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mardi 16 août 2016

Japon, Kyoto : Nishiki, Nishijin, Daitoku-ji (Zuiho-in)



Ce matin, la chaleur reste non négligeable mais, quand je sors de l’hôtel, souffle une légère brise qui rend les choses plus supportables.



Nishiki Market

Je n’ai pas encore mis les pieds au Nishiki Market, lieu que m’ont conseillé les deux Français de la pension que je croise et je recroise, et je vais réparer cette erreur. J’évite les grands boulevards et emprunte une rue étroite, où en fait il n’y a pas grand-chose à voir.
Au Nishiki Market, je me crois revenu à Asakusa ; mêmes galeries couvertes, mêmes séries de boutiques. Les rues parallèles alternent magasins de vêtements, aux noms connus ou non (et je ne parle pas des pseudo-français), d’articles pour touristes, toujours à prix prohibitifs. Quelques-unes sont spécialisées dans kimonos et yukata, cette fois à des tarifs plus raisonnables. J’en essaie à la chaîne avant de me décider. Un commerce d’ukiyo-e, ces belles estampes japonaises, propose un bel assortiment… mais en demande des sommes fort élevées.

1 800 000 ¥, ça fait tout de même presque 15 000 €. Cher pour un recueil de gravures, même avec 120 pages.

La rue perpendiculaire fait essentiellement dans l’alimentaire. On y trouve de splendides fruits et légumes (je me régale avec une excellente pêche), l’assortiment habituel de sucreries et de légumes au vinaigre, mais aussi des châtaignes géantes et des mystérieux produits qu’on me fait goûter. Impossible de me prononcer, je ne parviens même pas à décider si je trouve ça bon ou pas.





Je marche un bon moment par de petites rues tranquilles en longeant divers commerces, plus ou moins originaux. Une fleuriste fait pousser des arbres miniatures dans des boules de mousse. La mousse,  la vraie,  celle des forêts,  est sans doute un des végétaux favoris des Japonais.


Déjeuner, ramen et gyoza

Je désespère de trouver de quoi déjeuner quand, comme par magie, je suis devant un restaurant ouvert. Bon, ce sont des ramen… Néanmoins j’arrive à manger de délicieux gyoza, mes premiers ici je crois. Quant aux ramen, elles sont servies avec le porc habituel mais le bouillon est parfumé à la bonite (un genre de thon, très apprécié ici), et le mélange viande-poisson est un peu déroutant mais finalement excellent.


Me voici sur Horikawa-dori, un interminable boulevard qui passe par le Nijo-jo, le château de Kyoto, que j’ai prévu de visiter. Hélas, j’ai mal préparé mon coup, et j’étais si persuadé que tout était ouvert en permanence à Kyoto que je n’ai pas pris garde à son jour de fermeture. Ce sera pour le prochain voyage !


Le quartier accueille plusieurs universités et il est bourré de jeunes. A y réfléchir, lorsqu’on visite ce pays, on n’a pas tellement l’impression que c’est un pays si vieillissant que ça. Des jeunes, il y en a partout, tout le temps, et on en voit davantage que des gens âgés. Ou le troisième âge reste cloîtré, ou il reste jeune très longtemps. Je verrai tout de même, dans l’après-midi, un bus se remplir de personnes en fauteuil roulant vraiment pas très fraîches.

Nishijin

Je suis en avance à Nishijin pour assister au défilé de demoiselles en kimono. J’ai le temps de regarder le film sur le tissage, dans lequel j’apprends que les aiguilles de cèdre sont utilisées comme colorant, et d’observer quelques artisans au travail (peinture sur soie, tressage, tissage). Il me semble bien que tout ce qui est à vendre ne sort pas de leurs mains. A nouveau, des tarifs faramineux, 300 euros une écharpe et jusqu’à 5000 euros un kimono.










32 400 ¥, 250 € l'écharpe. Ça ne me paraît pas vraiment dernier cri, en outre.

Défilé de kimonos 

Voici justement la présentation, sur un podium, où sept jeunes filles très professionnelles mettent en valeur leur costume, exactement comme dans un défilé de mode.








Je poursuis toujours sur  Horikawa-dori, cerné de barres de béton avec au centre des gingkos touffus. Il me vient à l’idée que Kyoto me rappelle beaucoup Berlin. Même centre bétonné (on croirait que les architectes sont identiques), mêmes trottoirs avec piste cyclable rouge envahie de vélos qui se matérialisent par magie devant vous, et même présence de la forêt à un jet de pierre. C’est tout de même pas si fréquent, une ville de presque deux millions d’habitants où, à une heure à pied du plein centre, on se retrouve dans la forêt sauvage. A Berlin, c’est carrément la forêt qui est au centre de la ville...

Un de ces fameux konbini,  ces supérettes ouvertes 24/24.


Le Café du Mon... Il n'y avait pas de budget pour ajouter D et E ?

Daitoku-ji

J’atteins le quartier de Kamigyo-ku, où est situé mon dernier temple prévu, le Daitoku-ji. Temple n’est d’ailleurs pas le mot. Dans une vaste enceinte ont été construits vingt-quatre temples, un central et des temples vassaux, périphériques, nommés aussi sub-temples.
Je me promène un bon moment dans ce vrai havre de paix, à deux pas d’un boulevard hyper-fréquenté. Très peu de touristes, des Japonais qui promènent leur chien, d’autres qui se recueillent. Ici,  on trouve facilement des îlots de paix coupés du monde.
















