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samedi 27 mai 2017

Barcelone : Promenade + Le Vaisseau Fantôme au Liceu

Retour à Barcelone

C'est mon habituel deuxième voyage de la saison, après celui à Noël pour Elektra.
En ce week-end de l'Ascension, impossible d'obtenir (même en réservant en décembre) des chambres dans mon hôtel favori, me voici donc pas loin, dans l'Hostal Rembrandt.



La première tâche, c'est de garer la voiture. Le centre-ville abonde en parkings privés, onéreux certes,  mais bien pratiques. Les prix ne varient guère, et l'Eden, comme beaucoup de ses confrères, facture la journée 30 €.


Il est situé Carrer Nou de la Rambla, juste en face du Palau Guell.


Habituel itinéraire du voyageur à deux pattes et deux roues, traînant le sac trolley.


Arrivée donc dans Portaferrissa, une rue commerçante fort animée. L'hôtel y occupe deux étages d'un antique immeuble.


La chambre s'y avère plus basique (et plus chère) que mon hôtel habituel, mais c'est propre et bien situé, c'est déjà ça.

Avec la circulation difficile pour gagner Barcelone, il est maintenant 16:00. En France, ce serait une mission hasardeuse, et même ici, ce n'est pas gagné. Sans compter que beaucoup de restaurants du coin se sont reconvertis dans les tapas, ce dont je ne suis pas spécialement fan.


Chez Portalon

Heureusement, on peut faire confiance aux adresses historiques du quartier. Portalon, une très ancienne auberge (de coche, paraît-il), accueille même les voyageurs  retardataires. C'est un restaurant que je fréquente depuis plus de trente ans, c'est dire !


Surprise, l'intérieur, qui s'est longtemps apparenté à la caverne, a été rénové dans le style barcelonais.


On y trouve de jolis détails de décoration, notamment de magnifiques gobelets.



Les prix demeurent fort raisonnables. Pour 12 €, on a droit à une vraie cuisine maison, plutôt traditionnelle que créative certes, mais qui respire l'authenticité. Je choisis les lentilles à la ventrèche, la fricandelle con patatas, et un brownie fort honorable. Une bouteille de délicieux Rueda pour faire descendre tout ça, le bonheur existe.




Shopping



Continuation par Banys Nous pour rejoindre la Plaça Nova, tout proche de la Cathédrale.





Desigual, cette marque locale devenue mondiale, a su garder une certaine créativité. J'ai vu des boutiques dans une dizaine de pays, et celles de Barcelone proposent souvent des articles qu'on ne trouve pas à l'étranger.


La décoration reste à l'image des vêtements, avec le thème du patchwork et une palette de vives couleurs.



Quelques achats dans le quartier plus tard, petite balade dans les rues piétonnes si achalandées avant de passer à l'hôtel pour un changement express.


Une mosaïque de photos de Foncuberta orne un mur du quartier.






 Le magasin Tiger, un Scandinave qui conquiert peu à peu toute l'Europe, souffle des bulles de savon dans Portaferrissa.

Traversée de la Rambla au niveau du marché aux fleurs.




Der fliegende Holländer (Le Vaisseau Fantôme) au Liceu


Premier opéra du week-end, un Wagner que j'aime beaucoup, assez souvent donné (quoique, ces dernières années, c'est Tristan que je vois le plus), mais dont je ne me suis jamais lassé.

La fameuse mise en scène de  Stölzl


La production de Philipp Stölzl, venue du Theater Basel mais bien connue depuis son entrée au Staatsoper Unter den Linden, creuse et maintient jusqu'au bout l'idée de la folie de Senta. Dès l'introduction, où on voit Senta captivée par sa lecture de la légende du Hollandais, on comprend que les scènes avec ce personnage mythique proviennent de son imagination. Tout apparaît dans le grand tableau du salon, qui ne s'anime que pour elle. Quand on voit les servantes la corseter strictement dans la scène du Brumm und Summ, on comprend que c'est le seul moyen pour elle d'échapper à une société qui l'étrangle. Daland, le cupide marin qui vend sa fille au premier riche venu, arrive bien avec un mari, mais qui n'est pas le Hollandais ! C'est un vieux bourgeois. Du coup, le duo se fait avec le Hollandais du tableau. Cette fois, on comprend pourquoi Senta ne reconnaîtrait pas l'homme dont elle contemple sans cesse le tableau.

Erik n'est pas un chasseur mais un terne employé, sans chance de succès auprès de Senta, mais dont le chagrin sera bien sincère devant sa bien-aimée qui vient de se suicider.

Il s'agit donc d'un point de vue original, mais bien maîtrisé, et qui réussit à rester cohérent avec le texte tout en éclairant des aspects. Exactement ce que j'attends d'une mise en scène.


Après de multiples remplacements...


C’est bien rare de voir une femme chef d’orchestre, et encore plus en fosse. Oksana Lyniv, une jeune Ukrainienne, assistante de Kirill Petrenko (futur chef des Berliner Philharmoniker) offre une direction fort intéressante, très contrastée, chambriste dans la transparence des bois et énergique dans les coups de boutoir du tuba. Elle veille à la dynamique et ne lâche jamais son investissement. Une belle découverte.

La distribution a subi beaucoup de changements, trois rôles sur six. A l'origine, Thomas Johannes Mayer devait chanter le Holländer, Shawn Matthey (un lointain Ferrando à Aix dans la mise en scène de Chéreau), Erik, et Emma Vetter, Senta dans la première distribution. Heureusement il s'agit d'un opéra de répertoire où on n'a pas de mal à trouver des remplaçants.


Nous retrouvons aujourd’hui en Mary Itxaro Mentxaka, une fidèle de la scène barcelonaise, un peu moins sonore qu'autrefois mais toujours efficace.

Mikeldi Atxalandabaso, le Steuermann, tient convenablement sa partie, mêmes si davantage de lyrisme dans la balade ne serait pas malvenu. 

Daniel Kirch hérite avec Erik d’un rôle bien moins pesant, mais aussi bien plus lyrique, que son Tristan, vu récemment à Lyon. Ce n'est pas commode d'avoir deux rôles aussi différents à son répertoire, et j'ai toujours préféré les voix plus souples et plus légères dans le rôle. Klaus Florian Vogt y est magnifique, comme autrefois Wieslaw Ochman, alors que Stephen Gould, remarquable Tristan, s'y trouve à la peine. Daniel Kirch joue vraiment, assure les aigus, ce n'est pas si mal.

Attila Jun, un habitué de Bayreuth (j'ai un beau souvenir de son puissant Hagen) pourrait davantage articuler (et parfois éviter un vibrato un peu lent) mais son solide Daland ne manque pas d'éclat.

Avec les modifications de distribution, je réentends un duo Senta-Holländer que j’ai déjà vu à trois reprises, Anja Kampe et Egils Silins (et pour lui, troisième occurrence de la saison après Samson et Lohengrin à Bastille). Ce dernier y est  à son meilleur, bien plus à son aise que dans Samson, et il offre un très beau phrasé.

Même si Anja Kampe paie aujourd'hui sa fréquentation de rôles plus lourds en devant aller chercher bien loin ses aigus, et en bataillant parfois pour réajuster des notes un peu basses, sa Senta montre une exceptionnelle musicalité, une large palette de couleurs et un impressionnant engagement scénique de véritable actrice. Elle domine le plateau sans difficulté.
Et toujours une personne adorable et sympathique, qui embrasse tout le monde et papote longuement avec ses fans.

Oksana Lyniv, Anja Kampe

Tout le plateau aux saluts

Attila Jun

Oksana Lyniv

Anja Kampe

2 commentaires:

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