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samedi 2 décembre 2017

Paris : Saint-Eustache, Les Damnés (Comédie-Française)



Ce matin, le TGV Aix-Paris me fait quitter une Provence glaciale pour traverser des régions bien enneigées.





 Le Morvan bénéficie de chutes abondantes.


Du coup, le TGV ne roule plus qu'à 230 km/h, et accuse une heure de retard. Résultat, j'arrive à 14:00 à mon hôtel.

Hôtel des Métallos


Je teste pour la première fois cet hôtel devant lequel je suis souvent passé. Il est sis rue de la Folie-Méricourt, une adresse parallèle au boulevard Richard-Lenoir que j'arpente scrupuleusement depuis plus de trente ans.


C'est un trois étoiles coloré et gai. Et je ne paie qu'une nuit, l'autre étant fournie par les points de hotels.com !



Je m'installe rapidement, il me faut déjeuner sans tarder. Leur service achevé, deux restaurants me refusent l'entrée. Tant pis. Je me rabats sur Les Oudayas, lieu familier, pour me régaler de leur couscous maison à dix euros, toujours un des meilleurs rapports qualité-prix de la capitale.


 Cette fois, les légumes comprennent courge et poivron, ce qui ne va pas mal du tout. Je suis calé pour un bon moment !


 Mon sac m'ayant lâché sur le chemin vers l'hôtel, je dois m'occuper de ce problème urgent. Heureusement il est sous garantie et j'ai mon ticket de caisse dedans. Je n'ai qu'à le rapporter au Rayon d'Or, juste à côté de République. Ils me le renvoient, je le récupérerai en janvier. Mais, en attendant, je dois en acquérir un autre ! Et le rapporter à l'hôtel...

Tout ça m'a pris pas mal de temps et je me lance finalement dans ma promenade traditionnelle vers 17:00. Traversée du Marais par le haut cette fois.


Une bonne idée pour une maroquinerie, non ?

Saint-Eustache



J'atteins finalement les Halles ; le crépuscule m'incite à entrer dans Saint-Eustache. J'aime bien visiter les églises en nocturne. Ce sont des visites partielles, car on ne voit que ce qu'on nous éclaire. Mais les jeux de lumière y sont évidemment beaucoup plus contrastés, et le relief sculptural de l'architecture religieuse y est d'autant souligné.


Eustache, c'est le nom chrétien du général romain Placide, converti après une chasse miraculeuse où il aurait vu un cerf avec un crucifix. C'est en tout cas le symbole bien commode pour l'identifier. Il y a un certain nombre d'églises Sant'Eustazio en Italie, bien moins en France. Paris peut s'enorgueillir de ce beau vaisseau de 88 mètres de longueur, vaste bâtiment du XVIIe, à la riche histoire. Louis XIV y fut baptisé, la messe funéraire de la mère de Mozart s'y déroula, entre autres. C'était l'église des Halles, quartier populaire, ce qui lui valut aussi une ample fonction caritative. Et, par contrecoup, beaucoup d’œuvres d'art lui furent offertes, dont un Rubens laissé ce soir dans la pénombre.


Le chœur s'orne d'une délicate Vierge à l’Enfant de Pigalle, sculpteur renommé avant de renvoyer à une place plus ou moins bien famée.


 Colbert y fut marguillier, et son monument funéraire aux statues vrillées est une belle réalisation baroque de Coysevox, un maître en la matière.


Une des neuf versions du triptyque de Keith Haring, cet artiste américain au style joyeux devenu mystique vers la fin de sa vie.



Tableaux lumineux en papier ajouré.


 Une récente réalisation digitale ; une nouveauté dans une église !








La sculpture de Raymond Mason est un hommage à l'ancienne activité des Halles, ce Ventre de Paris comme l'écrivit Zola.


 Le Martyre de Saint Eustache par Simon Vouet. un peintre que je trouve de plus en plus intéressant, souvent très coloré.




 Le décor peint a été bien restauré et me paraît bien plus heureux que dans beaucoup d'édifices religieux.



Délicat Saint Jean-Baptiste par Lemoyne.

Je ressors et fais quelques courses (toujours la course aux feuilles de giroflier, que j'abandonne finalement sur les conseils de l'herboriste).

Je remonte finalement vers les Galeries Lafayette en passant devant des vitrines originales. 


Dans ce magasin historique, la décoration de Noël est un événement attendu. Bien différent de celui de l'an dernier, c'est cette fois un sapin en bonbons qui descend de la coupole.







Les Damnés à la Comédie-Française









 Je n'ai pas encore vu ce spectacle devenu rapidement mythique, après sa création au Festival d'Avignon qu'Arte avait retransmise. Curieusement c'est la deuxième adaptation de film que je vois ici en quelques mois, après l'intéressante Règle du Jeu.

La parenté entre les deux spectacles me frappe d'emblée : même insertion de la vidéo, parfois qui transporte à l'extérieur (on suit Elsa Lepoivre jusque dans la rue), même parti pris du metteur en scène, rester fidèle à l'esprit sans recopier le film.
Ici, les comédiens sont mis à nu, parfois au sens propre, et ils jouent même dans les loges autour du plateau.
Le spectacle est rythmé par des tableaux où les personnages immobiles se raréfient au fur et à mesure de leur "damnation". On les montre déposés dans les cercueils et une urne se remplit de leurs  cendres.


La mise en scène d'Ivo van Hove s'appuie aussi sur une méticuleuse direction d'acteurs, qui fonctionne à merveille avec l'excellente troupe du Français. C'est un plaisir de voir les personnages caractérisés également par l'élocution, chose devenue bien rare au théâtre.
Toute la troupe est impeccable, sans qu'on puisse distinguer un de ses membres inférieur ou supérieur aux autres.
J'ai tout de même un regret concernant l'utilisation des micros. Outre le fait que je trouve le rapport à la scène modifié, le fait de ne plus savoir d'où provient la voix me gêne. Je me retrouve plusieurs fois à chercher qui profère les paroles que j'entends !

Impossible de supplanter un artiste donc ! Je livre la distribution complète.
Sylvia Bergé livre une interprétation généreuse de la Gouvernante et de la mère de Lisa. Éric Génovèse est un très impressionnant Wolf von Aschenbach. En Baron Konstantin von Essenbeck, Denis Podalydès fait un sacré numéro, comme Guillaume Gallienne en Friedrich Bruckmann. Splendide Elsa Lepoivre, la  Baronne Sophie von Essenbeck et un Loïc Corbery en grande forme pour Herbert Thallman.


Toujours impeccables, Adeline d'Hermy (Elisabeth Thallman), Clément Hervieu-Léger (Günther von Essenbeck) et j'ai apprécié l'Olga de Jennifer Decker.


Deux remarquables interprétations enfin. Didier Sandre, intense Baron Joachim von Essenbeck, malgré la brièveté du rôle, et un jeune Christophe Montenez (que je n'ai, je crois, jamais vu sur scène) absolument époustouflant en Martin von Essenbeck.





Retour à pieds par un village de Noël proche des Halles, Beaubourg et le Marais.




4 commentaires:

  1. A wonderful report of a trip in wonderful Paris.
    Annie

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    Réponses
    1. Sorry for this very late publication! Your kind reviews are still a great pleasure.

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  2. Un article varié mais j'aurais aimé plus de détails dans votre critique de spectacle.
    Theophore

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