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lundi 29 mai 2017

Barcelone : Musée National de Catalogne + La Fille du Régiment au Liceu


Beau temps,  températures déjà élevées mais un peu d'air appréciable pour commencer la journée. Direction la Granja Viader, cette inclassable adresse historique où le chocolate alla taza est incomparable. Je l'accompagne avec des churros comme il se doit.




La ruelle est si étroite qu'il est impossible de prendre une photo de face.


Les anciennes publicités de la maison recouvrent les murs.


Le matin, difficile de trouver une table !


Menu à l'ancienne.



Si certains ignorent ce que sont les churros, ce sont les longs beignets striés, à droite de la tasse de chocolat. Ceux-ci sont incroyablement peu gras et peu sucrés, je les place au sommet de mon étude comparative !

Promenade dans le Raval


Le centre historique, avec ses hautes rues étroites, est particulièrement agréable. Les bâtisses, parfois fort anciennes, côtoient les réalisations plus récentes comme le Macba, ce musée d'art contemporain.


Les balcons finissent par former des murs végétaux.



Les luminaires municipaux ont une vraie facture moderniste, ce mouvement dans lequel s'inscrivit Gaudi.


Les toitures des chapelles de Notre Dame de Bethléem sont couvertes de tuiles vernissées d'un vert éclatant.


L'ancienne Portaferrissa (la porte de fer) est représentée sur les carreaux de céramique qui ornent cette fontaine.


Architecture historique et créativité contemporaine près de l'université.


Sur une des rares vastes places du Raval, le sculptural édifice du Macba.


Façade dépouillée comme un vestige archéologique.




Un peu de street art, tout de même.







Montjuich


Le Poble Sec permet d'atteindre rapidement la colline de Montjuich, via d'agréables boulevards ombragés.

Cette arrivée latérale n'offre pas la même perspective que celle depuis la Plaça d'Espanya, mais la partie supérieure reste photogénique avec ses jeux d'eau. Des escalators extérieurs permettent une mon facile à ceux qui en ont besoin.





La terrasse extrêmement touristique offre un point de vue élevé.

Le Museu Nacional de Catalunya 


 Ce Musée National de Catalogne occupe le grand palais qui trône au sommet, souvent photographié par des touristes qui en ignorent la destination.


J'avais, dans mes études universitaires, suivi un cours d'iconographie médiévale où le professeur nous avait fait travailler sur l'art roman catalan. Je croyais que, pour découvrir toutes ces fresques, il fallait sillonner les Pyrénées. Découvrant qu'elles avaient été dégagées, je n'ai eu de cesse de me rendre dans le musée qui les abritait. Ce fut une de mes premières visites à Barcelone. Le musée était autrefois assez poussiéreux et présentait, à côté de cette fabuleuse collection romane, une belle série de céramiques. Les collections ont considérablement évolué au cours des travaux et des modernisations. La collection Thyssen a migré depuis le monastère de Pedralbes pour arriver là. Aujourd'hui, cela reste une adresse incontournable pour les amateurs d'art médiéval, et les diverses sections offrent quasiment une journée de visite.

Torné Esquius 


Je commence par l'exposition temporaire, consacrée à un peintre méconnu, Torné Esquius. Cet artiste a vécu la majeure partie de sa vie en France, où il a travaillé dans diverses directions, notamment les dessins pour la presse et les livres pour enfants. Il a aussi tracé à l'encre de Chine de délicats dessins épurés et peint, dans des tons un peu sourds, des intérieurs calmes à la Vuillard. D'exquises huiles représentant des jardins figurent aussi dans l'exposition.

Voici quelques images glanées sur Internet, les photos étaient interdites dans l'exposition.











L'art roman 


Le point fort de cette fameuse collection, ce sont ces fresques détachées des églises et présentées dans des structures reconstituant les absides, les chapelles, parfois l'église entière.


