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dimanche 12 août 2018

Japon, Beppu : le circuit des Enfers, le centre du bambou



Je fais à pied le trajet vers la gare où j'ai repéré hier l'office de tourisme. Une employée qui s'exprime dans un bon anglais se montre très efficiente et me précise, plan et liste des horaires à l'appui,  comment réaliser mon programme. J'en profite pour acquérir le pass de bus et celui pour les enfers que je vais visiter. 900 ¥ le premier, 1900 ¥ le second, ce qui s'avèrera une bonne affaire car il est vendu 2000 ¥ sur place.



Je m'installe dans le bus pour un trajet assez long. Nous marquons l'arrêt au port des ferries (photo), dépassons un nombre inimaginable de salles de pachinko (machines à sous) de la taille de hangars.

Les Enfers (Jigoku) 


Finalement je descends à Shibaseki pour visiter les deux premiers Enfers.

Ce terme désigne ici des manifestations géothermiques différentes, sept au total, regroupées sur deux sites.

On sait que le Japon est caractérisé par son intense activité sismique et volcanique  et cette zone en est un des principaux hauts lieux.

D'ailleurs, je retrouve une foule de touristes, essentiellement asiatiques, comme je n'en ai plus vus depuis Tokyo.

Tatsumaki Jigoku




Je débute le Jigoku meguri, le circuit des Enfers, par le plus spectaculaire, l'enfer de la Tornade : un geyser précis comme une horloge, qui jaillit toutes les trente-cinq minutes.


C'est un peu dommage qu'une structure de pierre l'empêche de s'élever, mais c'est sans doute aussi moins dangereux. Les maisons sont édifiées vraiment à proximité immédiate.



Petite marche dans les alentours, où quelques habitations se nichent dans une nature verdoyante.


Chi-no-ike Jigoku 



L'enfer du bassin de sang tire évidemment son nom de la couleur. Le terrain est argileux et la vapeur le liquéfie pour obtenir cette teinte de terre cuite.





Partout la vapeur s'échappe. Les cheminées crachent perpétuellement de la vapeur.


J'attends le bus pour la seconde partie du circuit. Les petits malins qui ont prévu l'arrêt à côté de la bouche d'où s'échappe une vapeur brûlante mériteraient d'être plongés dans le bassin précédent !

Kannawa, petite agglomération de la banlieue de Beppu, vaut le détour. On a construit cette bourgade sur une cocotte-minute d'où la vapeur fuit par tous les orifices. De tous côtés la vapeur envahit les trottoirs, crée de hauts panaches à la sortie d'innombrables cheminées. Les rues sont percées de trous prudemment recouverts de grilles et une odeur de soufre imprègne l'air ambiant, très très chaud.

Shira-ike Jigoku 



Des micro-organismes ont donné à cette mare fumante, l'Enfer de l'étang blanc, cette nuance céladon.



On a aménagé autour quelques bassins pour présenter des poissons, surtout amazoniens.


Des Colossoma avec leur air craintif et leur allure placide, nonobstant leur taille respectable.


Les rares poissons-alligators avec leur museau effilé.


Une troupe de piranhas, ces prédateurs à la puissante mâchoire.



Consulter le plan est inutile, tout le monde suit le même circuit. Des étals proposent des denrées cuites directement sur les bouches de vapeur. Je retiens l'idée.


Oni-yama Jigoku



A nouveau du vert pour cet enfer de la montagne du démon (j'aime bien comprendre les noms de ce que je visite).


Après les poissons, les crocodiles. Peu de mouvements, les bestioles sont figés dans une (feinte) sieste.





Certains sont énormes et on se trouve vraiment tout près !


Kamado Jigoku



A l'entrée de cet Enfer du four, des chats astucieusement peints sur des galets fixent le visiteur.




Il tire son nom de son emploi pour la cuisine, mais vu la kitschissime créature préposée à l'accueil, il vaudrait mieux le baptise Enfer du Démon.


C'est un enfer intéressant qui présente plusieurs types de manifestations, différentes en fonction des micro-organismes qui s'y sont développés.





Et la cuisine à la vapeur naturelle perdure.





On n'a que l'embarras du choix !



J'opte une brioche, proche de celle de Takamatsu, un gâteau de riz gluant et un œuf.


Cuit à la vapeur soufrée, ce dernier brunit visiblement. Le goût est indéniablement inhabituel, mais il diffère de l'odeur du soufre. Je penserais davantage à une légère opération de fumage.


