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jeudi 29 octobre 2020

Vienne : Pasqualati-Haus, l'appartement de Beethoven

 

 

Visite d'un appartement où vécut Beethoven et où il composa Fidelio, transformé en petit musée. C'est notamment l'occasion de mettre des visages sur des noms connus...

Cette année, c'est décidé : je vais visiter les maisons de musiciens à Vienne. Et, puisque nous sommes une année Beethoven (250° anniversaire de sa naissance), je commence par la Pasqualati-Haus.

L'entrée est peu engageante. Une fois que j'ai passé la porte, me voici dans l'obscurité presque totale.

Je cherche un interrupteur derrière moi. Rien.

Les choses s'améliorent en grimpant.

Je crois que ces bustes me signalent que je suis bien arrivé, mais c'est une erreur : c'est un particulier qui les a mis à sa fenêtre !


Le Baron Pasqualati

Pasqualati avait fait construire cette maison proche de la Hofburg et son fils Johann était un ami de Beethoven. Grâce à lui, le compositeur put résider ici plusieurs années, de 1804 à 1808 puis de 1810 à 1814. Johann le gardait même libre pour lui lorsqu'il n'y venait pas.

C'est ici que Beethoven a travaillé à des œuvres majeures : les cinquième, septième et huitième symphonies, le trio en si bémol majeur, et l'opéra Leonore devenu ensuite Fidelio. La légende prétend qu'il aurait également écrit ici la Lettre à Elise, mais l'histoire de cette pièce est plus que douteuse et je crois qu'elle n'est même plus attribuée à Beethoven.

Les meubles ont depuis longtemps disparu de ces lieux, devenus un petit musée autour du compositeur.

Lettre à Breitkopf et Härtel


Dans cette missive adressée à ses éditeurs de Leipzig, Beethoven donne l'adresse de la Pasqualati-Haus.


Première publication (page de titre en français !) de Leonore


Manuscrit de Fidelio


Bien difficile à déchiffrer, mais c'est une rencontre émouvante avec un opéra que j'adore tout particulièrement. Et que je reverrais avec un infini plaisir !

Quand le directeur du Theater an der Wien se mit d'accord avec le compositeur pour la création d'un opéra, le choix se porta sur l'héroïsme de la Révolution Française, avec les thèmes de libération et de liberté. Le livret de Bouilly, Léonore ou l'amour conjugal, venait d'être mis en musique par Pierre Gaveaux en 1798. Il était courant à l'époque de réemployer des livrets. On ne compte plus les Mitridate, outre celui de Mozart !

Quelques objets ayant appartenu au compositeur.

Boîte à sel de Beethoven


Aloïs Karner, Joseph Sonnleithner

L'avocat Joseph Sonnleithner retravailla le livret de Bouilly pour proposer la nouvelle mouture en allemand.


E.F. Leybold, Pauline Anna Mildner

Le rôle passionnant de Leonore, la femme courageuse qui vient délivrer son époux du cachot, fut créé par Pauline Anna Mildner. Elle tint le rôle lors des premières de toutes les versions, en 1805 et 1806 au Theater an der Wien, puis en 1814 pour la version définitive au Kärtnertortheater. Aujourd'hui disparu, ce dernier théâtre vit les créations de Thamos de Mozart, d'Euryanth de Weber, de Linda de Chamounix de Donizetti et de Martha de Flotow...


Esquisses pour Fidelio


Pasqualati-Haus

Frontispice de Coriolan

Lors de son deuxième séjour dans cet appartement, Beethoven composa nombre de pièces ; les musiques de Coriolan et d'Egmont de Goethe étaient de la musique de scène, prévues pour accompagner la représentation théâtrale. La seconde est d'ailleurs très développée et dure près d'une heure.

Affiche de la création d'Egmont


Le Theater an der Burg

Huitième symphonie : page de la première édition avec corrections de la main de Beethoven


Beethoven venait de voyager à Teplitz pour rencontrer Goethe, était parti pour Linz où il s'était disputé avec son frère Johann. Malgré cette période agitée, il composa sa huitième symphonie en seulement cinq mois.


Eduard Gurk, Le Palais du prince Razumovsky


Andreas Razumovsky fit construire un palais entre 1803 et 1807 près de Landstrasse, un bourg maintenant au centre de la ville. 


J.B. Lampi l'Ancien, Le Prince Andreas Razumovsky

Diplomate russe, Razumovsky était un personnage influent de la vie musicale viennoise et il protégea financièrement Beethoven, toujours en quête de sponsors. Il fonda son propre quatuor avec Ignaz Schuppanzigh, un virtuose renommé, au premier violon.

