquer que j'en ai déjà deux, il m'assure que celle-ci, à 119 euros et quelques, compense l'absence de carte de crédit. Je parlemente en vain et ne tiens pas à perdre de temps. Finalement, j'aurai dépensé presque autant en assurances qu'en location.
Je remplis et signe une série de papiers pendant que l'employé photocopie mon passeport, mon permis de conduire, mon certificat de vaccination...
Enfin, nous sommes prêts pour la vérification du véhicule, une petite Peugeot 108. Ce sera ma première expérience avec ce modèle.
Le jeune homme qui est allé me chercher l'auto fait la vérification avec moi et se révèle d'une scrupuleuse intégrité, me montrant des défauts que je n'aurais pas pensé à signaler, comme les taches de sueur sur les sièges ou l'absence d'antenne.
Et c'est parti !
Google Maps m'assistant fidèlement, je réussis à sortir d'Athènes sans trop d'encombres, alors que je redoutais bouchons et prise en main délicate de l'auto. On sent que ce n'est guère une sportive et la moindre montée la met à rude épreuve. Le silence ne fait pas davantage partie de ses qualités. Je découvrirai ultérieurement que sa tenue de route n'est pas plus à vanter, mais sinon elle se gare partout, est très maniable et on y est très confortablement assis.
La conduite à la grecque
Premier arrêt dans une aire d'autoroute, prêt de Corinthe, et déjà quelques observations. On m'a tellement répété de me méfier de la conduite grecque que je livre les miennes.
Le code de la route n'est pas vraiment respecté à la lettre, mais remplacé par un code tacite qui, lui, est bien suivi, avec quelques règles de base.
Le panneau de stop ne signifie pas qu'il faut s'arrêter ; ce serait plutôt l'équivalent de notre céder-le-passage. Si vous stoppez imprudemment, vous risquez de vous faire rentrer dedans par l'auto derrière vous.
Les panneaux cerclés de rouge, avec des nombres à l'intérieur, sont là pour vous faire réviser les chiffres ou pour décorer le bord de la route. Absolument pas pour limiter votre vitesse.
Il faut avouer qu'ils semblent parfois plantés au hasard. Quant à l'entreprise qui fabrique les panneaux de fin de limitation de vitesse, elle a dû brûler depuis longtemps et n'en livrer qu'une dizaine sur tout le pays.
Règle essentielle, si quelqu'un de plus rapide arrive derrière vous, il importe de vous serrer au maximum, si possible sur la bande d'arrêt d'urgence.
Ces quelques règles sont bien comprises par les automobilistes et je dois bien reconnaître que j'ai trouvé les Grecs bons conducteurs, très respectueux d'autrui ; la règle précédente allait dans ce sens, et j'aimerais bien que les Français utilisent le clignotant aussi souvent que les Grecs !
Pas de prise de risque exagérée, une conduite attentive à ce qui entoure. Ceux qui conduisent le plus mal, ce sont les touristes ! Et, apparemment, ils sont nombreux dans des véhicules miniatures comme le mien.
Je pourrais continuer avec l'autoroute mais je décide de m'attaquer à la campagne hellénique. Je sors donc un peu au nord de Mycènes et découvre une charmante région bien méditerranéenne, qui ne me dépayse pas vraiment. Vignes, oliviers et orangers composent l'essentiel des cultures.
Franchement, il y a bien des coins de Provence qui ressemblent à cela !
Déjeuner à Mycènes
La route est très très tranquille et Mycènes, la bourgade moderne de Mykinès, semble une ville fantôme, au point que je me demande si je vais pouvoir déjeuner.
Même si la patronne semble écrasée par la chaleur désespérante (48 °C, annonçait le thermomètre de l'auto), elle se réveille pour accueillir le client providentiel, qui restera l'unique tout le temps où je vais déjeuner.
La salade mycénienne est en fait bien consistante, une version locale de la salade catalane.
Quoiqu'un peu trop cuite, la côte de porc a la saveur du feu de bois et elle n'est pas accompagnée de frites surgelées.
