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vendredi 27 juillet 2018

Festival de Montpellier : Dalberto et Goerner

Deux pianistes sinon rien !
Curieuse idée de programmer deux pianistes dans la même soirée, avec des programmes bien différents même si on peut trouver des correspondances.
Mais deux grands artistes, au jeu personnel et très intériorisé, avec un choix de grandes pièces. Voilà de quoi se réjouir !

Michel Dalberto




Michel Dalberto ouvre le bal avec un programme centré autour de Liszt, débutant par la Bénédiction de Dieu dans la solitude. Cette pièce, composée à partir de poèmes de Lamartine, est une merveille sonore, pleine de trilles enchanteurs, de jeux harmoniques et d'échos audacieux. César Franck se montre un digne héritier avec son Prélude, choral et fugue, qui renvoie évidemment à Bach, mais dont la filiation se lit dans un piano religieux.


Liszt à la fin de sa vie est obsédé par la mort, et sa Lugubre gondole serait une prémonition de celle de Wagner. On y entend le glas et les silences sont bouleversants. Richard Wagner – Venezia  est écrite après la mort avérée, et c'est le poignant hommage d'un compositeur à un autre, son proche et ami. Malgré son aspect lugubre, le nocturne En rêve se base sur une mélodie lyrique soutenue par un accompagnement liquide. Liszt, créateur inouï, y expérimente une structure harmonique révolutionnaire. Debussy poursuit cette recherche tonale à travers ses oniriques Images, dont Dalberto propose trois magnifiques pièces, Cloches à travers les feuilles,  Et la lune descend sur le temple qui fut et le sublime  Poissons d’or. On sent le travail intériorisé d'un artiste, qui ouvre l'espace et suggère la poésie, fort d'une solidité imparable.


Un programme extrêmement intelligent, remarquablement servi.

Nelson Goerner



Programme tout différent pour Nelson Goerner, centré sur des compositeurs audacieux et inventifs. Il commence par la lumineuse Sonate n°13 de Schubert, composé dans une période sereine lors de vacances en Styrie, avec un merveilleux thème lyrique obscurci par des tonalités mineures. La prodigieuse créativité de Brahms éclate avec les Variations sur un thème de Paganini, où l'hommage au violoniste virtuose est l'occasion d'une fantaisie imaginative, dans la lignée des Variations Diabelli de Beethoven.

Trois aspects du génie de Chopin, le Nocturne op.48 n°2, la Barcarolle op.60 et l'étonnant Scherzo op.39 n°3, auxquels répondent la Suite Napoli de Poulenc, une œuvre que je découvre et qui semble un message lointain au compositeur polonais. Très impressionnant Caprice italien qui la conclut, d'une redoutable virtuosité.

Goerner montre dans ce programme kaléidoscopique sa coutumière maîtrise technique, souligne l'importance harmonique de ses pages tout en affirmant la variété de son expressivité poétique. Un magnifique travail d'interprétation.


2 commentaires:

  1. I love Liszt and Chopin. Your great post reveals a fascinating concert.
    Annie

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