Moscou : concert Rachmaninov et Taneyev avec l'Orchestre National de Russie

Musique russe, fameux interprètes russes, célèbre salle russe...

Une vaste salle

Pour les amateurs, c'est un lieu mythique ; c'est là que se déroule le fameux concours de piano Tchaïkovski, endroit de souvenirs héroïques. Et tous les grands solistes russes sont passés par ici...

Un rare programme : Rachmaninov et Taneyev

Ce n'est certes pas un répertoire qu'on entend tous les jours.
Le concert commence avec un programme Rachmaninov. Le chœur Академический Большой хор «Мастера хорового пения», les Maîtres du chant choral en français, interprète, tout d'abord, un extrait de la Liturgie de Saint Jean Chrysostome, puis la Nuit de veille. 
Une grande cantate de Taneyev termine la première partie. J'ai entendu quelquefois des chœurs de ce compositeur typiquement russe : une musique riche et pleine.
Ce Saint Jean de Damas, cantate chœur et orchestre, dévoile une orchestration sûre et opulente, et l'écriture chorale est extrêmement variée et détaillée. Deux chœurs a cappella y sont insérés, cruellement terminés par un accord avec l'orchestre. Si les choristes ont baissé (la tonalité), ça ne pardonne pas.
Seconde partie. La Vocalise, qui sert souvent de bis dans les concerts avec violon, est proposée dans sa version orchestrale.
Le concert s'achève avec la pièce la plus connue, la grande cantate Kolokola, Les Cloches, que j'ai entendue à plusieurs reprises.

Les interprètes

Le chœur nommé ci-dessus m'était inconnu mais fichtre, je ne les oublierai pas de sitôt ! Malgré des dimensions moyennes (16 sopranos / 15 altos / 11 ténors / 10 basses), les voix sont d'une puissance impressionnante. Le pupitre des basses, qui vrombit comme un bourdon, a une richesse de timbre qu'on n'entend pas tous les jours. Et tout le monde fait des prouesses, des kilomètres de notes sans respirer, des attaques piano sur des aigus. Les pianissimi suspendus sont magiques.

L'orchestre, le National de Russie, je le connais. J'ai pas mal d'enregistrements à la maison et je l'ai entendu à quelques reprises lors de ses tournées. Ça reste une des grandes phalanges du monde, même s'il me semble que le son est devenu plus international et a perdu un peu de ses timbres caractéristiques. Même les orchestres sont touchés par la mondialisation du goût.

Trois solistes sont nécessaires pour Les Cloches, et je trouve toujours que ce n'est pas la meilleure œuvre pour les apprécier. Je n'en ai jamais entendu qui passent vraiment au-dessus du flot sonore que cette cantate déchaîne. Et c'est bien dommage.

Anna Aglatova est dotée d'un soprano lyrique un peu épicé, Alexey Neklyudov d'un joli timbre de ténor (parfait pour Lenski), je le retrouverai demain au Novaya Opera ; Vasily Ladyuk, le plus connu, a une longue voix de baryton, cuivrée, avec une large dynamique. Je devrais le réentendre dimanche dans Iolanta.

Anna Aglatova

Vasily Ladyuk

avec Alexey Neklyudov

Le vétéran Vladimir Spivakov, violoniste de talent et maintenant surtout chef, dirige avec sensibilité les pièces chorales et donne toute leur ampleur aux deux cantates. Il est fêté comme un trésor national par le public.

Retour par la ville illuminée. Moscow by night, ça en jette !

Le Bolchoi aussi est tout illuminé.

La Loubianka, autrefois siège du KGB.