Je n'aurais sans doute pas visité ce musée s'il n'avait fait partie du billet combiné avec le Musée d'Art Byzantin et le Musée Archéologique... Pourtant, il est bien plus intéressant qu'il n'y paraît, contient des trésors et j'y ai appris beaucoup de choses.
Un musée épigraphique est consacré à des inscriptions. Pas forcément très tentant si on n'est pas spécialiste (et j'en connais pour qui ce genre de collection est le Nirvana absolu !).
Les premières salles vont en ce sens : des fragments poussiéreux alignés sur des étagères, de rares notices en grec, rien en anglais...
Il s'agit peut-être de documents passionnants, mais mon grec ancien ne m'a, hélas, laissé que trop peu de souvenirs pour que je puisse me lancer dans la traduction.
Il faut attendre la salle suivante pour trouver une muséographie moderne et trouver un intérêt réel à tout cela. Le musée se propose de remonter aux origines de l'alphabet grec, ce qui nous concerne directement puisque c'est la source de l'alphabet latin que nous utilisons toujours.
L'histoire de l'écriture m'intéresse, en ce qu'il s'agit du moyen trouvé par l'homme pour noter sa pensée. Le musée ne remonte pas aux origines mêmes, les premiers signes en Mésopotamie, les idéogrammes chinois, les caractères cunéiformes sumériens ni même les hiéroglyphes. Le propos est ici centré sur les collections, c'est à dire l'écriture grecque, héritière directe de la phénicienne
Dans la mer Égée, autour de 2000 avant notre ère, existait un système d'écriture qui combinait des idéogrammes (le signe représente une idée) mais des caractères vocaliques (un signe équivaut à un son de voyelle). Les éléments purement hiéroglyphiques n'apparaissent qu'en Crète et sont sans doute liés aux signes égyptiens. Malheureusement le langage retranscrit est inconnu et on n'a pu déchiffrer ces documents.
Les tablettes suivantes proviennent de Mycènes et servaient à l'administration des palais. Elles combinent pictogrammes et symboles numériques.
Ce fragment est historique : il s'agit du plus ancien document connu avec l'écriture grecque ! Il fut trouvé sur l'Acropole, à l'est du Parthénon.
L'alphabet phénicien était donc la source, mais il s'agissait d'un alphabet consonantique, où on ajoutait des signes vocaliques en fonction du contexte. Les Grecs l'adaptèrent leur propre système de prononciation.
A l'origine, les inscriptions étaient rédigées sans que les mots ne fussent séparés. Ce serait une invention ultérieure bien utile !
Pour le sens de l'écriture, on s'arrangeait un peu comme on pouvait, en fonction du support : de haut en bas, de gauche à droite ou en sens inverse. La précédente stèle est dédiée par un certain Kalias, dont le nom est bien lisible en bas.
Sur cette stèle du jeune Autokleides, il faut lire à l'envers : de bas en haut et de droite à gauche. Quelle gymnastique !
Un coup d'un côté, un coup de l'autre. Mais, grande innovation, on a tracé des lignes.
Stèle funéraire de Keramo, avec les caractères et les lignes inversées.
Stèle funéraire pour huit hommes, trouvée à Sellada des Théra. De la même façon qu'on écrit au dos d'un livre, on a utilisé le côté du bloc.
C'est très difficile d'y voir quelque chose, mais j'ai fait de mon mieux. Sur cette stèle est recopié le code des lois de Gortys, précisant les règles des donations aux enfants et les affranchissements (la libération) des esclaves.
La stèle est rédigée avec le système du boustrophédon, où la première ligne est écrite de gauche à droite, la seconde de droite à gauche et ainsi de suite. Le texte serpente.
Cette stèle comporte la signature du sculpteur Hegias, le maître de Phidias. Je rappelle que ce dernier était sans doute le plus réputé des sculpteurs grecs, célèbre entre autre pour avoir coordonné la décoration du Parthénon.
De nombreux artisans se plaçaient sous le patronage de la déesse Athéna, dont ils demandaient la bénédiction dans les inscriptions. On a conservé une trentaine de noms sur les VIe et Ve siècles.
Les monuments funéraires contenaient, au minimum, le nom du défunt, parfois complet. En prime, ils pouvaient recevoir l'épigramme, c'est à dire un court texte en hommage à ce défunt, avec des informations telles que son âge, la manière dont il était mort. Plus tard on ajouta des qualificatifs comme agathos (bien né) ou sophron (prudent).
On le voit, les pierres tombales de nos cimetières ne se sont guère écartées de ce modèle antique.
Epigraphie soignée pour cette stèle affichant un texte officiel, comme nos placards administratifs actuels (ou les permis de construire). Ici il s'agit d'un décret dans lequel les Athéniens honorent les Colophoniens (habitants de Colophon, une ville près de l'actuelle Izmir).
La cour du musée expose une série de stèles. Mais le sol est brûlant et il y fait 47 °C ! Je n'y fais qu'un passage rapide.
La stèle republie les lois de Dracon sur l'homicide, en différenciant la légitime défense. Ce fut le premier code pénal d'Athènes.
Le plus ancien des décrets athéniens connu concerne la résidence des Athéniens à Salamis. On a le sentiment que la stèle est exposée à l'envers mais je suppose que c'était sa position d'origine.
Dans le décret de Thémistocle, le général propose des mesures pour s'opposer aux Perses avant la bataille de Salamis. Il semble qu'une partie ait été martelée.
Pour préserver la démocratie, les Athéniens avaient inventé une "machine à voter". Au début on utilisait des haricots noirs et blancs puis le système se perfectionna en insérant dans les fentes des jetons portant des noms.
Un décret honoraire concernant les choregoi, ces édiles qui finançaient les fêtes religieuses et spectacles. L'illustration montre des masques de théâtre et, au-dessous, Dionysos avec un satyre.
Cet édit date de la période romaine : en pleine inflation, Dioclétien publia un édit avec les prix maximaux autorisés. Le texte mentionne différentes unités de mesure, utilise les denaria comme monnaie et précise des variation de tarifs selon l'état de la marchandise !
Je m'excuse humblement si, en cherchant à vulgariser, j'ai commis des erreurs. N'hésitez pas à me les signaler, je les corrigerai volontiers.
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