Londres : Wigmore Hall, Sky Garden, Barbican

Changement d'heure, une heure de plus au lit, youpi ! Le bonheur tient parfois à peu de choses...

Petit déjeuner continental en papotant avec un couple d'Italiens dont c'est le premier séjour à Londres, je leur refile des tuyaux. Je  ne traîne pas exagérément car j'ai tout de même un bout de chemin à parcourir.

 Je traverse à nouveau Belgravia en passant devant l'incroyable pâtisserie Peggy Porschen, dont la devanture mérite toujours une photo. Je viens de déjeuner : je résiste sans trop de difficultés aux délices de la maison.

Hyde Park, un dimanche matin

Via Knightsbridge, j'atteins bientôt Hyde Park. Je l'ai vu plus flamboyant certains automnes, et le temps couvert de ce matin n'améliore guère mes images. Je limite donc les clichés.

Les volatiles de la Serpentine n'ont qu'une idée en tête, quémander auprès des promeneurs !

 Bonne idée, ces transats. Personne ne semble néanmoins tenté.

 Comme si l'offre n'était pas suffisante, voici un nouveau théâtre, apparemment provisoire, sis à côté de Marble Arch. On y donne un musical inconnu, Five Guys Moe. Un rapport avec la chaîne Five Guys ?

Concert au Wigmore Hall

J'adore cette salle de concerts et j'y suis fidèle à chacun de mes voyages. J'essaie de coordonner mes dates pour avoir au moins les concerts de midi du dimanche (Sunday Coffee concert, avec café ou sherry offert) et du lundi (retransmis toujours sur BBC3).

 Cette salle vénérable a vu défiler le gratin de la musique, et son acoustique est idéale pour la musique de chambre.

 Aujourd'hui, le pianiste Olli Mustonen accompagne le violoncelliste Steven Isserlis dans un programme XXe siècle à dominante russe. Une balade de Prokofiev, deux pièces écrites par le pianiste (bien intéressantes, mélodiques avec une partie piano inventive) et la formidable sonate en si bémol de Kabalevsky. Ce dernier compositeur, trop peu joué, est constamment passionnant et cette œuvre d'une incroyable difficulté m'avait fortement marqué à ma première audition, il y a vingt-cinq ans, aux Semaines Musicales de Reims. Je retrouve la même émotion, et la profondeur et l'engagement prodigieux de ces artistes assure la magie du moment. Ma voisine, avec qui j'ai un peu échangé avant le concert, partage mon enthousiasme en dépit de ses réticences initiales. Cher lecteur, si tu la vois programmée à un concert, n'hésite pas. Tu t'en souviendras longtemps !

 Après cette heure sur les sommets musicaux, il est temps de me restaurer avant le périple de l'après-midi.
Je suis les conseils de ma voisine et pars vers un restaurant bio et chaleureux, selon elle.

Steven Isserlis

Olli Mustonen

Déjeuner à Sourced

 Je ne garantis pas que ce soit bio mais c'est sympathique. On y mange, sur de chaleureuses tables d'hôte, une nourriture assez simple à tendance veggie.

 J'opte pour la version meat. Bonne steack and ale pie avec deux salades, en l'occurrence tomates et radis noir et torti à la roquette. Avec un cookie aux cranberries (j'ai oublié de le prendre en photo), 10 £ tout rond.

Périple pédestre

Je redescend sur Oxford Street, où les innombrables magasins ouvrent tous le dimanche. La foule conséquente s'y presse.

 Debenham's a sorti le grand jeu avec sa façade rutilante.

Je fais plutôt un tour chez John Lewis, également endimanché.

Aujourd'hui c'est arc-en-ciel à tous les étages !

C'est pas tout ça, mais j'ai du chemin à faire...

Je sillonne le quartier pour tenter d'emprunter des rues plus calmes et me retrouve bientôt dans le quartier des Seven Dials, les Sept Cadrans,  un coin que je n'apprécie pas seulement à cause du roman d'Agatha Christie.

 Le Cambridge Theater, où j'ai vu jadis Chicago, donne depuis plusieurs années Matilda avec le même succès. Bizarre, sur Broadway ça a tenu beaucoup moins longtemps.