Ce dispositif un peu barbare à la base a cependant permis de sauver des chefs-d'œuvre dans des églises loin de tout.

L'œuvre la plus fameuse est l'exceptionnel ensemble de San Climent (Saint Clément) de Tahull, mais beaucoup d'autres fresques, parfois assez lacunaires, sont remarquables.
















Autre part importante, les devants d'autel, où l'évolution stylistique est plus aisément perceptible. On voit comment les artistes ont trouvé peu à peu des solutions artistiques différentes face à des contraintes strictes : format et proportions presque immuables, palette réduite limitée par les pigments disponibles, programme iconographique forcément réduit (le Christ, la Vierge, Évangélistes et une poignée de saints).













Les salles exposent aussi, outre ces programmes peints, sculptures et objets de culte. 










L'art gothique 

Peut-être moins célèbres, les collections d'art gothique n'en sont pas moins riches de superbes pièces. Les retables s'y taillent la part du lion, avec des œuvres souvent de grand format. Selon la période, la norme fige les représentations, ou laisse un peu de champ à l'expressivité.




































 La peinture européenne

La suite des salles précédentes présente une série d’œuvres plus habituelles, avec quelques grands noms. C'est toujours un plaisir.











Au restaurant du musée

Au bout du magnifique amphithéâtre, le restaurant est une bonne surprise. Le menu à 16 € propose un bon choix de spécialités locales, vraiment cuisinées. J'opte pour le riz "de montagne", très goûteux avec des légumes frais, la joue de porc avec la purée maison, et une délicieuse verrine de bananes caramélisées avec une mousse de noix de coco.




Retour avec le métro direct vers la Plaça de Catalunya, histoire de faire quelques courses au rayon épicerie fine du Corte Inglès.

La Fille du régiment  au Liceu

Cette année, j’ai de la chance. Après déjà une Fille du régiment  à Toulon et deux Anna Bolena à Marseille, puis à Avignon, de fort bonne facture, c’est mon quatrième opéra de Donizetti de l’année.
  J’apprécie beaucoup les opéras de ce compositeur, à mon avis sous-évalués et souvent considérés avec un peu de mépris par les lyricophiles intellectuels qui raillent des livrets simplistes ou ridicules et une musique facile. C’est vrai que le Bergamasque a énormément composé et qu’on n’y trouve pas que des chefs-d’œuvre – encore que, lorsque j’entends ses opéras inconnus, je suis souvent très heureusement surpris.


Il me semble, en regardant de plus près, que Donizetti a, au contraire, beaucoup expérimenté et tenté autant d’audaces que l’époque le lui permettait. Anna Bolena est un modèle de changements harmoniques permanents ! Et,  dans La Fille du Régiment, il tente sans cesse de casser le modèle de l’aria pour soliste en modifiant son format solo, en introduisant des interventions extérieures, en transformant l’air en ensemble.

En outre, la qualité mélodique de l’œuvre saute aux oreilles tout de suite. Le « A mes amis, quel jour de fête » est sans doute un tube pour ténor à aigu (et Florez a souvent offert en bis la dernière partie, « Pour mon âme » avec ses neuf contre-uts) et j’ai toujours du mal à me sortir le « Tous les trois réunis, quel plaisir mes amis de l’oreille » ! Mais ma faveur va aux deux superbes airs nostalgiques, « Pour me rapprocher de Marie » et « Il faut partir !  ». 

Une bien fameuse production



La production de Laurent Pelly, à l’origine copro entre Londres, New York et Vienne, a beaucoup voyagé et fait souvent entendre Natalie Dessay et Juan Diego Florez en couple vedette. Je l’ai vue à plusieurs reprises et ça reste, à mon avis, de loin la meilleure. Le portrait de Marie, indomptable garçon manqué, est d'une énergie qui dope tout de suite la représentation. Et pour moi, c'est celle qui équilibre le mieux la critique sociale et le comique, sans que l'un ne prenne le pas.