Et, pour poursuivre avec les découvertes, la glace au poivre. Un délice inattendu ! Après celles à la tomate, au céleri, à l'artichaut, au piment, à la sauce soja, au vinaigre de cidre, au miso, et je ne parle pas de nos versions françaises (romarin, lavande, basilic, j'en oublie sans doute), voilà un nouveau parfum à ajouter à ma collection. 790 ¥ en tout pour le déjeuner.


Après le déjeuner, bain de pieds dans un ashiyu, un bassin public. Le premier de la longue série de la journée. Pour ceux qui se lamentent que je n'insère pas beaucoup de selfies (je fais de gros efforts ces jours-ci), voilà un démenti flagrant.



Umi Jigoku



C'est le plus connu, cet Enfer de la mer, qui produit d'énormes panaches de fumée au-dessus d'un bassin effectivement plus vaste.


En prime, un étang avec plusieurs variétés de nénuphars. On aperçoit quelques Victoria amazonica, ces nénuphars géants qui peuvent supporter le poids d'un enfant.




Un petit temple, fraîchement repeint.





Mais la célébrité locale, la voilà.







Bon, un selfie, doigt fourni (je sais, il y en a beaucoup aujourd'hui, mais je n'ai pas assez de temps pour rogner les photos), où j'exhibe mon coûteux couvre-chef, acheté 108 ¥ dans une 100-yen-shop, soit moins d'un euro !

Oni-ishi-bozu Jigoku



L'Enfer du moine-démon montre des bassins de boue clapotante. Sans aucun respect pour les têtes dégarnies (!!!), les cercles qui s'y forment évoqueraient des crânes tonsurés.


Cela me rappelle, cette fois, la Solfatara, ce parc à Pozzuoli, dans la baie de Naples, que j'ai souvent visité. On y constate quasiment le même phénomène.


Je trouve les cercles formés très esthétiques. Des Claude Viallat à la surface !





Des lunettes ? Des seins ?



Et hop, nouveau bain de pieds dans un ashiyu. Encore un selfie, notez-le bien. Moins brûlant que le précédent, très délassant. La peau devient extrêmement douce au bout de quelques minutes.

Dans les rues de Kannawa



Le circuit est terminé, mais j'aimerais bien me promener un peu avant de reprendre le bus.


Un barbecue ?


Pas du tout ! Une bouche de vapeur, qui donne un côté d'holocauste à ce micro-temple urbain.


On peut boire l'eau ! Bon, pas tout de suite, elle sort à 85 °C. Une fois ramenée à une température sans risque, je me lance. Pas de goût de soufre, là encore. Plutôt une sensation d'infusion légèrement salée. Avec un peu de chance, ce sera bon pour la constipation !



Ashiyu communal. Fort plaisant lui aussi.




Le bain de vapeur, c'est une autre affaire. Je tiens à grand-peine une minute, mais j'ai vraiment la sensation d'être vivement torturé. Pas de braves non plus dans mes voisins. Et au fait, le selfie de genoux, ça compte ?

Mais je papote avec Grifyndur (orthographe non certifiée), un géant nordique que j'imagine Norvégien ou Suédois. C'est un Islandais ! Il arrive du musée du bambou, qu'il me recommande chaleureusement. Dans cette salle de sudation, il ne pouvait en aller autrement !


Poursuite du petit tour. Le temple où on laisse ses billets dans un panier si on veut acheter des offrandes montre une grande confiance, à juste titre, dans l'honnêteté japonaise.



Des jets de vapeur jaillissent dans tous les coins, ici.




La vapeur s'échappe même par les marches disjointes de l'escalier !

Changement de programme pour suivre le conseil de l'Islandais. Heureusement, je suis pourvu des documents de l'Office de tourisme, je vérifie les horaires sur Google Maps. En route pour Hikari no Sono Mae! C'est à dire Devant celle de la lumière (je bute sur Sono).


C'est une autre bourgade tranquille de l'agglomération, avec des jardinets charmants.



Le Centre du bambou



J'ai bien fait de suivre le conseil donné  J'avais bien vu le musée sur le Lonely, mais je redoutais une salle avec trois paniers et deux chapeaux coniques. J'en ai vu au Vietnam et au Cambodge dans ce genre-là.

Au contraire, c'est un espace bien conçu où on apprend une foule d'informations. Et je vais voir des objets extraordinaires ! Entrée 300 ¥, ce n'est toujours pas ruineux.




Il ne s'agit pas de montrer l'âge des troncs mais la variété des espèces. La plus grande des graminées s'est adaptée à tous les climats et il en existe des centaines différentes. Ces six-là, dont le Phyllostachys (le seul que je connais vraiment) sont les plus employés.

