Très ancienne église de Rome, entre le Tibre et le Capitole ; rarement visitée et pourtant intéressante !
En 731, le pape Grégoire III crée une diaconie, c'est à dire une paroisse placée sous l'autorité d'un diacre-cardinal, spécialement pour assister les prisonniers de la prison Decemvirale qui se trouvait tout à côté. Il la place dans une église datant du VIe siècle, qui exploite les ruines (déjà !) d'un des Fora (pluriel de forum) de la ville, et le long de ladite prison, ce qui explique la dédicace étrange. Le choix de Saint Nicolas serait dû à l'importante population grecque du quartier, qui vénérait ce saint.
C'est intéressant de voir le travail accompli par Giacomo della Porta, infatigable architecte des églises romaines (le Gesu, la Trinité des Monts...) mais aussi des palais et des fontaines. On le considère comme un des principaux acteurs de l'art de la Contre-Réforme, et inlassable artisan du baroque. Sa façade de San Nicola n'a rien de tout cela. Une sobre référence à l'antique, des proportions harmonieuses. La tradition commande de ne pas toucher aux campaniles et ici della Porta a conservé à la fois ce dernier et la tour qui le jumelait, les deux éléments de la basilique médiévale.
L'intérieur est un habile mélange ; l'église fut reconstruite en 1599, dans cette époque tout imbibée de la pensée de la Renaissance. Le plan à une nef avec deux rangées de colonnes est un des plus courants à Rome, c'est celui des basiliques antiques, donc la référence est claire.
Selon la mode du moment, le plafond est à caissons, et celui-ci est superbe, en bleu et or.
Comme à l'extérieur, on a remployé autant qu'on pouvait les éléments antiques.
Guido Guidi, Scènes de la vie de Saint Nicolas |
Saint Nicolas qui reçoit la dédicace de l'église est un saint très populaire dont la légende s'est largement enrichie au Moyen-Age. Il a vécu dans l'actuelle Turquie, est mort à Myre au IVe siècle. Son hagiographie comprend de nombreux sauvetages dont celui des matelots, des épisodes avec des jeunes gens (les trois bourses aux jeunes filles) ou des enfants (les trois enfants sauvés du saloir où un boucher se préparait à en faire des jambons). Saint Nicolas est donc devenu le protecteur des enfants, très fêté en Italie comme en Allemagne. Il serait à l'origine de la figure du Père Noël.
C'est un saint aussi présent dans la religion catholique que dans l'orthodoxe. Je pense à la splendide Saint Nicolas de Pyji à Moscou !
Guido Guidi, Scènes de la vie de Saint Nicolas |
Derrière les bustes-reliquaires, le ciborium emploie aussi des colonnes antiques.
Le Christ au milieu des saints est un vrai poncif romain, exploité dès les toutes premières églises. La fresque, ici, s'avère aussi colorée que lumineuse. Saint Nicolas, à droite, adopte une position d'adoration traditionnelle.
Cette Ascension du Christ est signée de Lorenzo Costa, un retable de 1510 ; j'apprécie Costa en général, mais je suis moins enthousiasmé par cette version. Les deux saints du premier plan me semblent les plus réussis, mais la composition (surtout ces nuages qui manquent de légèreté, trop espacés et sans relief) me paraît très décevante.
Comme le Saint François recevant les stigmates du Dominiquin est exposé à Santa Maria della Concezione, l'église des Capucins, celle-ci est sans doute une copie. Bien éclairée, on la voit différemment. Le fond y semble une toile de théâtre, la position de Saint François tout aussi théâtrale. Mais la composition est excellente et j'aime beaucoup la tête de l'Ange, doucement affectueuse.
Le Guerchin utilise son bleu favori, un lapis-lazuli éclatant, dans cette Trinité avec des anges. La multitude est d'autant plus réussie que chaque ange est individualisé. Son Christ est magnifique, impressionnant de présence et d'affirmation. Il s'agit apparemment d'une copie du retable exposé à Santa Maria della Vittoria.
Vincenzo Pasqualoni, Saint Nicolas au Concile de Nicée |
Vincenzo Pasqualoni, Le Christ en gloire |
Le Christ au milieu des saints est un vrai poncif romain, exploité dès les toutes premières églises. La fresque, ici, s'avère aussi colorée que lumineuse. Saint Nicolas, à droite, adopte une position d'adoration traditionnelle.
Lorenzo Costa, L'Ascension du Christ |
Cette Ascension du Christ est signée de Lorenzo Costa, un retable de 1510 ; j'apprécie Costa en général, mais je suis moins enthousiasmé par cette version. Les deux saints du premier plan me semblent les plus réussis, mais la composition (surtout ces nuages qui manquent de légèreté, trop espacés et sans relief) me paraît très décevante.
Comme le Saint François recevant les stigmates du Dominiquin est exposé à Santa Maria della Concezione, l'église des Capucins, celle-ci est sans doute une copie. Bien éclairée, on la voit différemment. Le fond y semble une toile de théâtre, la position de Saint François tout aussi théâtrale. Mais la composition est excellente et j'aime beaucoup la tête de l'Ange, doucement affectueuse.
Le Guerchin utilise son bleu favori, un lapis-lazuli éclatant, dans cette Trinité avec des anges. La multitude est d'autant plus réussie que chaque ange est individualisé. Son Christ est magnifique, impressionnant de présence et d'affirmation. Il s'agit apparemment d'une copie du retable exposé à Santa Maria della Vittoria.
Intéressante église inconnue! Merci pour ce riche article.
RépondreSupprimerOh ! Je n'avais pas répondu à ce chaleureux message...
SupprimerMerci à vous !
The dungeon of the Caritas Romana...
RépondreSupprimer"There is a dungeon, in whose dim drear light
What do I gaze on? Nothing—Look again!
Two forms are slowly shadowed on my sight—
Two insulated phantoms of the brain:
It is not so—I see them full and plain—
An old man, and a female young and fair,
Fresh as a nursing mother, in whose vein
The blood is nectar:—but what doth she there,
With her unmantled neck, and bosom white and bare...?
Lord Byron, in Harold's Pilgrimage, isn't it ?
RépondreSupprimerThank you very much for this precious gift, I really forgot it !