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lundi 7 mars 2016

Paris : Inventions aux Arts et Métiers et Maîtres Chanteurs à l'Opéra Bastille

 

Créativité au Musée des Arts et Métiers

La pluie semble moins menaçante, mais mon parapluie est dégouttant quand j'arrive au Musée des Arts et Métiers. C'est demain que s'achève une exposition illustrant les rapports entre design et invention technologique, et j'avais déjà l'intention de la visiter lors de mes précédents voyages.


Elle occupe essentiellement une grande salle  et reste finalement assez modeste, mais j'y glane des informations insolites : le manomètre n'a connu quasiment aucune évolution depuis son invention, le ciment est une création française du XIXe siècle. Je retrouve une brouette-bidon pour transporter de l'eau déjà vue il y a quelques années à la Caixaforum de Barcelone.
Des étudiants londoniens ont monté un projet pour créer un nouveau matériau baptisé Polyfloss. Une vidéo retrace leur aventure et leurs essais, plus ou moins concluants : des déchets plastiques sont traités avec un genre de machine à barbe à papa pour devenir une matière polymorphe, papier japonais ou mélamine. Les beaux objets présentés sont très concluants.
Ici un lit est constitué de cartons, là un Égyptien fabrique du verre dans le Sahara avec un four solaire, ailleurs un Français invente un bateau-train-drone extrêmement ingénieux.
En tout cas tout cela témoigne très favorablement de la créativité de l'esprit humain.

Les transformations du Polyfloss
Quelques possibilités
Un ordinateur prévu pour ne pas coûter plus de 100 $
Un fauteuil en une seule feuille de métal
4 cartons = 1 lit !
Le manomètre, des origines à aujourd'hui

Musée des Arts et Métiers : dans les collections

Je poursuis ma visite avec les salles sur l'audiovisuel et celles sur le bâtiment, toujours très enrichissantes.














Je déjeune rapidement avant de faire quelques courses dans le Marais. Je n'ai guère de temps car je dois être à 17.00 à l'Opéra-Bastille.

Die Meistersinger von Nürnberg (Les Maîtres Chanteurs de Nuremberg) à l'Opéra Bastille

Les Maîtres Chanteurs de Nuremberg, œuvre enchanteresse et un véritable sommet de la musique, est une des deux seules comédies de Wagner. Outre une musique splendide, des chœurs somptueux et des scènes de comédie réussie, l'opéra renferme un profond monologue de Hans Sachs, le cordonnier poète, au début du IIIe acte, et un quintette vraiment parfait. Mais l'opéra est très long (rien que cet acte-là dure un tiers de plus que certains opéras de Strauss), la distribution nombreuse, et le goût d'un certain Hitler pour Die Meistersinger a jeté un certain discrédit. Bref, c'est rarement donné ; dernière production à l'opéra de Paris dans les années 80.
Pour le coup la production offre des idées étonnantes : pas l'assimilation de Sachs à Wagner (je l'ai déjà vu), mais l'incorporation de l'univers de l'enfance et particulièrement des contes de fée, avec des figurants déguisés en Chaperon Rouge, Blanche-Neige et Nains... Le décor crée un tour de magie réjouissant, grâce à une vidéo : certains détails de l'atelier du cordonnier devienne des décors démesurés (construits et non projetés, ceux-là) où jouent des chanteurs devenus lilliputiens.
La distribution est sehr wunderschön. Hormis l'impayable Beckmesser de Bo Skovhus, entendu à Barcelone il y a une dizaine d'années, et le digne et bienveillant Pogner de Günter Groissböck,
je n'ai jamais entendu ces chanteurs dans ces rôles. Les seconds amoureux Tony Spencer et Wiebke Lemkuhl, ont une voix claire et une excellente projection, et jouent avec beaucoup de verve. Julia Kleiter, Eva, exploite la pureté de son émission et la qualité de son style. Son amoureux, Brandon Jovanovich, vient à bout du rôle sans forcer, avec lyrisme et une belle voix colorée et sonore.
Les Meistersinger sont très bien, mais je dois accorder une place spéciale à Hans Sachs, Gérald Finley. Je suis depuis trente ans ce remarquable chanteur que j'ai vu évoluer dans les rôles les plus divers. Beaucoup de Mozart et de Bach lui ont assuré une fine musicalité et il sait colorer sa voix longue d'une palette polychrome. Mais ça n'a jamais été une "grande voix" et chanter un des plus longs rôles de l'histoire dans une aussi grande salle représente un véritable défi.
Chapeau bas, Mr Finley, pour votre intelligence et votre sensibilité. Et vous avez été un des plus émouvants Sachs que j'aie vus. Je compte beaucoup sur son Guillaume Tell que je verrai en octobre au Met !
Enfin, la soirée doit beaucoup à la direction très chantante de Philippe Jordan et à la flamboyance de l'orchestre, en grande forme.
Quelques mots pour signaler que, because Vigipirate, les fans de la sortie des artistes sont de plus en plus traités comme des pestiférés. Le mois dernier, nous étions dehors, certes, mais sous la lumière. Cette fois, nous voici derrière une balustrade, dans le noir et en plein vent. Les chanteurs en étaient outrés...
Eva et le chœur dans l'écritoire de Sachs (on voit la plume à droite)
 
Bo Skovhus
Wiebke Lemkuhl
Wiebke Lemkuhl
Toby Spence
Philippe Jordan
Brandon Jovanovich aux saluts




2 commentaires:

  1. Passionnant article ! Je regrette beaucoup n'être pas allée à Paris voir cette exposition.
    Brenda

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    Réponses
    1. Merci beaucoup, Brenda, pour ce commentaire enthousiaste !

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