Plante merveilleuse, qui évite l'érosion des sols qu'elle dépollue simultanément, très solide, dont le charbon a des pouvoirs magiques…


Le filament de cette ampoule est une fibre de bambou !


Question motifs, on peut faire ce qu'on veut.


Il faut un peu d'outillage.


La vidéo explique l'emploi des sortes de grosses boîtes, avec lesquelles on effile les tiges.


Toutes les étapes de la fabrication d'un panier.




Ce matériau facile à se procurer (et de pousse rapide) a toujours été utilisé dans la vie courante.








L'exposition se poursuit avec une collection d'objets dus à de vrais virtuoses.











Des miniatures ! L'épaisseur de la vitre donne l'échelle.









La dernière partie est réservée à des créations plus audacieuses. On passe de l'artisanat à une dimension artistique.



Quelle complexité !



















Je m'y attendais ! Passage par la boutique prévu ! Une salle aménagée avec classe.


Quant aux prix, c'est toujours la même chose. 270 € le vase. L'artisanat, au Japon, atteint des sommets.


100 € les six dessous de verre !


Je rentre sur Beppu avec un dernier bus.


Je traverse la gare en passant par sa galerie marchande. Je flâne dans une boutique de thé où on m'accueille très gentiment. On me fait goûter des spécialités rares : thé de champignons (shiitake) , et autres champignons sucrés, à consommer en dessert.



Je peux acheter ces champignons sucrés. Je ne suis pas certain de faire l'unanimité en France.


Toujours une forte fréquentation dans les salles de pachinko.

Dîner à Toyotsune



Le Lonely comme Gryfindur ne tarissent pas d'éloges sur ce restaurant. D'ailleurs, bien qu'il soit très tôt  moins de 18:00, il faut faire la queue. On note son nom sur une liste, on vous appelle quand il y a de la place.



Dernières expériences gustatives de la journée. Il n'y a plus de bungo-gyu, le bœuf local, mais je peux me rabattre sur d'autres spécialités. J'entame le repas avec le ryukyu, un poisson cru mariné dans une préparation de sésame, saké et sauce soja. Le goût surprend tout d'abord mais je trouve ce plat inconnu délicieux.

J'accompagne avec un High Ball préparé avec un agrume de la région, le kabosu, un citron un peu acide et épicé, fabuleusement parfumé.


Spécialité de tempura, ici, à base de poulet mariné, servi avec sauce soja et une sauce vaguement gribiche (comme l'autre jour). Fondant et croustillant ; une réussite.


En dessert, une soupe de haricots sucrés baignant un petit gâteau de riz, souple et élastique.
2380 ¥, boisson comprise. 18 € environ.

C'est une journée de découvertes dans plusieurs domaines. Vive les voyages !

Je me hâte de terminer l'article, je veux profiter de l'onsen une dernière fois. J'espère tout de même en trouver à ma prochaine destination. 

10 commentaires:

  1. So fascinating! An incredible day! I think about Yosemite National Park with your pictures. And you eat UNBELIEVABLE food.
    A top post.
    Annie

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    1. Thank you Annie. I think Yosemite Park is also an amazing place!

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  2. On ne s’attend pas à une nature aussi verdoyante dans cet univers volcanique, à priori assez hostile. Le rose du lac contrastant avec son environnement participe d’un tableau des plus réussi. Les vapeurs permanentes qui se dégagent n’ont, de façon incroyable, pas dissuadé la construction de cette bourgade.
    Un blog avec des couleurs délicates, mais des menaces exprimées par ce volcanisme actif.
    Toujours des nouveautés gustatives avec, aujourd'hui, la glace au poivre : il fallait y penser et oser.
    Merci pour cette journée embrumée de vapeurs (soufrées ?).

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    1. C'est bien vrai. C'était une journée en couleurs. Mais finalement, la vraie surprise, ce furent les réalisations en bambou !
      Merci pour ce long commentaire. Quels progrès !
      Gros bisous

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  3. Extraordinaire reportage ! Cette ville est un endroit inimaginable. J'aurais les chocottes d'habiter là-bas, ça peut exploser à tout moment !
    Bises
    Michèle

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  4. Entièrement d'accord. Eau chaude gratuite, peut-être l'électricité aussi, mais on vit sur un baril de dynamite !

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  5. Wow thanks for this amazing post and your extraordinary pics. I Think your blog is very interesting and I would like to travel to Japan in the future. Amazing country!
    Ines

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    1. Thank you Ines. I wish you a wonderful travel to Japan !

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  6. Tres interessante visite. J'adore votre blog. Vos articles sont tres agreables a lire.

    Cannelle

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