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dimanche 13 mai 2018

Versailles : Les Trianons, le Hameau de la Reine, les Jardins




Puisque je ne passe pas par les jardins, il ne me reste qu'à faire le tour de l'enceinte en sortant du Château de Versailles. Ce qui veut dire passer par la ville. Ça prend fichtrement du temps, cette affaire ! J'y perds trois bons quarts d'heure. Mon programme va en pâtir.




A travers la Grille du Dragon, je glisse un œil vers le spectacle des Grandes Eaux.


J'atteins enfin l'entrée. Ici, le parc est carrément une forêt où, en ce jeudi de l'Ascension, quelques familles se promènent. J'ai l'impression d'en avoir terminé avec la foule dense.

Le Petit Trianon

 
Le Petit Trianon offrait une vue sur les jardins alentour.


C'est le Petit Trianon qui s'offre à moi. Tant mieux, je n'y suis plus venu depuis très, très longtemps, et j'en ai gardé un excellent souvenir.

Ce fut d'abord un jardin botanique où on tenta toutes sortes d'acclimatations de plantes exotiques (ananas, caféier), de cultures raisonnées (fraisier, géranium), et on y construisit des serres chaudes. C'est ici que Jussieu appliqua pour la première fois les principes de sa classification.

Mais le Jardin du Roi fut déplacé à Paris et Marie-Antoinette en profita pour créer un jardin paysager. On y adjoignit un pavillon, une ménagerie, une chapelle, un théâtre, et surtout un château miniature, absolument délicieux. En 1762 donc, Louis XV ordonne au Premier Architecte une construction nouvelle, qui permettrait de jouir d'une vue sur les jardins. Edifice simple, moins ostentatoire, qui met en valeur la nature alentour.

Il s'agirait d'une vaste demeure au regard des agences immobilières parisiennes, qui rebaptisent un placard de 6 m2 studette, mais on ressent bien la diminution des volumes après l'opulence des salles du Château.


L'escalier est tout simple, seulement orné par la rampe.


De l'étage, vu sur l'entrée, sans beaucoup d'ornements non plus.


Tout ici est miniaturisé, mais on retrouve les éléments du Château : tableaux plus petits, lustres de taille réduite.

Cette antichambre servait pour les buffets. Une délicate Marie-Antoinette à la rose, d'Elisabeth Vigée-Lebrun, la décore.


Vue reposante sur les jardins français.


Pour la grande salle à manger, Louis XV avait commandé au mécanicien Loriot des tables volantes,  montées toutes garnies depuis le rez-de-chaussée. Cette brillante invention ne vit pas le jour.


Le buste de Marie-Antoinette fut brisé pendant la Révolution et restauré presque un siècle plus tard.


La cheminée est en marbre bleu, dit turquin.


Pourquoi une seule salle à manger quand on peut en avoir deux ? Après la grande, la petite ! Sur le mur, c'est la Du Barry, portrait par Drouais.


A l'époque de Marie-Antoinette, ce salon de compagnie était la pièce principale. Papotage, jeux et musique…


C'est la mode du vert d'eau ! Ça me rappelle tout à coup certaines salles du Palais de Catherine à Tsarskoie Selo, aménagées à la même époque.


Cela reste du luxe, mais bien plus délicat. Sans or ni colonnes, c'est plus facile pour l’œil…


D'abord cabinet de retraite de Louis XV, puis chambre de Madame du Barry, elle devint celle de Marie-Antoinette. Honoré Guibert y réalisa les lambris sculptés, comme la plupart de ceux du Petit Trianon.


Et un grand luxe, le cabinet d'aisances. Voilà qui évitait de se soulager sur un coin d'escalier.


Le billard, auquel s'adonnait Marie-Antoinette, figurait autrefois dans la petite salle à manger.

C'est une visite aussi miniature que le château. Ca me laisse du temps pour me promener dans les jardins et me rendre jusqu'au Hameau de la Reine.


Richard Mique fut engagé pour la plupart des créations architecturales des jardins, et il s'en donna à coeur joie, entre le faux romain et le pseudo-champêtre. Ce temple de l'Amour, à colonnes corinthiennes, renferme une copie de la statue de Bouchardon L'Amour taillant son arc dans la massue d'Hercule.


Lilas généreux tapi dans l'ombre…


Canards extirpant des vers de leur refuge…


Petits bancs romantiques près du ruisseau…


Faux passage de pierre... Décidément ce jardin anglais a bien du charme.

