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samedi 29 avril 2017

Paris : Snegourochka à l'Opéra Bastille

En voyage


Depuis mon aventure d'octobre dernier, je tiens à limiter le retard dû aux bouchons ; me voici donc parti à 7.15 pour parcourir les 30 km qui me séparent de la gare d'Aix TGV. Il me faut tout de même une heure trente à faible allure, mais j'arrive en avance et peux pleinement profiter des températures bien basses et du vent glacé qui ravage le plateau. La gare est bondée, un train est en retard (si bien que la montée dans ce Ouigo pour Marne la Vallée s'opère sans contrôle).



Le mien arrive à l'heure à la Gare de Lyon parisienne, et je n'ai même pas à attendre le bus 65 qui me dépose l'arrêt Oberkampf. Je loge toujours un peu dans le même coin à Paris !

J'ai réservé il y a fort longtemps dans un petit hôtel, rue Jacquard, dont je suis client depuis longtemps, et il semble que je me sois trompé de date. Ils m'attendaient hier.

Le problème à régler est surtout que j'ai bien réservé pour deux nuits, et donc que je n'ai pas de chambre pour la nuit de samedi à dimanche. Heureusement, la grande gentillesse des hôteliers aidant, ils vont essayer de me trouver quelque chose…


Déjeuner au restaurant L'arbre jaune 


Je ne peux pas me permettre de trop traîner, je dois retrouver  Jeanne-Marie, une vieille amie parisienne. Elle m'a fixé rendez-vous dans un restaurant rue Jean-Pierre Timbaud, L'arbre jaune, dont elle m'avait dit le plus grand bien.



C'est effectivement tout à fait recommandable. Le restaurant fonctionne en cuisine ouverte, généralement un gage de qualité. Fait original, il propose de l'eau plate ou de l'eau pétillante élaborée sur place.

C'est de la cuisine maison, sans produits coûteux, mais savoureuse et avec une touche d'originalité. 
Aujourd'hui, dans le menu à dix-sept euros et quelques, je choisis le velouté de petits pois au pesto (une bonne idée à refaire à la maison), le waterzooi de poulet, plat dont je suis friand et que je n'ai pas cuisiné cet hiver.

Et, chouette, il y a du riz au lait. Le leur est parfumé à la cardamome, servi sur un fond de caramel au beurre salé. Un vrai délice.

Je confirme, une excellente adresse.




Lorsque nous sortons pour aller boire le café chez elle, nous tombons sur une scène peu banale. Nous sommes vendredi, et, dans ce quartier bigarré, la foule se rassemble pour la prière, sur le bord du trottoir.


L'après-midi file vite et je dois filer dans le Marais où j'ai quelques courses à faire.



J'ai juste le temps de passer à l'excellente boulangerie Ganachaud pour acheter une demi-flûte, chez le charcutier pour une tranche de jambon au bouillon, et vive la gastronomie. Un super sandwich pour 2,10 €. Un café avalé en vitesse au Café Rey et me voici à l'Opéra.

Snegourochka à l'Opéra Bastille







Mon week-end parisien est surtout motivé par cette Snegourochka, un opéra de Rimsky-Korsakov que je n'ai jamais vu.

Le livret est fidèle à une pièce à succès d'Ostrovski, aux allures de conte, devenue très populaire dans le monde russe.

La fille de la Fée Printemps et du Bonhomme Hiver est envoyée chez les Berendai, un peuple de la forêt. Recueillie par un vieux couple (Bobylicka et Bobyl Bakula), elle tombe amoureuse d'un chanteur, Lel. Sa nouvelle copine, Koupava, doit se marier avec un homme de belle prestance mais, manque de bol, c'est de Snegourotchka que celui-ci s'amourache au premier regard. Koupava, outragée, porte l'affaire devant le tsar. Par ailleurs, elle se console avec le chanteur qui avait séduit Snegourotchka. Après un coup de main de sa maman,  Snegourotchka finit par tomber dans les bras de Mizguir, le promis initial de Koupava, mais l'amour la consume et elle fond au soleil. Son bien-aimé se suicide de chagrin.  Encore une histoire d'amour non partagé, d'autant plus cruelle qu'à la fin, le tsar déclare que bon, tout ça c'est bien triste, mais que ce n'est pas une raison pour interrompre la fête du soleil ; et hop, retour des réjouissances !


Comme souvent, la mise en scène de Dmitri Tcherniakov est basée sur une transposition, dans un souci évident de refuser le conte (Snegourochka reste étendue au sol au lieu de fondre) et de contextualiser tous les éléments du livret. Ainsi, la chanson de la fée avec les oiseaux se fait dans un gymnase avec des enfants qui répètent un ballet, déguisés en oiseaux comme s'il s'agissait d'un spectacle scolaire, et l'air de la jeune fille semble une audition.

