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lundi 1 août 2016

Juillet 2016 à Avignon : un mois de festivalier (2)


Jean-François Guilliet, Geneviève Casile

Festival Off d’Avignon

Cette année est particulièrement prolixe pour le Off avec plus de 1400 spectacles. On retrouve cependant les images habituelles, la foule qui court dans les rues d’Avignon d’un spectacle à l’autre, les spectateurs qui font la queue en scrutant le gros catalogue pour chercher la perle rare, les troupes qui « tractent » (distribuent des tracts).

Dans les queues à l’entrée, on s’échange les bonnes idées, on parle de ce qu’il faut voir, de ce qu’on a vu et qu’on ne recommande pas… C’est très stimulant de constater que les amateurs de théâtre sont encore nombreux ! Cependant, on ne peut ignorer que beaucoup sont consacrés à de la grosse farce ou à des stand-up de qualité très hétérogène et que certaines pièces se jouent devant dix personnes. Et que, sans doute, beaucoup de comédiens ne sont pas rémunérés et même économisent pour pouvoir payer les frais de location élevés dans les salles, même si certaines ne sont que des garages ou des placards à balais aménagés.
Cette année, j’y vois quatre spectacles, tous très différents.

Le bateau pour Lipaia

Il y a une trentaine d’années, j’ai assisté à une représentation de cette jolie pièce sur l’amitié de seniors dans un sanatorium, une dame russe fantasque qui noue des liens avec son médecin. Edwige Feuillère et Guy Tréjan m’ont laissé un excellent souvenir. Cette fois, c’est la grande Geneviève Casile qui s’y colle, passant avec grâce de la fantaisie à la profondeur des sentiments. Jean-François Guilliet incarne le médecin en bougonnant comme il se doit, avec beaucoup d’élégance et de dignité.  Jean-Pierre Hané dirige avec sensibilité cette pièce dans des décors assez minimalistes mais astucieux ; un accessoire suffit à transporter l’action.
Un délicieux moment de théâtre.

Geneviève Casile

Roméo moins Juliette


Ce seul en scène est basé sur un argument original : le camion transportant les décors de Roméo et Juliette est détruit, le bus de la troupe a eu un accident, il ne reste que le metteur en scène. Qu’à cela ne tienne, il va faire de son mieux pour assurer le spectacle tout seul. C’est un vrai hommage au théâtre, à l’imagination et à l’inventivité. L’excellent comédien, Florent Chesné, se sert d’accessoires inusités pour évoquer ce qui manque : un escabeau devient le balcon de Juliette, un balai se transforme en personnage.
C’est évidemment très drôle et il s’agit avant tout d’une comédie, souvent hilarante, mais qui va plus loin et met le public dans le jeu pour participer à la création.

Florent Chesné

Adieu Monsieur Haffmann




Charlotte Matzneff, Gregory Baquet, Julie Cavanna, Alexandre Bonstein, Franck Desmedt
Théâtre Actuel, tourneur réputé depuis des années, a ouvert une salle pour présenter quelques spectacles destinés à voyager à l’avenir (en 2017 semble-t-il). Jean-Philippe Daguerre, que je connaissais seulement comme metteur en scène, a écrit une pièce originale : pendant la seconde guerre mondiale, un bijoutier juif demande à son employé de le cacher dans la cave pendant que celui-ci dirigera la boutique. Le second profite de cette opportunité pour obtenir qu’il couche avec sa femme, ne pouvant avoir d’enfant avec elle. Ce point de départ astucieux est déjà un beau sujet de théâtre, avec toutes les conséquences délicates qui peuvent en découler. Mais cela est corsé par une scène qui sera le point culminant de la pièce : l’employé devenu patron invite son principal client, un dignitaire nazi chargé de la récupération des œuvres d’art. Le bijoutier accepte, à condition de participer au dîner. Et la fin offre un beau coup de théâtre.
Cette excellente pièce est servie par de remarquables comédiens, très investis dans leur interprétation : Gregory Baquet, qui joue avec beaucoup de finesse, Julie Cavanna, la femme toute en délicatesse et en sobriété, Alexandre Bonstein, un sensible bijoutier juif, Franck Desmedt, efficace officier allemand, Charlotte Matzneff, qui tire le maximum d’un rôle court avec un vrai talent comique.
A ne pas manquer.

Gregory Baquet

Alexandre Bonstein et Julie Cavanna

Franck Desmedt

Barber Shop Quartet opus 3


Le Barber Shop Quartet
Essaion est une salle située rue de la Carreterie qui propose cette année neuf spectacles ; on m’a vanté celui de 14.20, La Reine de Beauté de Leenane, avec à nouveau Gregory Baquet et Catherine Salviat. C’est à celui de 19.10 que j’assiste, un spectacle musical. Le Barber Shop Quartet se compose de deux hommes et de deux femmes dans des habits rétro, qui devant leur micro chantent, imitent des instruments, se livrent à des bruitages confondants. Les arrangements sont soignés, le quatuor chante juste, avec un souci visible de marier les voix. On rit autant à cause des textes que grâce à l’interprétation très précisément dosée.
Cela devrait se jouer à Paris jusqu’en décembre, il faut en profiter. On peut aussi jeter un œil au site web du quatuor : http://www.barber-shop-quartet.net/

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