Prague : la maison municipale (Obecni dum)

Autrefois on avait édifié ici un château directement lié à l'enceinte, dont il ne reste qu'un élément, la tour poudrière.

L'extérieur

Dans la première décennie du XXe siècle, on construisit à sa place cette Maison Municipale, un vaste bâtiment orné d'une superbe marquise dans son angle.

Mosaïques, statues, ferronneries, rien n'a été négligé pour impressionner le public.

La forme des éléments de décoration est peu banale ; c'est qu'on est à ce moment en plein Art Nouveau, dont la Maison Municipale est un des plus fameux représentants dans le monde. Il ne faut pas oublier que Mucha, ce peintre devenu célèbre en exécutant une affiche pour Sarah Bernhardt, était tchèque.

L'intérieur

Dès les débuts on avait prévu des luxueux restaurants au rez-de-chaussée. Le café rutile avec ses luminaires caractéristiques.

Dans le hall, les guichets sont décorés de vitraux, qui connaissent alors un fulgurant développement. Ils sortent alors des églises pour s'ouvrir à un nouveau répertoire, largement géométrique et floral.

On a utilisé du vrai marbre pour l'escalier et du faux pour les murs, mais c'est vraiment bluffant.

Les ondulations de l'Art Nouveau divisent à présent les portes.

Ici, ce serait plutôt un patchwork d'influences : formes géométriques novatrices s'associent à des statuettes et des frises qui rappellent le baroque qui a tellement marqué cette ville.

J'aime beaucoup ces décorations caractéristiques de l'Art Nouveau, qui m'évoquent vraiment le Wiener Werkstätte voisin, un groupement où s'exprimèrent Klimt et Kolo Moser.

La salle Smetana

Ce qui saisit d'abord quand on pénètre dans la salle, c'est l'espace : 900 m2 tout de même. Sur scène, le fond est masqué d'un imposant buffet d'orgues, avec au centre un médaillon de Smetana, le compositeur national (auteur de La Fiancée Vendue notamment).

Les arcatures sont décorées de fresques mais c'est beaucoup plus rare de voir le plafond percé de verrières.

Les statues reprennent des formes connues, mais renouvelées. Des caryatides qui soutiennent le balcon, ce n'est en rien stupéfiant, mais ce n'est pas banal de les voir inversées : les jeunes filles "portent" la structure avec le torse, et leur position arquée lâche la chevelure en arrière. Un exemple intéressant de transformation de modèles antiques.

C'est là que je vais voir le concert de la Saint-Sylvestre.

Suite de la promenade

Après le concert, il reste du temps avant le réveillon. Un petit coup d'œil sur un autre monument de l'Art Nouveau pragois, le luxueux Hôtel Pariz.

Une galerie d'art expose les peintures d'un artiste russe, Onitchenko si je déchiffre bien la signature en cyrillique.

Réalisme modernisé ; le peintre montre ici une solide technique. Je suis sensible à la lumière de cette barque sur l'eau, autant qu'à ces toits enneigés à la chaude palette.

L'église Saint Jacques

Impossible de photographier en entier, avec aussi peu de lumière, la façade de cette église du XIVe siècle, baroquisée comme toujours au XVIIIe.

Sur la façade, s'étalent des bas-reliefs grouillants de figures, plus italiens que tchèques. Une série de saints à coup sûr…

La nef impressionne par l'espace dégagé, une bonne trentaine de mètres de haut. A priori, les trompe-l'œil se succèdent à la voûte, et les autels baroques s'appuient à chaque pilier. Décidément, je n'arrive pas à voir cette église dans de bonnes conditions. Pour le prochain voyage !

Deux animaux, peut-être des ours, reniflent avec prudence dans ce portail Renaissance.

Retour vers Vladislavova afin de se préparer pour le Réveillon. On sert toujours le vin chaud devant le centre commercial et la tête de Kafka !