Le Hameau de la Reine



Autre création de Mique, donc. En 1783, Marie-Antoinette lui commanda un petit village formé autour d'un lac. On a souvent tourné en dérision ce hameau d'opérette avec une reine qui jouait à la bergère.

En fait, en cette période de savoir raisonné (Siècle des Lumières, Encyclopédistes, etc...), c'était surtout une exploitation agricole expérimentale, dirigée par un véritable fermier. Les produits de la ferme étaient cuisinés au château.



En face, comme un phare jouet, la Tour de Malborough et juste au-dessous la pêcherie. Il y a toujours des carpes voraces dans le lac !


Dans les jardins, on s'efforce aujourd'hui de reconstituer l'apparence qu'ils avaient à l'époque. Pas de variété récemment introduite ni de pesticides chimiques, bien sûr, comme me l'explique un employé.



La maison de la Reine, le bâtiment le plus important, est formé de deux maisons accolées. A droite, celle qui était réservée à l'habitation (il paraît qu'elle contient un superbe cabinet chinois, mais comment le visiter ?), et à gauche la maison du billard, avec tout le rez-de-chaussée réservé à ce divertissement.







La laiterie de propreté était destinée à la dégustation des produits laitiers.. La laiterie de préparation a disparu, ainsi que la grange, sous le Premier Empire.


Le moulin à eau ne tourne plus, hélas.




Sous la tonnelle…




Le colombier était un élément essentiel dans les exploitations agricoles. Avant les engrais chimiques, on récupérait les fientes des pigeons, sans doute le fertilisant le plus répandu dans notre histoire.


La vigne est conduite sur un treillis (est-ce bien le mot juste?).


La ferme, au grand bonheur des enfants, abrite toujours quelques animaux.




Les poules sont chez elles…


Je resterai bien un peu plus, mais l'heure tourne... Je reviens vers le bâtiment principal.



Au bord d'un second petit lac, une construction tente d'imiter une grotte. Serait-ce le modèle repris plus tard aux Buttes Chaumont ?



Petit belvédère octogonal. Les Saisons ornent les bas-reliefs au-dessus des fenêtres, la Chasse et le Jardinage les frontons des portes.


 Le Pavillon du Jardin Français fut construit en 1750 par l'architecte Gabriel dans le style rocaille.



Le Pavillon frais était une salle à manger d'été.


Un petit passage conduit vers le Grand Trianon.


Le Grand Trianon



Comme je m'y attendais, il est fermé. Tant pis, je peux cependant en faire le tour.


J'ai toujours trouvé que cet "hôtel à la française" avait surtout l'air d'une villa italienne. C'est à Le Vau que Louis XIV demanda une "maison pour aller faire des collations", et sa construction sembla un tour de magie. Commencé à la fin de l'hiver, il était terminé au printemps. Je ne sais pas s'il faut vraiment prendre au sérieux cette assertion de Felibien !


Un pavillon principal pour le roi et la reine, et surtout quatre secondaires pour la cuisine, première raison d'être de cette demeure.


Louis XV s'en désintéressa, le refila à son épouse, qui s'en débarrassa à son tour en le repassant à son père, le roi Stanislas.

Mais tout d'un coup, passion du roi pour la botanique, et hop, les Trianons deviennent le terrain d'expérimentation, comme on l'a vu plus haut.


De nos jours, le Grand Trianon retrouve parfois son faste lors de visites de chefs d'état étrangers.

Les jardins du château


C'est une surprise. Je n'ai guère envie de refaire le grand tour, il est tard, j'ai les pieds en compote. Je demande à l'employé, à la sortie du Trianon, si les jardins sont encore ouverts, et je lui répète le discours qu'on m'a tenu. Il me rétorque que vu l'heure, les jardins sont gratuits. Mais il faut quand même me dépêcher !


Plus de spectacle donc mais tout de même le plaisir de revenir dans ces jardins admirablement tenus. Je n'ai pas le temps de réellement les visiter, tant pis. Je serais bien repassé par la colonnade, par exemple.


Le charme de ces jardins, totalement éloignés de l'aspect sauvage et naturel que peuvent avoir les jardins à l'anglaise, vient d'une harmonie très savamment étudiée entre les plans d'eau (appelés parterres), les statues disséminées dans les parcs, et les végétaux soigneusement disciplinés.
Finalement, on n'est pas si loin du jardin japonais !


