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jeudi 20 février 2020

Moscou : Don Giovanni, Opéra de chambre du Bolchoï


Une représentation enlevée par de remarquables interprètes de Don Giovanni, à l'Opéra de chambre du Bolchoï.




Chic, je découvre une nouvelle salle ! Après de multiples tentatives, je découvre enfin cet Opéra de Chambre du Bolchoï (Moskva Kammernyi Teatr), même si j'ai déjà pu en applaudir la troupe, avec déjà German Yukavsky.


C'est un sympathique théâtre miniature décoré en bleu, comme le Stanislavsky, et rehaussé de miroirs.



Le mini-foyer est très convivial.


Je jette un coup d'œil dans l'exposition qui rappelle les voyages du théâtre. En bas, une affiche d'une représentation de deux opéras de Mozart à Nîmes, à laquelle j'avais assisté !




Gennadi Rozhdestvensky, chef de légende, côtoie Boris Pokrovsky, ancien directeur de la troupe ; l théâtre porte son nom.



Mais c'est Galina Vishnevkaya !


Et voici la star de la troupe, que je vais réentendre ce soir.


Dans la salle microscopique, le décor arrive aux pieds des spectateurs. Comme je suis placé au second rang, j'ai les chanteurs à deux mètres de moi...


En fait, c'est toute la salle qui participe au décor.


Mise en scène de Boris Pokrovsky

C'est une production parfaite pour qui découvre Don Giovanni ; les actions y sont clairement montrées, parfois soulignées. Elle date de 1987 et atteindra bientôt sa 300e représentation. Ses décors y sont vaguement évocateurs (grilles, bancs, chaises, quelques accessoires) et les costumes sont également historiques. Celui de Don Giovanni me rappelle une photo fameuse avec Cesare Siepi dans le rôle !

Si on ne peut compter sur cette mise en scène pour lever le voile sur des enjeux cachés ou découvrir d'autres facettes des personnages, heureusement les chanteurs sont de bons comédiens et apportent beaucoup de vie à l'action. Je n'ai pu lever le voile sur quelques incongruités, comme cette jeune fille qui vient pleurer sur la tombe de Don Giovanni au final et qui est arrêtée manu militari !

La distribution du soir


Beaucoup de changements par rapport aux prévisions, et encore un entre ce matin et ce soir, mais le vivier de bons chanteurs permet de suppléer à toute fluctuation.



Alexander Markeev campe un solide Commendatore, voix sombre et sonore comme le veut le rôle. A ses côtés, un bon Masetto de tradition, Kirill Filin impliqué dans son emploi.


Alexandra Nanoshkina apporte la fraîcheur requise à Zerlina, avec une ravissante voix projetée et souple.


Vêtu comme un mousquetaire, Alexander Chernov est un intéressant Don Ottavio à la voix charnue et virile. Il pourrait alléger les aigus davantage (le vibrato s'accélère parfois dangereusement sur ces notes-là) mais il est doté d'un délicieux timbre ensoleillé, et la voix s'avère équilibrée dans tous les registres. Il ne triche pas avec les graves, clairement émis et sonores. Il ne chante que Dalla sua pace, et c'est bien dommage que Il mio tesoro soit encore coupé.


Natalia Ritter ne manque pas de moyens, d'une voix superbe et également équilibrée dans tous les registres. Elle incarne une Donna Anna convaincue et d'une grande noblesse ; elle aussi privée de son second air, elle triomphe dans un Or sai chi l'onore de haute volée, aux aigus assurés et d'une belle ligne musicale..


C'est à Irina Alexeeva que revient une Donna Elvira un peu plus mûre, ce qui correspond bien à l'idée que je me fais du rôle. Son interprétation est de grande classe, pleine de dignité et d'émotion, et elle mêle qualité de la ligne aux tourments de la femme blessée. Superbe une fois encore.


German Yukavsky met sa grande voix, large et sonore, au service d'un remarquable Leporello, très animal, extrêmement incarné, qui donne à voir les craintes et les faiblesses du personnage sans sacrifier le comique. Le Madamina, il catalogo è questo est un régal, tant il en varie l'interprétation tout au long de l'air. Aujourd'hui il fête ses cinquante ans, bon anniversaire !

Je suis "ami" avec lui sur les réseaux sociaux depuis notre rencontre à Saint Petersbourg et nos échanges m'ont toujours montré sa gentillesse. Je le retrouve avec grand plaisir.


Alexander Polkovnikov est un étourdissant Don Giovanni, félin et racé, inquiétant parfois, qui semble prisonnier de son addiction aux femmes. Le timbre est magnifique, le musicien intelligent (il varie les reprises, ce n'est pas si fréquent). Et, encore plus rare, il s'accompagne lui-même à la mandoline pour le Deh vieni alla finestra, un tour de force que je ne crois pas avoir déjà vu. Son interprétation de l'air, sur le souffle, avec des ombres qui passent, est magnifique par ailleurs.


Orchestre et chef sont placés en fond de scène, derrière un rideau ; un retour derrière les spectateurs permet de caler certains démarrages délicats mais ce n'est tout de même pas idéal pour la précision. Le chef propose des tempi parfois surprenants, en accentuant les mouvements lents comme les mouvements rapides, mais il fait du bon travail. Rien à dire non plus sur la poignée de choristes qui semblent bien plus nombreux.






Natalia Ritter

Irina Alekseenko

Alexandra Nanoshkina, Alexander Markeev

avec Alexander Chernov

Kirill Filin

Alexander Polkovnikov

avec German Yukavsky

2 commentaires:

  1. What a great performance! I feel as if I was in that theater, watching the singers closely.
    Congrats for your fine report.
    Annie

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