Ma crainte d'un musée ennuyeux s'est envolée en visitant ces collections
passionnantes. On découvre la variété des motifs de la monnaie, surtout
de la Grèce antique évidemment, et tout cela nous interroge sur notre
rapport à la monnaie. Finalement, une visite captivante !
Aux origines de la monnaie
Les premiers panonceaux apportent foule de renseignements instructifs :
si la Chine, à l'écart bien à l'est, développa rapidement la monnaie,
les grandes civilisations qui influencèrent l'Occident ne la connurent
que très tard. Pas de monnaie au Moyen-Orient, entre Tigre et Euphrate,
rien chez les Sumériens, rien non plus chez les Egyptiens (tiens, c'est
vrai ça !). Et en Grèce, rien non plus chez les Minoens ou chez les
Mycéniens. Alors que les pièces circulaient abondamment, les Etrusques,
peuple impliqué dans "le commerce international", n'en frappèrent
jamais. Et, chez les Perses, seules les satrapies aux confins de la zone
d'influence grecque se virent contrainte d'en émettre.
La pièce de monnaie a d'abord une valeur propre, indépendamment de celle qu'on lui confère, par le métal plus ou moins précieux qu'elle contient. A peu près tous les métaux connus dans l'Antiquité y passent.
En Egypte, on doit se contenter du lingot, c'est à dire une monnaie d'échange limitée à sa valeur intrinsèque.
A partir de l'Ionie, terre originelle, la monnaie essaime en cuivre, bronze, argent, or ou même électrum.
La pièce de monnaie a été longtemps chez nous le moyen de glorifier les grands hommes. Or, à l'époque classique, on trouve bien d'autres représentations.
La mythologie est mise à profit ainsi que le monde qui entoure l'homme. C'est davantage une vision du quotidien qu'une héroïsation des dirigeants.
Non que cette tendance soit inexistante, et on voit avec ces monnaies en or que la représentation humaine, moyen de diffusion d'une image officielle, s'accompagne de prestige.
Même si l'expression frapper monnaie est consacrée, il s'agit plus fréquemment d'un moulage, et quelques-uns de ces moules ont justement été préservés.
Thématiques
La nature apparaît bien plus souvent qu'on ne le penserait ; certes, avec le blé, c'est tout de même le végétal nourricier et domestiqué qu'on met en avant.
Les animaux sont réels ou fabuleux.
Même Pégase a l'honneur d'une pièce !
Dans ce bestiaire figurent la tortue de mer...
Les insectes volants...
Les serpents...
Le principe de la tirelire, récipient transformé en réserve pour les mauvais jours, ne date pas d'hier ! C'est même une des premières sources de découverte archéologique.
La représentation animalière devient celle d'un symbole d'une cité, comme dans ces monnaies des
colonies grecques de l'Italie du sud. Le taureau est l'animal totémique de Sybaris, par exemple.
La contrefaçon existe évidemment, principal problème que connaîtra la monnaie (avec parfois celui de l'approvisionnement en métaux). Certains contrefacteurs sont des dirigeants eux-même qui veulent lutter contre la récession, comme Amyntas III de Macédoine !
Pour lutter contre ces fléaux, des cités comme Athènes n'hésitent pas à proclamer la peine de mort pour les contrefacteurs.
Monuments célèbres, constructions diverses, préfigurent nos ponts sur les billets en euro.
Une bien rare représentation d'un chariot bâché, une première pour moi qui n'imaginait pas ce modèle dans l'Antiquité. Il m'évoque furieusement la conquête du Far West !
Cette illustration a attiré mon regard car je trouve qu'on y voit bien comment la maison de bois demeure le modèle du temple, avec ses troncs qui deviendront des colonnes cannelées et le gâble qui se transformera en fronton.
Via les animaux, on glisse vers le monde transfiguré des animaux imaginaires.
Autrement dit on ne montre plus seulement ce que l'on voit.
Sphinx, griffons et chimères sont ainsi mis à l'honneur.
La production grecque est énorme ; plus de six cents cités produisent leur propre monnaie ! Je n'ose imaginer comment fonctionne le change à cette période...
La représentation de la nature, qu'on retrouve ici, a une valeur publicitaire : la cité montre ce qu'elle produite pour mieux le vendre.
Le processus est intéressant car on voit que le statut de la monnaie change. Toujours le moyen de commercer, certes, mais aussi celui de s'afficher et de proclamer ses valeurs, même si elles sont bassement mercantiles.
La représentation de l'être humain, le portrait, fut une des grandes réussites de la civilisation grecque qui visa à plus de réalisme (surtout à moins de symbolisme), quitte à donner un coup de pouce au sujet. Ce n'est donc pas surprenant que le visage humain monétaire ait eu un tel succès, à tel point que les codes installés (mise en espace, choix du profil) aient connu une telle permanence jusqu'à nos jours.
Bizarrement, ce sont les territoires grecs à proximité de la Perse qui instaurèrent ce modèle, vers le VIe siècle avant notre ère.
L'idée ne se développa pas immédiatement, il restait encore tant de sujets à traiter, et de manière si diverse ! Ce n'est qu'après Alexandre le Grand que la représentation du chef deviendrait majoritaire.
Il ne s'agit pas d'un portrait officiel mais cette proposition d'une tête presque de face, qui occupe tout l'espace, aurait pu s'imposer.
Problèmes monétaires
Il était bien difficile, aux temps du troc, de maîtriser les difficultés commerciales du royaume. Avec la monnaie, c'est plus aisé : il suffit de diminuer la valeur intrinsèque de la pièce. Deux solutions : la première consiste à l'alléger, mais en la recourbant pour donner l'illusion d'une certaine épaisseur. Pièce concave à pièce à problème donc !
Deuxième solution : limiter la part en métal précieux. Le premier antonien, frappé sous Caracalla, contient 52 % d'argent. Le pourcentage ne cesse de s'effondrer pour tomber à 6% sous Gallien !
Ah, la dévaluation...
P.S. Mon article est affreusement désordonné car je ne parviens à replacer les photos dans l'ordre que je souhaite. J'ai adapté mon texte pour essayer de tenir compte de ce problème pour l'instant insoluble. Est-ce dû à la mauvaise connexion ? J'ai sué sang et eau pour cet article qui aura épuisé ma patience. J'avais prévu une suite, mais finalement j'en resterai là.
En tout cas, toutes mes excuses pour cet embrouillamini.
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