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samedi 22 juin 2019

Paris : Exposition Toutankhamon, Grande Halle de la Villette


Cette exposition Toutankhamon est apparemment un gros coup médiatique. Voilà des mois que j'en entends parler, que je vois des couvertures de magazines qui lui sont consacrées, et que je connais foule de gens qui l'ont vue. Absolument indispensable de réserver. D'ailleurs, je n'ai même pas vu de billetterie, ici. On se positionne directement dans les labyrinthes, d'un côté pour les entrées à l'heure, de l'autre pour celles à la demie.



On arrive dans une salle semi-circulaire où est projeté un mini-documentaire, un peu grandiloquant. Les portes, supposées évoquer celles d'un tombeau, m'ont fait craindre le pire. Je redoutais une muséographie de baraque foraine qui vise davantage le spectaculaire que l'historique, mais à tort. La sobriété n'est pas toujours au rendez-vous cependant les objets sont bien éclairés, bien accompagnés de cartels explicites, bien complétés d'explications diverses disséminées dans l'exposition.
Bon, il y a foule encore après plusieurs mois d'ouverture, et il faut se montrer patient avant de s'approcher des vitrines, mais cela reste jouable.


L'atout majeur de l'exposition est d'être réellement consacrée à son sujet ; pas de "Toutankhamon et son temps" qui présenterait quelques objets réellement liés au personnage au milieu d'une masse d'antiquités égyptiennes de diverses époques ; ici, les vitrines exposent essentiellement ce qui a été trouvé dans la tombe. Le fameux masque n'a pas fait le voyage, cette fois, après avoir été baladé mondialement dans les grandes expos des années 1950-1960. Mais beaucoup de pièces sortent d'Egypte pour la première fois.

Je m'attendais à retrouver beaucoup d'objets que j'avais vu au Musée du Caire, mais je dois avouer que ma mémoire est prise en défaut. Le fauteuil et la statue sur la panthère sont les seuls  être demeurés avec les sarcophages qui ne sont pas venus. Un retour au Caire s'imposerait !



Venue du Louvre et non du Caire, cette belle statue en diorite accueille le visiteur. La religion égyptienne soutenait que chacun mourait deux fois, lorsque le cœur s'arrêtait de battre et lorsque plus personne ne prononçait le nom du défunt. Si on avait quelque rancœur contre les pharaons précédents, on effaçait leur nom partout.
Ici, on a oublié deux minuscules hiéroglyphes au bord du pagne.


La diorite offre cet aspect extrêmement lisse et parfait qui caractérise cette statuaire ; je pense que c'est un des éléments du succès des antiquités d'Egypte.



Le jeu, élément permanent de l'histoire. Celui-ci permettait de traverser le royaume des morts pour être mis sous la protection d'Osiris ; un jeu de parcours populaire dans toutes les classes sociales.


Le ka, la force spirituelle du mort, devait se nourrir ! Les offrandes étaient variées, de la pâtisserie aux dattes, des côtes de mouton au vin et aux épices.


Les vases canopes contenaient les viscères que les embaumeurs détachaient du corps pour la momification.



Voilà donc ce fauteuil intact qui m'avait marqué. Les expositions d'antiquités égyptiennes saisissent toujours par l'état de conservation impeccable des objets (au sec et à l'abri, c'est imparable) et souvent par la proximité avec les nôtres. Le fauteuil a bien peu évolué au fil des siècles.



Ces vases avaient une fonction religieuse et on s'en servait pour la cérémonie d'ouverture de la bouche du roi. Cette glaçure bleue m'enchante. Je partirais bien avec celui de gauche pour en faire une théière.


C'est la trousse du roi : un étui pour ranger les calames, ces bâtons de roseau pour écrire sur le papyrus ou ailleurs. L'ancêtre du stylo.



Enorme coffret d'une grande pureté de ligne. L'or, métal précieux depuis toujours, est abondamment utilisé dans les objets funéraires.


Les bois précieux importés sont un reflet des échanges commerciaux. L'Egypte ne vivait pas en autarcie !


Je suis assez surpris ; le cartel n'indique pas des objets honorifiques ou funéraires. Selon lui, ces gants aurait appartenu au pharaon de son vivant qui s'en serait servi pour conduire son char. Ils sont en lin brodés de soie, ce qui atteste de l'ancienneté de la route de la soie. La mondialisation de l'époque.



Sous les cartouches de Toutankhamon et de sa femme (et demi-soeur) Ankhsenamon, on trouve le symbole de l'unité entre Basse et Haute Egypte.


Repose-tête en verre, prouvant la maîtrise des verriers.



 Somptueux lit en bois doré et en vannerie.



Les barques permettaient de voyager spirituellement dans le royaume des morts. Et plus que cela, puisque les papyrus contenaient des formules magiques "capables" de donner à ces maquettes la dimension de vrais bateaux.



Plus de plumes aujourd'hui, ce qui est assez surprenant (vu la conservation de tout le reste), mais l'inscription hiéroglyphique indique que celles montées sur cet éventail ont été prélevés sur des autruches tuées par le pharaon lors d'une chasse.


Sauf erreur de ma part, les serviteurs portent les volatiles morts sur leurs épaules.


Pour la protection contre les ennemis et les vandales, on laisse au mort une grande quantité d'armes, non sans avoir tout recouvert d'une généreuse couche d'or. Ici c'est bien une masse.


A droite, délicate sculpture d'un prisonnier.


Les boucliers, indispensable partie de l'équipement du guerrier.


Si l'arc est connu depuis des millénaires, les boîtes pour ranger arc et flèches sont un apport de la civilisation égyptienne.





 Cette arme de jet est plus connue chez nous sous le nom de boomerang.