Beethoven lui dédia son quatuor op. 59 et plus tard ses Cinquième et Sixième Symphonies, dans une double dédicace à Razumovsky et à Lobkowitz. Un moyen de recueillir un peu plus d'argent !


Réduction pour piano de la Symphonie n°7, avec corrections de la main de Beethoven

Beethoven étala la composition sur plusieurs années, de 1806 à 1812. Il vivait ici lorsqu'il la termina.


Moulage du visage de Beethoven

Afin de réaliser le buste du compositeur, Franz Klein réalisa un moulage de son visage en 1812. Il paraît que ce fut une affaire malaisée car, malgré les tubes insérés dans les narines, Beethoven se plaignit qu'il suffoquait. Ce même plâtre fut ensuite réutilisé par deux autres sculpteurs, Anton Dietrich et Caspar von Zumbusch, pour d'autres bustes. Image émouvante du compositeur à quarante-deux ans.


Franz Klein avait suivi une formation à la Wiener Kunstakademie (les Beaux-Arts) et étudié l'anatomie au Musée de Pathologie ; il était réputé pour le réalisme de ses sculptures.


J.A.Bauer d'après L.F.Schnorr, Beethoven en 1809

Bien moins réputée, cette lithographie, réalisée d'après un dessin aujourd'hui disparu, transmet le portrait d'un Beethoven presque inconnu. On ne le voit que rarement en pied mais on sait qu'il mesurait 1,68 m.

Beethoven visitant une manufacture de pianos

Beethoven tenait à rester informé des progrès techniques et visitait régulièrement les ateliers où il s'entretenait avec les facteurs de piano. Son œuvre témoigne de ces évolutions des mécanismes et de l'élargissement du clavier.


Thugut Heinrich, Le Comte Franz Brunsvik

Le Comte Brunswick jouait du violoncelle et connaissait parfaitement les œuvres de Beethoven, un ami proche. Le compositeur vécut chez lui à plusieurs reprises et lui dédia la sonate Appassionata et la Fantaisie pour piano op.77. A la réflexion, c'est curieux de faire à un violoncelliste la dédicace d’œuvres pour clavier, mais on sait que ces problèmes de dédicace étaient avant tout des histoires d'argent. Dès que la composition était terminée, il fallait trouver d'urgence un sponsor pour gagner sa vie.


Leopold Radoux, Ludwig van Beethoven l'Ancien


Le grand-père du fameux compositeur était également musicien, directeur de la musique de cour à Bonn. Le jeune Ludwig l'avait peu connu (il était mort quand son petit-fils avait trois ans) mais il l'admirait et fit transporter ce portrait à Vienne.


Blasiius Höfel, L'Archiduc Rudolph

Le plus jeune fils de l'empereur Leopold II prit des leçons de piano et de composition avec Beethoven. Il fit en sorte, avec les princes Kinsky et Lobkowitz, que le musicien pût recevoir une pension annuelle, et ils restèrent longtemps amis, comme en témoigne leur correspondance.

Joseph Kriehuber, La Princesse Karoline M. Kinsky

C'est à Karoline, l'épouse du Prince Kinsky, que Beethoven dédia plusieurs lieder, dont le célèbre An die Hoffnung.


Lettre de Beethoven à la Princesse Kinsky

Toujours à cours d'argent, Beethoven supplie dans cette lettre qu'on augmente sa pension...
W.H. Schlesinger, Domenico Artaria

Domenico Artaria s'installa à Vienne en 1787 pour travailler dans la maison d'édition familiale, qu'il dirigea à partir de 1804. Fidèle éditeur, il fut aussi un ami proche de Beethoven.



4 commentaires:

  1. Captivating. Such an emotion to see Beethoven 's manuscripts!
    Thanks for your useful texts.
    ❤️
    Annie

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  2. Il est vraiment regrettable que la maison ne possède que peu d'objets de Beethoven. En outre, l’entrée est obscure, lugubre ! Heureusement pour toi, je pense que tu es ému devant des esquisses et surtout Fidélio, opéra que j’aime beaucoup. Mais aussi des symphonies et un très grand nombre de compositions qu’il est difficile de lire, même toi !
    Il y a des pièces vides, dommage, ce n’est pas le cas de la maison de Tolstoï par exemple. Tout de même le « grand homme » l’a habité. Merci pour tout ce que je vois et tout ce que j’apprends. Bisous Mam.

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    Réponses
    1. On aimerait effectivement visiter une habitation un peu plus habitée ! Mais effectivement, c'est émouvant de voir les partitions manuscrites et constater que ce génie a tellement produit en ces lieux.
      Merci beaucoup pour ce commentaire détaillé !
      Gros bisous

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