Des créatures terrifiantes sortent des eaux... C'est le bassin du Dragon, où Apollon tue le serpent Python à coups de flèches.



Le topiaire, cet art de la sculpture des arbres, donne ici de curieuses réalisations. On dirait un lutin coiffé d'un bonnet !


Le bain des nymphes de Diane, de Girardon.


Girardon toujours, la Fontaine de la Pyramide.



Ces alcôves dans la haie qui jouent avec l'ombre et la lumière... Quelle bonne idée de mise en scène, tout de même.


Le grand parterre d'eau offre une vraie vue de carte postale sur le Château.


Le Brun dirigea les travaux, dessina des statues que les artistes devaient réaliser. Vingt ans de travail.


Les fontaines de Hardouin-Mansart montrent de féroces animaux en plein combat : des lions terrassent ici loup et sanglier.



La grande ligne droite depuis la terrasse. C'est incroyable qu'en pleine Ile-de-France, à vingt kilomètres de Paris, on soit parvenu à préserver ce vaste domaine avec un tel espace végétal.


Ovide raconte dans ses Métamorphoses la légende de Latone, mère de Diane et d'Apollon, qui a eu des aventures avec Jupiter. L'épouse de celui-ci, Junon, qui passe son temps à se venger de ses maîtresses, condamne Latone à la fuite à perpétuité.

Evidemment, ça donne soif, et elle veut boire à un étang mais les paysans du coin l'en empêchent. Ce n'est pas une bonne idée. Elle "fait sa crise" comme m'avait dit une élève, et supplie Jupiter de métamorphoser ces braves gens en grenouilles, crapauds et lézards.

Voici donc la fontaine des frères Marsy. Il paraîtrait que le choix de cette légende (quand même rarement illustrée, ce n'est pas Daphné ou Phaéton) viendrait de la période troublée et querelleuse de la Régence…






De toute façon, ce restaurant du château est fermé. Mais quand même... ça fait cher du croque-monsieur !


Le meilleur moment pour voir la grille d'entrée. Le soleil couchant fait resplendir l'or.


Je n'ai plus qu'à emprunter cette élégante gare RER pour regagner la capitale…

Pas de spectacle, ce soir. Parsifal a été annulé pour cause de problème sur le rideau de fer. Et rien ne me tentait. Mise à jour du blog et copies !

22 commentaires:

  1. An inspiring post with lovely pics. Wonderful gardens under the sun.
    Thanks for your so many details.
    Congrats !
    Annie

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  2. Très agréable visite champêtre Il faut vraiment que j'y retourne !
    Merci pour ton bel article.
    Bises
    Michèle

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  3. Merci à toi ! Bonne visite. Bisous
    Fred

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  4. Toujours un plaisir !
    Gros bisous.

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  5. Merveilleux article, très agréable à lire ! Cela donne envie de visiter Versailles.
    Merci pour votre excellent blog.
    Amélie (ancienne élève)

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    1. Merci beaucoup Amélie ! C'est très gentil à toi et ça me fait plaisir d'avoir de tes nouvelles...

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  6. A++++++++++++++
    Rafa
    Lima
    Perù

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  7. Quelle chance, grâce à toi, de pénétrer dans le Trianon, dont on peut admirer la clarté et le bon goût.
    La fermette, une expérience avant-gardiste, un lieu bucolique et bien agréable comme les magnifiques jardins qui jouent avec la lumière et les jeux d’eau. Même contrainte la nature invite à la promenade. Cela donne envie d’y retourner. Merci, bisous. Mam

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    1. Merci beaucoup pour ce long commentaire détaillé, saisi avec détermination malgré les épreuves !
      Gros bisous

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  8. Quel plaisir de vous suivre dans cette visite guidée ! On a l'impression de visiter avec vous. Merci pour le partage.
    Flavie

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    1. Merci beaucoup Flavie pour ce commentaire enthousiaste !

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  9. Un grand plaisir que cette visite commentée en images.
    Laura

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  10. Mieux qu'un guide touristique ! Un superbe article qui déclanche une furieuse envie d'aller voir tout cela en vrai. Bravo.
    Marie

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  11. Great guided tour of amazing palaces with Marie Antoinette's spirit !
    Ashley

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  12. Great post wonderful guided tour!
    Simon

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