 Je parcours l'interminable Holborn, qui offre au moins des façades pittoresques pour distraire le chaland.

Quelques façades ornementées ont été préservées au niveau du fameux Holborn Viaduct. Ce quartier ne cesse de changer en profondeur, il est quasiment méconnaissable par rapport à mes premiers voyages.

Ce griffon (ou dragon, j'hésite) est prêt pour Halloween, avec ses inquiétants yeux carmin.

 J'écrivais lundi que la coupole du Panthéon parisien s'inspirait de celle de Saint Paul. A les comparer à quelques jours de distance, je pense que Soufflot a cherché à surélever la sienne, par rapport au travail de Wren. Mais le Panthéon s'élève sur une colline, l'impression n'est pas la même. En tout cas, le modèle demeure bien le Panthéon romain, définitive perfection léguée par l'Antiquité. 

 Je n'ai jamais trouvé porte ouverte de cette église, qui, à mon avis, concourt pour le prix de la façade la plus ratée ! Je suis très curieux de découvrir si l'intérieur joue dans la même catégorie. Pour moi certaine église de Southbank garde toutes ses chances...

Sky Garden

J'ai réservé pour visiter ce lieu très convoité. C'est gratuit mais le code-barres magique est indispensable pour rentrer.
Le Sky Garden s'avère un gratte-ciel assez récent au sommet duquel, au 35e étage, on a planté un jardin exotique. Fougères arbustives, aeoniums, broméliacées s'y épanouissent avec beaucoup de plaisir.

 C'est cependant pour la vue étendue que tout le monde s'y presse. On y domine la capitale comme si on faisait un tour en hélicoptère.

 Moi aussi, j'y prends un café, et y reste une bonne heure en retapant l'article de la veille, qui s'est mystérieusement évaporé quand je le mettais en ligne. Raison pour laquelle il ne paraît qu'aujourd'hui, ce n'était pas nécessaire de me bombarder de messages pour me le rappeler !

 Et, comme je m'y suis donc attardé, je bénéficie des rayons dorés du couchant.

Concert au Barbican

En quittant le Sky Garden, une dame me demande où se trouve le Barbican. Pas de problème : j'y vais aussi ! Finalement nous tchatchons tout le long du chemin, récupérons nos places ensemble et même mangeons en poursuivant la conversation.

 Malgré ses airs d'années 70, le Barbican est un centre culturel bouillonnant d'énergie, avec ses bibliothèques, expositions, théâtre, cinéma. Je connais surtout la salle de concert où j'ai assisté à beaucoup de soirées mémorables.

Dîner rapide donc dans le Barbican Kitchen toujours animé. Je choisis le beef stew, le frère de notre bœuf mode. Je soutiens (audacieusement, j'en ai bien conscience) la théorie que les cuisines traditionnelles française et britannique ont beaucoup plus de point commun que l'une et l'autre ne veulent l'avouer.

Effet de verres et de lumières dans la Barbican Kitchen.

 Khatia Buniatishvili a les deux atouts maîtres pour réussir le 2e concerto de Rachmaninov, un piano qui peut être extrêmement liquide comme puissamment percussif.
Gianandrea Noseda reste un partenaire de choix à la tête du London Symphony Orchestra, qui réside au Barbican. Après cette œuvre éprouvante, l'adorable Khatia donne en bis une diabolique Rhapsodie Hongroise de Liszt à un tempo échevelé. Fraîche comme une rose après ce parcours titanesque !

Gianandrea Noseda dirige ensuite avec beaucoup de conviction la 4e symphonie de Tchaikovsky, très attentif aux climats et aux contrastes, obtenant de son orchestre virtuose des pianissimi si ténus qu'on entend la tourne des pages. A l'aise dans tous les répertoires, comme dans sa Lucia au TCE !

Gianandrea Noseda

Dans sa loge, Gianandrea Noseda (qui a eu très chaud !)

avec Khatia Buniatishvili, dans les coulisses

Retour nocturne par des rues paisibles. J'évite les grands axes (Fleet Street, le Strand) pour me protéger du vent !