Cela dit, elle est tellement réglée au millimètre près qu'on a toujours l'impression de voir un spectacle identique, avec des silhouettes comparables (le faux crâne de Sulpice et la perruque de Marie y sont pour beaucoup). Mais je ne vais pas bouder mon plaisir !

Nouvelle distribution

Natalie Dessay a abandonné les scènes lyriques et Juan Diego Florez ne chante plus Tonio depuis un moment. Heureusement, plusieurs interprètes servent ce répertoire avec soin et on peut toujours bénéficier de grandes soirées dans cette œuvre. Ce soir, je n'ai jamais entendu aucun de ces chanteurs dans ces rôles-là. Découverte totale donc.


Giuseppe Finzi dirige les Orquestra Simfònica i Cor del Gran Teatre del Liceu avec maîtrise, un grand soin du phrasé, et fait respirer l'orchestre avec les chanteurs.

Isaac Galán, Hortensius, se tire fort honorablement des courtes interventions du personnage.

L’actrice trans Bibiana Fernández est notamment connue pour ses rôles chez Almodovar. C’est elle qui interprète le rôle parlé de la Duchesse de Crakentorp, en mêlant français et catalan, et se taille un joli succès.

Simone Alberghini, Sulpice, a le meilleur français de tous les chanteurs, et se montre parfaitement à l'aise dans le personnage. Belle voix utilisée naturellement, un Sulpice parfait.


Ewa Podleś, une vraie star au Liceu (c’est le théâtre où je l’ai le plus entendue), campe une Marquise de Berkenfield drôle et émouvante. Son registre grave a le mieux résisté aux années et elle sait se servir avec humour de sa voix quelque peu dessoudée. Je ne suis pas certain que je pourrai l'entendre encore très longtemps, mais elle se tire avec brio du personnage, et c'est un plaisir de retrouver cette grande dame dans un rôle comique.


Javier Camarena, Tonio, est le grand gagnant de la soirée. La voix, pas immense, est projetée avec métier, et ses aigus rayonnants enchantent le public. Il bisse Pour mon âme, gratifiant donc le public de dix-huit contre-uts ! Et son Pour me rapprocher de Marie, splendide aria mélancolique, est interprétée avec une émotion très juste, et un remarquable dosage des registres. Peut-être le Tonio de sa génération comme le furent Luciano Pavarotti, Alfredo Kraus et Juan Diego Florez.

Enfin le rôle-titre (Marie) est tenu par Sabina Puértolas. Sa princesse Eudoxie à Lyon m’avait moyennement convaincu. Je reste dubitatif devant le registre aigu et suraigu, que je trouve un peu strident, même si elle propose des piani dans l'aigu de bonne facture. Cependant l'actrice est totalement investie dans son rôle et le Il faut partir, cette poignante aria de la fin de l'acte I, est vraiment bouleversant, et elle mérite les triomphaux bravos qui le suivent. Mon voisin a la larme à l’œil…



Simone Alberghini

Giuseppe Finzi

Ewa Podles
Javier Camarena


A quelques réserves près donc, une magnifique soirée, dont je sors encore une fois avec les tubes plein la tête.




6 commentaires:

  1. Incredible collection of medieval art. I never saw anything like that.
    Thanks for this long post, full of amazing photos !
    Annie

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    1. Thanks so much for your kind enthusiasm! Best wishes

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  2. Bonjour
    j'ai decouvert cet article par hazard en cherchant des images du Musée Nacional Les votres sont nombreuses et vraiement tres belles
    Votre blog a l'air tres bien je vais le regarde en detail
    Elodie

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    1. Merci beaucoup, Elodie, c'est très gentil. Cordialement à vous !

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  3. Super article. Tu montres uun musée extraordinaire. Plein de photos géniales. Il faut que j'aille à Barcelone ! Bises
    Michèle

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    1. Très, très longtemps après tous mes remerciements. Il est toujours temps d'aller à Barcelone !

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