Avec le vin blanc local, j'en ai pour treize euros. Rien qui va vider le compte bancaire.
Je poursuis la route vers le site, bien signalé par une multitude de panneaux. Encore une fois, j'ai vérifié les horaires ce matin ; encore une fois, cela ne sert à rien car, encore une fois, le site est fermé jusqu'à 17:00. J'espérais enchaîner avec Epidaure, c'est raté.
Je gare la voiture à l'ombre sur le parking qui surplombe la plaine et attend deux heures et quelque l'ouverture du site. Je trie mes photos, je prépare des articles, je papote avec les malheureuses victimes des horaires dans le même cas que moi. Wolfgang et Dorothea, deux Allemands de Nürnberg, voyagent avec leur camping-car depuis deux mois. Il a 78 ans et Dorothea 84 ! Je connais un peu leur coin, j'aime beaucoup Nürnberg, eux sont venus en Provence... Bref, nous ne manquons pas de sujets de conversation.
J'achète finalement le billet groupé, qui comprend, outre Mycènes, les forteresses de Palamidi à Nauplie, celles d'Anisi et de Tyrinthe, les musées d'Argos et de Nauplie. Une bonne affaire a priori.
Je peux commencer mes visites. Le Musée Archéologique de Mycènes en premier.
Puis le site, complété par le Trésor des Atrides. Avant de partir, je demande à l'affable jeune homme à l'accueil si j'ai le temps de visiter Epidaure. Il m'assure que ce n'est pas du tout jouable. Je m'enquiers des sites ouverts et il m'explique que le manque de personnel conduit à des fermetures anticipées. Mais, que j'attende, il va vérifier.
Je n'en reviens pas. Il passe une longue série de coups de fil qui durent une dizaine de minutes et remplis au fur et à mesure une liste. Finalement, il me remet un précieux papier où il a noté, pour chacun des sites du billet combiné, les horaires et les jours d'ouverture. Je me confonds en remerciements ; voilà une serviabilité rare. Je me rappelle une dame dans le quartier de Ginza, à Tokyo, qui avait fermé boutique pour pouvoir m'accompagner jusqu'à une galerie d'art...
La conclusion de sa liste est que seule la Forteresse de Palamidi est envisageable. Et selon lui, ça tombe bien, la fin de journée est le meilleur moment pour la visiter.
Je ne peux que confirmer ses propos. La visite au soleil couchant est un enchantement.
Au sortir de la forteresse, une délicate fleur de câprier. La câpre, c'est la fleur encore fermée, en bouton.
Mon téléphone sonne. Je réponds en français mais erreur. C'est l'hôtelier de Nauplie qui s'inquiète de savoir où je suis et me rappelle que je dois faire le check-in avant 22:00. Pas de problème, ce n'est que 20:30... J'arrive.
Dans Nauplie
En fait, l'hôtel se situe dans la vieille ville de Nauplie qui, ce soir, est absolument bondée (rien de commun avec Mycènes). Je fais trois fois le tour, en passant et repassant devant la caserne des pompiers, sans trouver la moindre place. J'appelle l'hôtelier qui me conseille le parking du port. Effectivement, je réussis à trouver une place, tout au bout, si bien que j'aurai l'impression de traîner la valise sur des kilomètres.
Le Dias Hotel est un boutique-hôtel dans une maison historique, placé dans un quartier tout à fait charmant. La décoration est cependant plutôt inattendue.
La vieille ville de Nauplie s'avère absolument délicieuse ; vieilles rues pavées piétonnes, éclairages soignés... Ca se sait et ça semble avoir rameuté tous les touristes de la région. En tout cas, les deux restaurants recommandés par l'hôtelier sont archi-combles.
Un seul accepte de me recevoir, à la lisière de la vieille ville. Il n'y a pas énormément de choix mais j'opte pour un plat local, du veau sauté avec des poivrons qui semble de la cuisine vietnamienne, et le seul dessert disponible, le merveilleux yaourt grec avec, hélas, un miel insipide. 19 € cette fois avec la bière Alpha. Les prix grimpent, à Nauplie !
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