Le pharaon apparaît en personne. Mort à dix-huit ans (pharaon à neuf), il a des traits bien juvéniles, et je pense qu'il ne s'agit pas seulement d'idéalisation.


Voilà donc la statue du pharaon dominant la panthère noire.



Le fini est toujours admirable. Perfection du modelé, soin du détail, comme avec la représentation du tissu de lin qui épouse les contours.


Rendu du mouvement dans ce Toutankhamon harponneur. La dialectique ne montre pas vraiment un bon cher, un bon gouvernant, mais essentiellement un guerrier. Les pharaons sur leur char ou avec des armes emplissent toujours les collections égyptiennes.


Série de dieux protecteurs.


La surprise vient de ces deux-là, que j'aurais pris pour Horus et Osiris. Encore raté ! C'est Horsemsou, forme sous laquelle Horus a combattu le traitre Seth, son oncle, et Douamoutef, un des fils d'Horus qui a une tête de chacal. N'importe quel visiteur sur le Nil se rend compte en visitant les temples combien la religion égyptienne exposée dans les cours d'histoire est finalement bien plus complexe sur le terrain.


Le dieu Ptah joue un rôle essentiel : il ouvre la bouche du défunt pour lui permettre de se nourrir. Son nom est bien connu aux lyricophiles grâce aux Immenso Ptah répétés dans Aida. Magnifique statue avec une coiffe en verre.




Un des clous de l'exposition, cette impressionnante statue grandeur nature du gardien du Ka du roi. Le réalisme est effectivement sidérant. Je suis toujours surpris de voir combien le simple fait de représenter la couleur de la pupille change le regard d'une statue.



Si le masque fameux est resté au Caire (j'aurais été très déçu si je ne l'avais pas vu quand j'ai visité ce musée), plusieurs représentations fameuses de Toutankhamon ont fait le voyage, dont cette tête en albâtre et ce sarcophage miniature.





Au milieu d'une riche collection de bijoux, les oushebti, l'armée des esclaves pour servir le défunt. 365, un par jour. Mais aussi 36 chefs d'équipe, un par semaine de dix jours, et 12 contremaîtres, soit un par mois. Tout est prévu !



Rarement présentés, ces décorations qui ornaient la momie, notamment les sandales et les doigtiers.





Deux magnifique oushebtis, remarquablement finis.


Le bousier, ce gros scarabée du désert, est le symbole du soleil à l'aube.


On pense que tous ces objets ont été réalisés par le même artiste. L'inscription indique que c'est Maya, le trésorier du palais, qui les a offerts. Je me rends compte que je ne m'étais jamais posé la question : qui payait pour tout cet aménagement du tombeau et les objets déposés ? Pas seulement la cour apparemment.



Sceptre et fléau, un ancien outil agraire pour battre la paille : les deux symboles du pouvoir.




Cette coupe fut le premier objet découvert par Carter après avoir perforé le mur de la tombe.


Howard Carter avait tenté à plusieurs reprises de découvrir cette tombe, et il avait réussi à  persuader Lord Caernavon, un riche Anglais venu en Egypte pour le soleil et tout à coup épris d'antiquité, de financer une dernière campagne de fouilles. On faillit bien renoncer, mais c'est un petit porteur d'eau qui découvrit une marche sculptée, indice de la présence du tombeau. Des années après, il montrait encore sa photo avec le pectoral aux touristes, et son fils le fait toujours aujourd'hui.
Je ne l'ai pas rencontré à la Vallée des Rois, mais je me rappelle très bien le paysan à Xian, qui signe inlassablement les livres sur le tombeau de Qin Shi Huan.


Voilà donc ce fameux pectoral porté par l'adolescent sur la photo.


Carter et Caernavon à l'entrée du tombeau.


Maquette du tombeau avec ses différentes chambres.



Maquette d'un naos, une petite chapelle.





Les examens menés sur la momie ont permis de retracer l'arbre généalogique, bourré de consanguinité.

On a pu établir également que Toutankhamon n'avait pas été assassiné avec un coup à la tête. Il souffrait de malaria et une blessure à la jambe s'est infectée. Les deux problème conjugués, il n'est pas parvenu à se rétablir.



Parmi les objets liés à la cérémonie funéraire, un sistre (de ceux qui tintent dans Carmen) et une trompette avec sa sourdine en bois.




Une série de diaporamas présentent alternativement photos de la découverte et objets publicitaires tirant profit de l'engouement immédiat pour Toutankhamon.








10 commentaires:

  1. Exhibitions of gems and wonders!
    A magnificent post. Good texts, excellent pictures.
    Congrats, once more !
    Annie

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    1. You are still the fastest and most loyal reviewer!
      Congrats to you, dear Annie!

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  2. Ce qui rend vos articles uniques, c'est leur exhaustivité pour rendre compte d'une visite. On a toujours l'impression d'avoir fait la visite à vos côtés, et loin d'annuler l'intérêt de la faire "en vrai", on a envie de s'y rendre illico !
    Pour ma part, j'ai réservé pour début juillet. Je me réjouis déjà !
    Bravo.
    Pierre

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    1. Vous savez, c'est le but recherché ! Un grand merci pour votre fidélité chaleureuse, Pierre !

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  3. C'est superbe. Des œuvres exceptionnelles remarquablement conservées. J'espère bien avoir le temps d'y aller !
    Françoise

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    1. Tu te régaleras. Mais réserve tôt !
      Merci Françoise.

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  4. Hi everyone, it's my first pay a quick visit at this web site. I was looking for a post about King Tut and this one is truly fruitful in favor of me. Keep up posting these contents about exhibitions!

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  5. Thanks for this fine article upon a fabulous exhibition. Great pieces shown on your appropriate pictures!
    Congratulations!

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