Quatre temples vendent des billets pour la visite. J’en évite un, le Koto-in, dont l’entrée coûte 2000 yens. Faut quand même pas exagérer, surtout que je ne suis pas en manque de temple actuellement. Le Daisen-in me plaît beaucoup, pavillons reposants et jardins inspirants, mais il est rempli de panneaux « no photo » et on veille à ce que l’interdiction soit respectée. Donc rien n'apparaîtra ici,  et c'est dommage car j'ai été sensible à son charme.

Zuiho-in





Le Zuiho-in a été fondé par un chef de clan, Otomo Sorin, comme temple familial, en 1546. C’est la période où les missionnaires européens affluent, et avec succès, et Otomo devient Francisco. Cette conversion est manifestée dans le superbe jardin zen où les rochers évoquent la forme d’une croix. C’est la première fois que j’entends pareille histoire…

J’ai beaucoup apprécié le Zuiho-in, avec ses pavillons relaxants et salons de thé intimes (ne pas s’attendre à la pâtisserie du coin ; c’est seulement une petite salle où une théière est suspendue au-dessus du feu). J’y apprends que la construction sur pilotis n’est pas destinée aux inondations mais à la circulation de l’air, par rapport à la température comme au taux d’humidité.


C'est une star de l'horticulture, Shigemori Mirei, qui a réalisé ce jardin, le Kanmin-tei, dans les années 1960. Il s'agit donc d'une création récente, mais ce maître fut à l'origine du renouveau du jardin sec au Japon. Historien, archiviste de ce type de jardin, on lui doit notamment celui du Tofuku-ji.
Ce jardin-ci m’a vraiment interpellé.  Mousses, végétaux, rochers, graviers, j’ai déjà vu ça, mais ici le ratissage en volume apporte une force  toute différente. Je n’ai pas eu le sentiment d’un endroit de recueillement mais plutôt d’un lieu énergétique. En restant assis devant,  j'ai ressenti une influence positive qui m'a complètement requinqué.  Mysticisme zen,  ions négatifs ?  Je ne saurais dire. Surprenante expérience.




Le moine m'explique que je dois m'imaginer un paysage avec le reflux des vagues. Quand je visualiserai la mer et que j'entendrai le bruit du ressac, la méditation aura fonctionné. C'est un support pour faire travailler l'esprit, en quelque sorte.
Bon, ce n'est pas trop difficile. Les litanies dans d'autres religions me paraissent infiniment plus exigeantes.





Je finis par y être, à cette histoire de bruit des vagues. A force de me concentrer... 
Seulement, je sais parfaitement que je travaille à m'imaginer entendre un son et qu'il n'est pas réel. Donc je ne suis pas vraiment certain d'avoir atteint le but recherché...


Le dernier que je visite à toute vitesse avant la fermeture est caché dans une bambouseraie. Le chemin anguleux constitue déjà un pèlerinage avant d’accéder au temple. Les bambous de haute stature ombragent et même assombrissent le lieu, lui conférant beaucoup de charme.










Retour vers la gare

Je sors du temple et continue ma promenade. Quelques scènes de rue. Une mamie arrose son jardin à l’extrémité du trottoir. Ici pas de problème pour étaler ses plantes dans la rue, c’est même plutôt bien vu. Et évidemment il ne viendrait à personne l’idée de barboter un pot !


Un traiteur propose sa carte, en français, presque sans faute.


Les pompiers astiquent leurs camions.


Ce soir devrait avoir lieu un « festival », une grande cérémonie très attendue. Chaque année, sur plusieurs montagnes encerclant Kyoto, se postent des porteurs de torches qui forment des kanjis, ces idéogrammes japonais. Les photos glanées sur internet m’ont alléché d’avance. Hélas, c’est sans compter sur un redoutable orage tropical. Je me réfugie dans un centre commercial, observe méticuleusement un 100 yen-shop (affaires incroyables en effet). Je scrute les annonces immobilières, où le système du nombre de pièces diffère du nôtre et où les surfaces sont indiquées en tatamis.


A la sortie, la pluie n’a pas cessé. J’avise un restaurant à tickets où je dîne : fresh salad, cereals pudding, japanese-style beef. 480 yens !


Pluie de plus en plus forte. Je me fais littéralement doucher pendant un quart d’heure et rends les armes ; je m’engouffre dans la première bouche de métro venu et en sors à la gare centrale. J’emprunte les galeries marchandes souterraines qui ont l’avantage de parcourir tout le quartier et en sors à Yodobachi, le magasin sur huit étages. J’y vérifie qu’ici le matériel informatique n’est vraiment pas donné !



La dernière photo, c'est seulement le rayon clés USB !
Et, je termine en mangeant une exquise crêpe mangue-chantilly. Le retour à l’hôtel n’est pas triste, j’ai de l’eau jusqu’à la cheville. Première opération, avant le blog : séchage généralisé !




Les parapluies transparents remplissent les rues à la moindre goutte.

6 commentaires:

  1. Quelle journée variée ! Paix et sérénité avec ces derniers superbes temples. Tes photos sont magnifiques.
    Bises Françoise

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  2. Merci beaucoup, c'est très gentil. Il ne s'agit que de photos avec le téléphone, c'est trop compliqué sinon. Mais les sites sont si extraordinaires qu'on aurait du mal à rater certaines photos !
    Bises aussi.

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  3. Vraiment une passionnante journée. Magnifiques photos !
    Bises
    Michèle

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    1. Merci beaucoup pour ce commentaire élogieux !
      Bises derechef.

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  4. Superbes tempkes et jardins. Ce post estplein de photos magnifiques et le texte est très agréable à lire !
    José

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    1. Merci beaucoup, José, pour ce commentaire enthousiaste !

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