Les Berendai sont devenus une secte, vivant dans bungalows et caravanes au fond des bois, idée accentuée par le spectaculaire décor hyper-réaliste de forêt. Et on comprend très bien que la jeune Snegourochka s'amourache d'un décalé comme ce Lel semi-hippie.

Ca fonctionne extrêmement bien, avec une grande lisibilité, toujours importante dans le cas d'œuvres peu familières.


A quelques réserves près, le plateau est magnifique. Carole Wilson, Bobylicka, est plus vraie que nature et Vasily Efimov, L'Esprit des bois, offre ses habituelles qualités de projection. Vasily Gorshkov, Bobyl Bakula, est un ténor de caractère doté d'une voix percutante, parfait. Les deux vétérans, Franz Hawlata, Bermiata, et Vladimir Ognovenko, Le Bonhomme Hiver, ont encore une voix correcte et jouent en vrais acteurs.

J'ai trouvé la voix d'Elena Manistina, La Fée Printemps, un peu métallique, mais c'est ma seule réserve sur son interprétation. J'ai été davantage déçu par le Mizguir, Thomas Johannes Mayer, pourtant un chanteur non négligeable que j'ai applaudi en Holländer ou en Mathis der Maler à Vienne. La voix, ce soir, sonnait engorgée, et les phrases musicales parfois rugies plus que chantées. Peut-être s'agit-il d'un parti pris interprétatif mais je le regrette pour ce très gentil artiste.

Maxim Paster, le Tzar Berendeï, remplace Ramon Vargas. La voix n'est pas immense mais très bien utilisée, seul le registre suraigu lui pose vraiment des problèmes. 

Maxim Paster, le tsar

Yuriy Mynenko interprète Lel et c'est magnifique. Ce contre-ténor a une voix splendide, il cisèle artistiquement ses mélodies. Une vraie découverte.

Yuriy Mynenko, Lel

Martina Serafin, que j'aurais dû entendre dans Lohengrin, chante Koupava avec beaucoup d'engagement et toute la richesse de sa voix ravit les oreilles. Peut-être paraît-elle un peu mûre par rapport à Snegourotchka, mais je ne sais pas si le personnage est prévu ainsi.

Snegourotchka (La Fille de neige) est chantée par Aida Garifullina, que j'avais découverte dans un Elisir d'amore à Vienne, et c'est une pure merveille de timbre, de tenue, de maîtrise.

Je devrais préciser que tout le monde joue parfaitement, comme au théâtre, et qu'on est pris en permanence par l'action.

La direction musicale de Mikhail Tatarnikov, le chef du Théâtre Mikhailovsky où j'étais il y a deux semaines, est intéressante, très vivante, toujours soucieuse d'équilibre.
 
Après ma série russe (Khovanchina et Pikovaya Dama), voici une version parisienne réellement réussie !

Toute la troupe de Snegourochka !

Vasily Efimov
Vasily Gorshkov, Carole Wilson

Vladimir Ognovenko

Elena Manistina, Franz Hawlata

Vladimir Ognovenko, Maxim Paster

Yuriy Mynenko, Elena Manistina

Maxim Paster, Martina Serafin

Martina Serafin, Thomas Johannes Mayer, Yuriy Mynenko

Thomas Johannes Mayer, Aida Garifullina, Yuriy Mynenko, Elena Manistina

Maxim Paster, Martina Serafin

Vasily Efimov, Vasily Gorshkov


Thomas Johannes Mayer, Mikhail Tatarnikov, José Luis Basso, Aida Garifullina

José Luis Basso, Aida Garifullina, Yuriy Mynenko, Elena Manistina

Thomas Johannes Mayer, Mikhail Tatarnikov, José Luis Basso


Yuriy Mynenko

Aida Garifullina


Maxim Paster


Je complète avec les artistes vus dimanche soir.
Franz Hawlata

Mikhail Tatarnikov
 Vasily Efimov

Vladimir Ognovenko

Thomas Johannes Mayer


On peut voir la retransmission sur Arte Concert actuellement, profitons-en !

6 commentaires:

  1. You have superb restaurants in France. I think I will try to listen to opera music, it seems such a pleasure in your posts!
    Annie

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  2. Je vais essayer ce restaurant, ça a l'air un bon plan.
    Bruno

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  3. Superbe représentation, on dirait. Merci pour les photos.
    André

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  4. Mais je vous en prie ! Merci pour le commentaire.

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